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Gouvernement « papillon » : le plus dur reste à faire

Les éditorialistes flamands et francophones se montraient soulagés, mais pas euphoriques dans leurs commentaires de mardi au sujet de la mise en place du gouvernement Di Rupo Ier. Après 541 jours de crise, les éditoriaux rappellent quasiment tous que la nouvelle équipe gouvernementale devra relever d’importants défis.

« Le gouvernement est désormais là, les paris sont ouverts quant au moment où il commencera à vaciller », indique Liesbeth Van Impe dans Het Nieuwsblad. « Pour les partis, les jours de la prestation de serment et de la déclaration de gouvernement sont certainement parmi les plus faciles », indique l’éditorialiste, faisant ainsi référence aux pressions externes auxquelles devra très rapidement faire face le gouvernement « papillon ». « Les partis oscillent entre l’espoir et la crainte », commente encore l’éditorialiste.

Guy Tegenbos indique pour sa part dans De Standaard que le nouveau gouvernement est très proche du précédent, et ce après 541 jours de crise. D’après lui, l’équipe gouvernementale dispose d’une bonne expérience, mais rien ne permet d’affirmer avec certitude qu’elle parviendra à faire face aux défis qui se présenteront bientôt.

L’éditorialiste du quotidien économique De Tijd, Isabelle Albers, rappelle que le gouvernement va rapidement devoir prendre des décisions importantes dans des dossiers délicats, notamment en ce qui concerne la banque Dexia.

Dans la Gazet van Antwerpen, Paul Geudens, revient sur la position difficile d’Elio Di Rupo qui devra convaincre la Flandre qu’il n’est pas à la tête d’un gouvernement hostile aux Flamands. « Ce n’est pas légitime de condamner quelqu’un avant qu’il ne commence sa mission, mais un lourd fardeau est entre les mains de cette équipe et de son leader en particulier », indique l’éditorialiste.

Eric Donckier, du quotidien Het Belang van Limburg, craint pour sa part que le secret qui entourait les noms des membres de l’équipe gouvernementale soit symptomatique de ce nouveau gouvernement. Il indique également qu’il nourrit une « saine suspicion » quant aux capacités de M. Di Rupo à gérer ce gouvernement.

« Si Elio Di Rupo ose rêver d’une Belgique, comme il osait rêver lorsqu’il avait 15 ans d’une vie meilleure et plus libre, alors nous ne sommes pas si mal », estime Wouter Verschelden du quotidien De Morgen. L’éditorialiste du quotidien Het Laatste Nieuws, Luc Van der Kelen, fait également référence au « rêve belge » de Di Rupo. « L’exemple de Di Rupo permet à tous les nouveaux citoyens d’espérer qu’un jour leur enfant sera lui aussi aux portes du palais. »

Di Rupo Ier: les éditorialistes francophones insistent sur les défis à relever
Les éditoriaux des quotidiens francophones étaient eux- aussi tous consacrés mardi matin au nouveau gouvernement d’Elio Di Rupo. Les éditorialistes saluent globalement la mise sur pied du gouvernement « papillon » mais rappellent que celui-ci devra relever de nombreux défis.

Dans La Libre Belgique, Francis Van de Woestyne estime que la vie du nouveau gouvernement « sera tout sauf un long fleuve tranquille ». « Pour assurer une certaine stabilité à l’équipe, il fallait maintenir en place des gens qui ont une certaine expérience. Face à la fronde sociale, face à la pression que va exercer, sur les partis flamands, la N-VA, l’équipe devra se serrer les coudes, rester unie », commente l’éditorialiste. Il suggère de donner cent jours à l’équipe de Di Rupo « pour voir ce qu’elle a dans le ventre ».

Dans Le Soir, Véronique Lamquin parle d’une « équipe qui a belle allure » mais rappelle également que les défis seront de taille. « Deux ans et demi, c’est fort peu pour assainir les finances publiques, adapter notre modèle socio-économique aux réalités du 21e siècle et mettre en oeuvre la réforme de l’État. Autant dire que, si chaque décision impose une ou plusieurs nuits blanches au gouvernement Di Rupo, l’échec est assuré », commente Mme Lamquin.

Demetrio Scagliola rappelle quant à lui dans les journaux du groupe Sudpresse qu' »Elio Di Rupo a réalisé des miracles en bouclant une réforme de l’État gigantesque et en trouvant, tant bien que mal, des recettes équilibrées pour boucler un budget historiquement lourd ». L’éditorialiste indique également que les prochains mois seront décisifs pour le nouveau gouvernement qui ne pourra « plus se permettre de vivre dans un état de survie perpétuel, sans cesse au bord de la crise de nerfs. Les défis qui attendent le pays sont énormes. »

L’éditorialiste de la DH, Christian Carpentier, estime pour sa part que l’accession d’un francophone au poste de Premier ministre démontre que la « démocratie fonctionne encore correctement en Belgique, au Sud comme au Nord ». Comme ses confrères des autres médias, l’éditorialiste rappelle que le plus dur reste cependant à faire pour Elio Di Rupo et sa nouvelle équipe.

Dans l’Avenir, Catherine Ernens considère que le gouvernement Di Rupo Ier est en soi « une oeuvre d’art à la belge, surprenante. Le résultat et le symbole de 540 jours de crise interminable ». Elle indique également que cette oeuvre est fragile et qu’elle pourrait se briser au moindre courant d’air. Les membres du nouveau gouvernement devraient donc transformer au plus vite les accords en lois, ajoute-t-elle.

Dans l’éditorial du quotidien économique l’Echo, Martine Maelschalck, estime que « la tâche de Di Rupo est très simple : s’il ne veut pas être, comme certaines Cassandre l’ont déjà prédit, ‘le dernier Premier ministre de Belgique’, il est condamné à réussir. Réussir à motiver son équipe, à tenir son budget, à apaiser les Flamands, à rassurer la population – et les marchés financiers. Il n’a pas le choix, en fait. »

LeVif.be avec Belga

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