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Grève des prisons : la dignité humaine en danger

« Nous assistons en ce moment, dans nos prisons bruxelloises et wallonnes, à des actes de violation des droits de l’homme », s’indigne vendredi dans un communiqué l’IRLG, l’organe de concertation des aumôniers, imams et conseiller laïques dans les prisons. « Les scarifications et les tentatives de suicide se multiplient », alerte aussi l’ASBL « I Care », qui relaye le témoignage d’une infirmière.

« C’est la première fois que je reçois autant d’agressivité de la part des détenus qui sont à bout… tout comme nous, les soignants », a écrit cette infirmière qui travaille en prison à l’ASBL « I Care ».

L’association, qui a comme objectif de créer des ponts entre les professionnels de la santé exerçant en prison et le réseau d’aide et de soin extérieur, a décidé de publier son témoignage dans l’espoir de faire évoluer une situation qu’elle juge « dantesque ».

« Soins au guichet bâclés, pas de douche, peu d’appels, pas de visites, pas de cantine. Les détenus pètent les plombs… et je pense qu’à leur place je ferais encore pire. Ils s’ennuient, foutent le feu, hurlent, tapent, se scarifient, nous disent d’aller nous faire foutre, se retrouvent au cachot », relate l’infirmière. « Les scarifications et les tentatives de suicide se multiplient (…) On a des petits jeunes qui viennent d’entrer en prison. Quelle image vont-ils avoir de tout cela? Quel avenir peuvent-ils espérer après avoir vécu un enfermement forcé dans 9m2 depuis autant de jours? « 

« Je suis confrontée à une violence inhabituelle en ce moment, qui je l’espère va s’arrêter dans les prochains jours. J’aime toujours autant mon travail, et je reste humaine et choquée par ce que je vois, parce qu’il le faut », conclut la soignante.

Les droits élémentaires des détenus ont été bafoués

« Au cours des actions de ces dernières semaines, les droits élémentaires des détenus ont été bafoués », s’alarme de son côté l’IRLG: « il s’agit entre autres de l’accès à la nourriture et aux médicaments, du droit aux douches et au préau ainsi que du droit de téléphoner et de recevoir des visites ».

Les actions du personnel résultent notamment de ‘l’inquiétude suscitée par les conséquences d’une politique de désinvestissement menée depuis des décennies dans les centres pénitentiaires », selon l’organe de concertation.

Tant les aumôniers, imams et conseillers laïques dans les prisons que l’association « I Care » demandent instamment aux autorités d’assurer des conditions de détention dignes.

L’amélioration du régime pénitentiaire implique notamment de « garantir l’exercice de l’assistance morale et religieuse dans les prisons », souligne l’IRLG.

L’association « I Care » milite, elle, pour l’indépendance des soins de santé des détenus par rapport à la justice. Les personnes incarcérées doivent devenir « des patients comme les autres, dont on se soucie au-delà de leur période d’incarcération ».

Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) mène actuellement une étude sur l’organisation des soins de santé dans les prisons belges. Il s’intéresse notamment au coût d’un éventuel transfert des soins de santé des détenus du SPF Justice vers les SPF Santé publique et Sécurité sociale.

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