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Huy sollicite l’armée pour sécuriser Tihange, Liège demande 25 militaires

La Ville de Liège espère recevoir l’appui d’une vingtaine de militaires pour renforcer la sécurité autour des bâtiments judiciaires, dès cette semaine. L’armée est également sollicitée par Huy pour sécuriser son palais de justice, ainsi que la centrale nucléaire de Tihange. Verviers attend également l’arrivée de soldats.

Le bourgmestre de Liège, Willy Demeyer, avait annoncé lundi son intention de demander au gouvernement fédéral un renfort militaire pour assurer la sécurité, à la suite du relèvement du niveau d’alerte au niveau 3. Une réunion entre les autorités liégeoises, les magistrats et les agents de liaison a eu lieu mardi. La demande officielle a été envoyée dans la foulée et la réponse devrait rapidement tomber, selon le bourgmestre.

« Je ne vois pas pourquoi on nous le refuserait », a-t-il déclaré. « Il s’agit d’un renfort pour nous permettre de vivre normalement, sans devoir supprimer certains événements programmés ni fermer de commissariats. Il n’y a pas de raison particulière de s’alarmer, il s’agit plutôt de rassurer », a ajouté M. Demeyer.

Liège estime avoir besoin de 25 à 26 soldats pour protéger quatre bâtiments judiciaires: le palais des Princes Évêques, les deux nouveaux palais de justice de la place Saint-Lambert et le tribunal de police. Le personnel des greffes serait particulièrement inquiet. Les militaires mobilisés proviendront du 12/13ème bataillon de Ligne, caserné à Spa.

Selon le chef de corps de la police de Liège, Christian Beaupère, plusieurs dizaines de bâtiments liégeois sont placés sous surveillance, dont les 14 commissariats, l’hôtel de ville, la gare, la communauté israélite et les organes de presse.

Cette protection militaire, si elle est accordée, durera « aussi longtemps que nécessaire », selon M. Demeyer. Le bourgmestre va demander au fédéral que des portiques de détection similaires à ceux présents dans les aéroports soient installés à l’entrée des palais de justice et que des agents spécialement formés à la fouille soient affectés, comme c’est déjà le cas à Bruxelles.

Aucun militaire n’avait plus été déployé à Liège depuis la grève générale de l’hiver 1960-1961.

La police estime qu’à Liège, 19 personnes pourraient être concernées par le djihadisme, dont quatre seraient parties et revenues de Syrie.

L’armée sécurisera le palais de justice à Verviers

Le bourgmestre de Verviers, Marc Elsen, a lui annoncé dans un communiqué que l’armée sécurisera le palais de justice de sa ville. « Suite à un contact ce mardi avec le procureur du Roi sollicitant officiellement la sécurisation du palais de justice de Verviers par un renfort militaire, le bourgmestre de Verviers, Marc Elsen, a décidé d’autoriser l’armée à effectuer une mission de sécurisation du Palais. Ceci afin de permettre au pouvoir judiciaire de travailler dans la sérénité et aux forces de l’ordre de se concentrer sur leurs missions prioritaires : la sécurité et la protection de l’ensemble de la population », indique le communiqué.

Le nombre de militaires présents reste à déterminer en coordination entre la zone de police Vesdre et l’armée. Mais ils seront opérationnels dès ce mercredi soir, a ajouté le bourgmestre. Il a assuré « qu’aucun élément ne témoigne à l’heure actuelle d’une aggravation de la menace sur Verviers ».

M. Elsen (cdH) a également défini trois conditions à l’engagement de militaires pour renforcer la sécurité: une évaluation et un suivi réguliers de la mission de renfort, la concentration de la mission sur le palais de justice et dans un rôle de sécurisation des accès et enfin le caractère exceptionnel, spécifique et provisoire de la mission.

Tihange et le palais de justice à Huy

Le collège communal de Huy a décidé lundi soir de solliciter le ministre de l’Intérieur pour lui demander de sécuriser le périmètre de la centrale nucléaire de Tihange ainsi que le palais de justice avec l’armée, a indiqué mardi le bourgmestre Alexis Housiaux (PS).

« Pour répondre aux sollicitations du procureur du Roi de Liège, on a demandé à nos policiers de sécuriser le palais de justice de Huy, mais la police a d’autres missions à accomplir », explique Alexis Housiaux.

La centrale nucléaire de Tihange nécessite elle aussi une protection rapprochée. « On a donc décidé de demander l’appui de l’armée. Les militaires connaissent leur travail, qui consiste à défendre un territoire, comme celui de la centrale nucléaire par exemple. »

Lundi soir, le collège communal a également donné son accord de principe pour que la société de gardiennage qui gère la sécurité de la centrale nucléaire puisse effectuer des missions à l’extérieur du site. « Certains contrôles pourront être réalisés directement par la société de gardiennage, comme les demandes d’identité de personnes qui se trouveraient aux abords du site », précise le bourgmestre Alexis Housiaux. « La société de gardiennage disposera donc d’un certain pouvoir en dehors du périmètre. » Le ministre de l’Intérieur devra cependant déterminer la zone exacte du champ d’action de la société de gardiennage.

Une troisième unité militaire pourrait entrer en action

Une troisième unité de la composante terre de l’armée, le 12e/13e bataillon de Ligne de Spa, pourrait être engagée prochainement dans la protection de sites « sensibles » à la suite du renforcement des mesures de sécurité dans le cadre de lutte contre le terrorisme en Belgique, a-t-on appris mardi soir de source militaire.

Des éléments de cette unité d’infanterie pourraient se déployer dans des villes et sur des sites en Wallonie, comme Liège, Verviers et Charleroi, et renforcer les soldats des deux unités engagées dans cette opération de sécurisation sans précédent depuis les années 80, a précisé l’armée à l’agence Belga.

Les militaires actuellement déployés, principalement à Bruxelles et à Anvers, proviennent du bataillon de Chasseurs ardennais de Marche-en-Famenne et du 3e bataillon parachutiste de Tielen (province d’Anvers).

Le gouvernement a décidé la semaine dernière de faire appel à l’armée pour protéger des sites sensibles à Bruxelles et à Anvers, et les 150 premiers soldats ont été déployés dès samedi matin dans le cadre d’un plan « Vigipirate à la belge ».

Mardi, ils étaient quelque 240, selon une source militaire informée.

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