Thierry Denoël

Il ne reste plus que les Diables Rouges pour espérer

Thierry Denoël Journaliste au Vif

Tout fout le camp ! La métallurgie, l’industrie automobile, le verre wallon et même les agences bancaires… Les licenciements continuent de tomber comme une averse de grêle, brutale et glaciale. Et cela va durer encore sept ans au moins. Il ne nous reste que les Diables Rouges pour espérer.

Il fallait une bonne heure ce matin pour franchir le rond-point de la Basse Sambre sur la N98. Une trentaine de travailleurs de Saint-Gobain Sekurit en bloquaient l’accès pour faire part de leur désarroi aux automobilistes pressés de rejoindre leur lieu de travail. Hier, la direction de leur entreprise a annoncé son intention de fermer boutique. Plus de 260 emplois sont en jeu. Confrontation à la fois houleuse et bon enfant entre ces presque chômeurs et les conducteurs énervés à l’idée qu’ils allaient arriver en retard au boulot. Un boulot qu’ils savent menacé en ces temps d’incertitude, comme le leur rappelait le regard abattu des ouvriers de Saint-Gobain.

On en est là aujourd’hui. Subir le marasme, la peur au ventre, avec un sourire compatissant pour ceux qui viennent de tomber. Et cela va durer encore sept ans au moins, nous dit Ivan Van De Cloot, le chef économiste de l’institut Itinera, car nous devons purger les excès de trois décennies. Merci pour les bonnes nouvelles ! Au moment où l’hiver joue cruellement les prolongations, il n’en fallait pas plus pour nous plomber définitivement le moral.

Heureusement, il reste le foot et nos divins Diables qui rejoueront ce soir (avec Kompany) contre les Macédoniens qu’ils ont déjà battus en match-aller des qualifications pour le Mondial 2014. Ces Diables qui ont propulsé la Belgique en tête de son groupe éliminatoire. Une Belgique invaincue pour le moment. Quelle revanche ! Haut les coeurs ! Tout n’est pas perdu ! Il y a encore une raison d’espérer : onze types sur un rectangle vert qui mettent le pays sur orbite. C’est dire si la pression est énorme sur les épaules de Marc Wilmots et de ses hommes.

Pendant ce temps, le gouvernement papillon planchera sur de nouvelles mesures budgétaires. Ses travaux sont quelque peu allégés depuis que le commissaire européen aux Affaires économiques a permis à Elio Di Rupo de réduire l’objectif de 2,15 % de déficit à 2,6 %. Cela fait 1,7 milliard d’euros de moins à grappiller dans les fonds de tiroirs. Cette fois, le gouvernement semble décidé à prendre quelques mesures à caractère structurel, c’est-à-dire qui produiront des effets récurrents année après année. Mais, vu les déclarations des uns et des autres, cela restera timide. Et il faudra franchir un nouveau col dans quelques mois.

C’est pourtant d’un big bang dont le pays a besoin pour s’en sortir durablement. Pour enfin rendre les salaires plus compétitifs et éviter de nouveaux barrages routiers par des ouvriers désespérés d’avoir perdu leur emploi parce qu’ils étaient trop chers. Pour remplacer la peur par l’espoir. Un big-bang suppose de lever bien des tabous fiscaux et sociaux. Mais le courage politique, au sein d’une majorité aussi dispersée et à la veille d’une année électorale nucléaire, ne sera pas au rendez-vous. Les Diables Rouges vont devoir encore aligner les victoires…

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