Herman De Croo © Belga

« Il n’y a pas de débat sur l’avenir de la Flandre »

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Ses premiers pas à la Chambre remontent à 1968. Il ne s’est résigné à la quitter l’an dernier que pour refaire sa vie au parlement flamand. A 77 ans, le dinosaure Herman De Croo (Open VLD) s’acclimate à son nouveau biotope, moins chahuté.

Le Vif/L’Express : Les débats avec les élus francophones vous manquent-ils ?

Herman De Croo : Un peu. Les débats à la Chambre sont linguistiquement pluralistes, plus colorés et davantage pugnaces qu’au parlement flamand.

Les parlementaires flamands seraient-ils des enfants un peu trop sages ?

Ils ont le nez sur la route et le regard peu tourné vers la ligne d’arrivée. Le parlement flamand est plus discipliné, l’opposition y est aussi plus faible. Ce parlement ne connaît d’ailleurs pas de profondes animosités parce qu’il n’y a pas de débat existentiel sur l’avenir à long terme de la Flandre. Tout le monde est d’accord sur une plate-forme commune. Que sera, par exemple, la Flandre dans vingt ans, quel sera son avenir économique, logistique ? Ce genre de grands débats manque, hélas, cruellement.

Le parlement flamand traîne la réputation de n’être bien souvent qu’un mégaconseil communal…

Cette réputation n’est plus justifiée. Mais c’est un parlement qui a moins de vue sur le monde international. Les parlementaires régionaux travaillent sur du concret, du matin au soir : l’éducation, la recherche, l’aménagement du territoire, la mobilité, le tourisme, l’environnement. Bref, tout ce qui touche à ce que les gens trouvent quotidiennement dans leur assiette ou dans leur rue. Il ne faut pas non plus oublier que les parlements régionaux et communautaires ont hérité de compétences par vagues.

Avec quel effet ?

Que les bons fonctionnaires sont arrivés au niveau régional dix ans plus tôt que les bons ministres. L’administration régionale flamande s’est rapidement et fortement structurée autour des jeunes fonctionnaires nationaux d’alors qui ont déménagé au régional pour faire carrière. Elle a eu le temps de faire son trou face à des gouvernements régionaux, longtemps catalogués comme étant de seconde division. Il en résulte un rapport de forces fondamentalement différent de ce qui existe au niveau fédéral. L’impact de l’administration flamande sur le politique est colossal : les ministres régionaux ne font presque rien sans son accord. Un ministre régional valable n’a, à mon estime, pas plus de la moitié de l’influence qu’exerce un ministre fédéral sur sa propre administration.

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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