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« Gouverner sans le PS est difficilement réalisable pour la N-VA »

Selon Carl Devos, politologue à l’Université de Gand, l’exigence de la N-VA de gouverner sans le PS est difficilement réalisable. Entretien avec nos confrères de Knack.

Cinq mois avant les élections, le président de la N-VA laisse entendre clairement sa préférence pour un gouvernement de centre droit, ce qui revient à une coalition avec le CD&V et l’Open VLD sans le PS et le sp.a. Ce scénario est-il réaliste aujourd’hui ?

Carl Devos: « Bien évidemment, cette préférence n’est pas étonnante. On sait depuis longtemps que la N-VA aspire à un gouvernement sans socialistes, et sans la gauche en général. Les partis de gauche compliqueront ou empêcheront en effet la réalisation de réformes structurelles ou socioéconomiques planifiées par la N-VA. Ce choix – sans la gauche – implique aussi qu’il n’y aura sans doute pas de gouvernement avec une majorité des deux tiers et que le confédéralisme ne sera donc pas pour tout de suite : depuis l’opposition, le PS ne sera pas enthousiaste à l’idée de soutenir un gouvernement de centre droit pour une réforme confédérale.

Du côté flamand, une « coalition anversoise »(N-VA, CD&V et Open VLD) est possible. C’est même l’une des plus probables à côté de l’alternative : une tripartite classique. Au gouvernement flamand, même un gouvernement sans les anciens partenaires de cartel pourrait suffire, donc sans l’Open VLD. »

De quoi dépend cette option ?

Carl Devos: « De nombreuses questions. Le CD&V sera-t-il d’accord avec les propositions tranchées de la N-VA. Si l’Open VLD est nécessaire, les libéraux flamands sont-ils d’accord ? Le CD&V souhaite-il un gouvernement avec un ministre-président N-VA? La N-VA utilisera-t-elle le gouvernement flamand comme point de départ pour la formation fédérale, et quelle est l’opinion du CD&V à ce sujet ? Bien que ce ne soit pas évident, la « coalition anversoise » constitue un scénario réaliste pour le gouvernement flamand. Mais sur le plan fédéral, l’exigence de gouverner sans la gauche est beaucoup plus difficile à réaliser.

Quelles sont les probabilités?

Carl Devos: « Je pense que ce scénario n’aura pas lieu. Gouverner sans le PS signifie qu’outre le MR, un ou deux partis francophones soient prêts à gouverner avec une majorité flamande de centre droits au fédéral. Même s’il y a des tensions entre le PS et le MR, on entend aussi qu’ils pourraient gouverner la Wallonie et Bruxelles ensemble et que Reynders pourrait enfin diriger un gouvernement à Bruxelles. Il faut donc voir si le MR souhaite gouverner sans le PS, avec la N-VA et d’autres.

Ensuite, cela dépend de ce que fait le cdH : depuis les élections locales à Bruxelles les relations entre le cdH et le PS sont moins bonnes, mais cela ne signifie pas pour autant que le cdH soit d’accord de gouverner sans le PS. Beaucoup dépend de quel flanc (centre droit ou centre gauche) du cdH sera le plus fort. Bien sûr, Ecolo constitue également une possibilité et peut-être que les verts désirent faire partie d’un gouvernement fédéral sans le PS, certainement s’ils ne peuvent pas participer au niveau régional.

Cependant, la N-VA ne devra pas se montrer trop ambitieuse avec les écologistes wallons (qui forment une fraction avec Groen au niveau fédéral).

Bref, un gouvernement sans le PS n’est pas impossible, mais semble plutôt improbable. Même si le PS perd encore quelques pour cent, il est fort et en Belgique francophone il reste le parti dominant.

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