© Image Globe

Grève de la faim : « ça ne se passe pas comme ça dans notre pays ! », dit De Block

Septante-six jours après le début de la grève de la faim entamée par 23 sans-papiers logés à la VUB, la secrétaire d’État en charge de l’Asile et de l’immigration, Maggie De Block, n’a pas l’intention de céder.

Les grévistes de la faim, originaires du Maghreb et d’Afrique de l’Ouest, ont entamé leur action le 14 janvier dernier. Ces personnes, qui ont déclaré qu’elles iraient jusqu’au bout de leur action, demandent un titre de séjour d’au moins un an ainsi qu’un permis de travail « C », leur octroyant le droit de travailler durant pour plusieurs employeurs.

« Ils exigent davantage de droits que les autres. Dans une démocratie, chacun a des droits égaux. Entamer une grève de la faim est un moyen de pression auquel nous ne céderons pas », a dit aujourd’hui Maggie De Block dans les pages du Laatste Nieuws, alors qu’ils entament leur 76e jour sans manger.

Selon sa porte-parole, la secrétaire d’État juge le cours des événements « hallucinant ». Selon elle, la plupart des activistes n’ont jamais déposé une demande de régularisation auprès de l’administration. Ils n’auraient demandé celle-ci qu’une semaine après le début de leur action, selon elle.

« Ce n’est pas comme cela que ça se passe. Normalement, on introduit d’abord une demande et puis l’on attend patiemment une réponse. On ne part pas tout de suite en grève de la faim », selon Maggie De Block. « Débuter une grève de la faim et après suivre le cours normal : ce n’est pas comme cela que ça se passe dans notre pays ! »

« S’il y avait eu un autre moyen, ils l’auraient fait »

« Nous sommes de plus en plus faibles et malades, mais notre grève de la faim est sans limites. L’état de Jamal (20 ans) qui s’est cousu les lèvres depuis deux semaines se détériore de jour en jour. Il a perdu 21 kilos et peut mourir à tout instant », a déclaré Mohammed, porte-parole des grévistes lors d’une conférence de presse mercredi.

Jamal est Marocain et vit en Belgique depuis 2008. Avant de se coudre les lèvres, il a rédigé une lettre pour expliquer son geste. Dans cette lettre, Jamal a réclamé le droit de vivre comme tout le monde et dans la dignité. D’autres grévistes de la faim se sont dits prêts à mourir ou se mutiler par désespoir et solidarité avec Jamal. Selon eux, la mort est préférable à une vie sans dignité, sans droits et sans objectifs.

Dans un nouveau message, lu mercredi par le porte-parole des grévistes et destiné avant tout à Maggie De Block, Jamal affirme qu’après 75 jours de grève, ce n’est plus du chantage, mais bien une protestation. Il termine en disant que s’il y avait eu un autre moyen, ils l’auraient fait.

Le recteur de la Vrije Universiteit Brussel (VUB), Paul De Knop, a demandé à un médecin de lui donner un avis indépendant sur l’état de santé des 23 sans-papiers. « Depuis la semaine dernière, le professeur Dirk Devroey contrôle l’état de santé des grévistes. En cas de danger de mort, ils seront envoyés à l’hôpital », a indiqué jeudi le recteur.

Dirk Devroey est responsable du département de médecine générale à l’université. Il avait déjà accompagné un groupe de grévistes de la faim en 2009. « En tant que responsable de l’université, je dois m’assurer que des mesures peuvent être prises rapidement en cas de problèmes », a ajouté Paul De Knop.

La santé des grévistes est également contrôlée par des médecins envoyés par l’Office des étrangers, ainsi que par Rita Vanobberghen qui accompagne les sans-papiers depuis le début de leur action.

« Pas de danger de mort actuellement »

Selon Freddy Roosemont, le directeur général de l’Office des Étrangers, les 23 sans-papiers ne sont pas en danger de mort pour le moment, se basant sur le rapport des deux médecins envoyés par l’Office auprès mercredi matin. « La tension et la fréquence cardiaque des personnes concernées ont été vérifiées lors de l’examen », a indiqué Freddy Roosemont. « Les grévistes ont perdu entre 15 et 20% de leur poids depuis le début de leur action. Ils ne sont pas déshydratés, car ils boivent du thé, de l’eau et de l’eau sucrée. D’après les médecins, les grévistes, y compris Jamal, ne sont pas en danger de mort pour l’instant. »

La médecin des grévistes, Rita Vanobberghen, avait pourtant indiqué pendant la journée qu’elle craignait pour la vie de Jamal Jaoudi.

Il y a une dizaine de jours, la Ligue des Droits de l’Homme s’est également alarmée de cette situation préoccupante. L’organisation a expliqué ne pas soutenir le recours à la grève de la faim ou à l’automutilation. Par contre, elle soutient le « combat légitime de toute personne pour une politique migratoire juste, viable et humaine, respectueuse des droits fondamentaux de tous ».

Le 21 mars, une soixantaine de personnes, sans-papiers et sympathisants, ont déposé au cabinet Maggie De Block une pétition de 1.225 signatures réclamant la régularisation de ces 23 personnes.

Le Vif.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire