Hendrik Vuye et Veerle Wouters © BELGA

Hendrik Vuye et Veerle Wouters n’excluent pas la formation d’un front flamand

Kamiel Vermeylen Journaliste Knack.be

L’année dernière, les députés indépendants Hendrik Vuye et Veerle Wouters ont rompu avec la N-VA. Ils réagissent aux propos de Bart De Wever qui annonce que le confédéralisme ne sera pas un pilier de sa campagne électorale.

Que pensez-vous du fait que la N-VA semble à nouveau mettre le thème communautaire au placard ?

WOUTERS & VUYE: À présent, il est clair que N-VA signifie « Nul Vlaamse Ambitie » (Zéro Ambition flamande) et que le président Bart De Wever a enterré l’article 1 des statuts du parti.

Cela prouve que notre sortie du parti était justifiée. Nous savions déjà que la N-VA ne trouvait plus le communautaire important. En plus elle montre aussi que le nouveau groupe d’études Objectief V (un groupe d’étude au sein de la N-VA qui s’occupe de thèmes communautaires, NLDR) ne représente rien en pratique. C’est une mascarade qui s’est limitée à quelques rares opinions et des journées d’étude mal préparées.

Ce week-end, j’ai vu une série de réactions de membres hauts placés de la N-VA à propos du référendum d’indépendance en Catalogne, c’est de l’hypocrisie pure. Ne souhaitez pas à un autre ce que vous ne trouvez pas important.

Est-ce faux quand Bart De Wever déclare que pour l’instant une majorité des deux tiers n’est pas réaliste? Les partis du gouvernement ne veulent pas de querelles communautaires.

Comme nous l’avons expliqué dans notre Grendelboek (livre de verrous), cette majorité des deux tiers qu’il évoque est un mensonge flagrant. Mais si on ne parle pas du thème communautaire et qu’on ne mène pas de campagne, il est évident qu’elle ne mène à rien. Il faut relayer une nouvelle réforme de l’état et chercher des alliés auprès des syndicats, des artistes et des journalistes.

La N-VA ne s’occupe tout simplement plus du thème communautaire. Tout ce qu’elle fait pour le thème, c’est pour la façade.

Récemment, le parti a déposé une résolution au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale au sujet de la fusion de six zones de police. Cependant, cela ne révèle même pas de la compétence du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale. Ce sont la Chambre fédérale et le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) qui sont compétents. C’est un échantillon de comédie absurde.

Par contre, les socialistes wallons du PS sont minutieusement préparés au thème communautaire. Dès qu’on négocie sur ce sujet, ils arrivent avec des piles de textes juridiques et techniques. Ce n’est pas ainsi que la N-VA va lutter contre eux. On voit que cela ne les intéresse pas du tout.

Il est étonnant que De Wever l’annonce déjà – longtemps avant les élections.

Nous savions déjà que la N-VA ne se préoccupait guère du thème communautaire, mais le timing nous surprend. Nous avions pensé que le parti continuerait à jouer la comédie jusqu’aux élections de 2019.

Pourquoi pensez-vous que c’est déjà annoncé aujourd’hui?

Parce que nous leur rendons la vie très difficile à la Chambre. En mettant le thème de côté, ils veulent le faire disparaître de l’agenda. Ils savent aussi qu’ils sont trop mal préparés pour sortir une proposition élaborée. S’ils le font, on les met sur le grill. En mettant le thème au placard, ils espèrent nous réduire au silence.

Le parti se montre clair pour tout le monde…

Honnêtement, nous sommes contents que cette hypocrisie soit finie.

La N-VA continue toutefois à obtenir de bons résultats dans les sondages. Peut-être qu’il y a que peu de gens qui trouvent le programme communautaire vraiment important ?

La N-VA détermine évidemment sa propre stratégie, mais nous sommes convaincus du fait que le thème est très important pour beaucoup de gens.

Aujourd’hui, la base initiale de la N-VA est certainement déçue. Ils ne seront pas prêts à attendre cinq ans de plus.

Nous croyons à notre programme, contrairement à la N-VA. Nous sommes et restons persuadés du fait que le communautaire est important pour les réformes socio-économiques, par exemple.

S’il faut économiser, il faudra surtout miser sur les institutions de l’état. Sinon, on fait des économies dans des domaines où on fait du mal aux gens. Il peut sembler abstrait de faire des économies en matière de sécurité sociale, mais il s’agit de pensions et d’indemnités de chômage.

Que signifie cette annonce pour vous?

Évidemment, l’annonce de la N-VA change la donne. À présent, nous allons très probablement agir. Nous allons voir si nous pouvons unir nos forces avec d’autres.

Nous sommes un petit parti qui devra affronter beaucoup de choses d’ici les prochaines élections. Ce n’est pas une mince affaire que de remplir une liste flamande et fédérale et de dépasser le seuil électoral. Le financement du parti est le moindre de nos soucis.

Reste à savoir évidemment en quelle mesure les déclarations de De Wever changeront la donne auprès de l’électeur.

Unir vos forces, dites-vous. Que voulez-vous dire par là ?

Le président du Vlaams Belang Tom Van Grieken a appelé à former un front V. Nous n’avons pas réagi dans l’espoir que plusieurs partis flamands tirent la carte flamande. À présent, il s’avère que ce n’est pas le cas. Nous allons revoir l’option de Van Grieken. Pour garder le thème communautaire à l’agenda, nous allons devoir travailler de concert avec d’autres partis et associations.

Soyons clairs, nous ne sommes pas adeptes du Vlaams Belang. Sinon, nous les aurions rejoints. Il y a d’énormes différences de fond entre leurs partis et le nôtre. Mais nous ne pouvons pas ignorer leur appel, sur le plan communautaire, il y a beaucoup de ressemblances. À la Chambre, nous sommes souvent d’accord sur le plan communautaire. Pour nous, il n’y a pas de cordon sanitaire.

Mais je le répète, nous ne regardons pas uniquement le Vlaams Belang. Nous allons également étudier les intentions de Lijst Dedecker. Nous devons travailler avec un maximum de gens, au-delà des limites des partis. On verra comment on va concrétiser ce projet.

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