Thierry Denoël

Grève à la SNCB : pourquoi il n’y aura pas de service minimum

Thierry Denoël Journaliste au Vif

Et vlan ! Une nouvelle pagaille sur le rail à cause d’une grève sauvage dans plusieurs dépôts wallons. Une vingtaine de trains ont dû être supprimés. C’est le syndicat autonome des conducteurs de trains (SACT) qui, cette fois, est monté aux barricades, sans même que l’on connaisse ses motivations.

Sur un air connu, les associations de voyageurs ont dénoncé la prise en otage des navetteurs. Non sans raison. De nombreux écoliers ne sont pas arrivés en classe ce matin. Quelques politiques scandalisés ont entonné le refrain du service minimum. Parmi eux : Charles Michel, le président du MR, mais aussi – et c’est plus inattendu – Benoît Lutgen, son homologue du CDH, dont la griffe se veut plus conservatrice que celle de l’ancienne présidente des humanistes francophones.

Alors ? Un service minimum à la SNCB ? Que nenni. Même si le CDH fait désormais partie du choeur, ce ne sont là que des effets de manche. Lutgen a d’ailleurs d’emblée précisé qu’un service minimum aux heures de pointe ne pouvait se négocier sans les syndicats. Tout est dit. Les syndicats ne veulent pas en entendre parler, en particulier la CGSP pour qui ce serait une atteinte au droit de grève. Dans le précédent gouvernement, Yves Leterme (CD&V) était déjà hostile au service minimum. Avec un Premier ministre socialiste, difficile d’imaginer que le vent puisse tourner, même si les libéraux mettent la pression. Quant au ministre des Entreprises publiques, Paul Magnette (PS), il s’est jusqu’ici contenté de sanctionner certaines grèves sauvages.

Cela dit, la collision entre deux trains marchandises, vendredi à Godinne, a échauffé les cheminots. Un accident de plus… Et qui aurait pu tourner à la catastrophe puisqu’un des convois transportait des produits chimiques. Les causes ne sont pas encore connues. Mais on sait déjà que ce pourrait être un feu défaillant qui avait déjà eu des ratés la semaine précédente. La responsabilité de la SNCB serait alors engagée. L’enquête risque de prendre du temps. Les conducteurs de train, eux, sont inquiets, car ce sont des millions de tonnes de produits chimiques qui circulent sur le réseau belge chaque année. Et le feu vert accordé par la Commission européenne pour que des conducteurs privés utilisent notre rail n’est pas pour les rassurer. Bref, un service minimum ne sera défendable que lorsque les chemins de fer pourront assurer une sécurité minimum.

Thierry Denoël

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