Marc Goblet, ici durant la grève du 7 octobre dernier. © BELGA/Thierry Roge

Goblet: « Ce qu’il faut, c’est une fiscalité plus juste »

Le secrétaire général de la FGTB, Marc Goblet, a souligné lundi qu’il serait « inacceptable » pour la FGTB que le gouvernement fédéral s’en prenne aux travailleurs ou aux allocataires sociaux dans le cadre de ses travaux budgétaires.

« Ce serait inacceptable pour nous que l’on s’en prenne uniquement aux travailleurs et aux allocataires sociaux en faisant des coupes sombres dans la sécurité sociale ou par de nouvelles manipulations de l’index », a averti Marc Goblet, dans le cadre de la publication de l’édition 2016 du baromètre socio-économique de la FGTB.

« Ce qu’il faut, c’est une fiscalité plus juste », notamment en mettant à contribution le capital, a plaidé Marc Goblet.

« Une gestion à la petite semaine »

Au sujet du trou budgétaire, plus important que prévu, le responsable syndical a constaté « un grand problème au point de vue des estimations » faites par le gouvernement, évoquant au passage « une gestion à la petite semaine ».

Selon les calculs de la FGTB, diverses mesures décidées ces derniers mois par le fédéral, comme la diminution du taux des cotisations patronales (2,6 milliards) ou l’exonération de cotisations patronales à vie lors de l’engagement d’un premier travailleur (450 millions), ont entraîné une baisse de recettes de quelque 3,1 milliards d’euros pour la sécurité sociale.

Alors que les discussions patinent au sein du Groupe des 10 dans plusieurs dossiers, comme la problématique du « travail faisable » chère à Kris Peeters ou la réforme de la loi de 1996 sur la préservation de la compétitivité et la formation des salaires, Marc Goblet a par ailleurs déploré lundi l’absence de réaction du gouvernement fédéral. « Un gouvernement digne de ce nom devrait prendre l’initiative pour voir comment aboutir à des solutions », juge encore Marc Goblet, déplorant au passage que le gouvernement se serve des dossiers sécuritaires « comme moyen d’éviter tous les autres débats ».

Baromètre FGTB: la qualité de vie recule pour beaucoup de Belges

Par ailleurs, la FGTB a publié son nouveau baromètre socio-économique qui s’articule autour de quatre thèmes et montre, selon le syndicat socialiste, combien la qualité de vie de nombreux Belges recule depuis plusieurs années.

L’édition 2016 du baromètre socio-économique de la FGTB se décline en quatre thèmes -pouvoir (de) vivre décemment; pouvoir (de) vivre une vie professionnelle de qualité; pouvoir (de) vivre ensemble; pouvoir (de) vivre sur une planète préservée- et vise à dépasser les indicateurs économiques habituels qui « ne sont pas de bons critères pour mesurer le bien-être des gens ».

Au travers une multitude d’indicateurs émanant de diverses institutions belges et internationales (BNB, OCDE, Inami, Giec, etc.), on y apprend notamment que le taux de risque de pauvreté de la population belge a atteint 15,5% en 2014 (statistique la plus récente émanant du baromètre interfédéral de la pauvreté), le niveau le plus élevé des 10 dernières années. Le nombre de personnes en règlement collectif de dettes n’a cessé d’augmenter ces dernières années, passant de 56.952 en 2007 à 97.636 en 2015, tout comme le nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration, passé de 95.479 en 2012 à 115.400 l’an dernier.

La FGTB met en outre en avant le fait que le salaire médian était de 2.976 euros bruts en Belgique en 2014, ce qui signifie que la moitié des travailleurs gagnent un salaire mensuel inférieur, la seconde moitié gagnant davantage. Parallèlement, « le pouvoir d’achat est en baisse continue depuis 2009 et est redescendu au niveau de 2006 », et ce, alors que la productivité, elle, augmente, pointe le syndicat socialiste qui en conclut que « les travailleurs belges sont de plus en plus productifs mais que les profits supplémentaires qui en sont tirés ne se traduisent pas en hausses de salaires équivalentes ».

Malgré des chiffres évoquant une baisse du chômage depuis un an et demi, la FGTB rappelle « qu’il n’y a jamais eu autant d’exclus du chômage en 2015 » et que « le nombre d’emplois à temps partiel ‘faute de mieux’ a fortement augmenté depuis le début de la crise ». Quant à l’intérim, il est en « augmentation constante » alors que près de 61% des contrats intérimaires sont en réalité des contrats journaliers.

En réponse aux constats du baromètre, la FGTB estime qu' »il faut retrouver le sens du progrès social en termes de redistribution des richesses mais aussi en termes de qualité de vie ». Et le syndicat socialiste de proposer « une fiscalité plus juste », des services publics de qualité et accessibles à tous, une politique salariale préservant le pouvoir d’achat et réduisant l’écart salarial entre hommes et femmes ainsi qu’une réduction collective du temps de travail qui permettrait à davantage de personnes d’avoir accès au marché du travail.

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