© Debby Termonia

Geluck parodie la Bible et suscite la controverse

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le père du Chat publie un essai trash et indigné pour dénoncer une société où l’humour est trop souvent bâillonné. Il s’en prend à tout le monde : homosexuels, musulmans, Juifs, handicapés… Et catholiques, dont il caricature la Bible. L’essai suscite déjà la controverse.

Philippe Geluck sort simultanément Peut-on rire de tout ? – un essai trash et provocateur posant une question de plus en plus délicate – et La Bible selon Le Chat, un récit dessiné de 192 pages (chez Casterman) qui parodie le livre religieux avec son personnage fétiche en guise de Dieu, de l’alcool et des amourettes interdites.

L’essai de Geluck est une invitation à la réflexion à l’heure où il n’est manifestement plus possible de rire de tout, estime le dessinateur devenu polémiste. « Soyons clair, ce livre est une croisade contre les sales cons : les intégristes, les bornés, les exploiteurs d’autrui, les machos…, explique-t-il dans un entretien au Vif-L’Express. C’est un peu mon Indignez-vous ! » Une référence à l’essai de Stéphane Hessel, ce phénomène de l’édition qui incitait à la résistance. Le style, ici, est différent : absurde, caustique, délibérément provocateur.

Chapitre par chapitre, Philippe Geluck se demande si l’on peut rire des malades, des handicapés, de la femme, de l’homosexualité, des étrangers, des catholiques, des musulmans, des Juifs, des Noirs… « C’est un ouvrage irrévérencieux, loin des limites du conformisme, du politiquement correct, de la bienséance, souligne Anne-Sophie Stefanini, qui édite Peut-on rire de tout ? chez Lattès à Paris. La liberté d’expression est un bien précieux et donc toujours menacé. C’est pourquoi les livres comme celui de Philippe Geluck sont si importants. » La maison d’édition française croit en son succès : le premier tirage avoisine les 40 000 exemplaires.

Geluck, lui, explique que « Peut-on rire de tout ? est parti du projet d’un livre d’entretien sur ce thème que j’ai rapidement abandonné parce que je ne me suis pas reconnu dedans. On risquait de trouver que je me prenais trop au sérieux. Ce que je pense du monde ne justifiait pas un livre. Je ne suis ni philosophe, ni journaliste, ni théoricien, je suis un humoriste parfois engagé ou dérangeant. Et je me suis rendu compte qu’il n’existait pratiquement pas d’ouvrage posant cette question essentielle : peut-on rire de tout ? Je ne voulais surtout pas que ce soit théorique. Ça a l’air d’être un essai, mais ce n’est en réalité qu’un grand délire. J’ai gardé mes indignations, ma violence, mon goût pour l’humour trash et pimenté ! Je voulais l’exprimer dans une période où l’on demande aux humoristes de se cadrer davantage et où les procès volent bas, qu’ils viennent de ligues antiracistes, anti-antisémites, religieuses, morales… Il suffit de voir la France des années 1970-80, celle de Coluche et de Hara-Kiri, pour se rendre compte que tout a été extrêmement arrondi. »

Les premières réactions recueillies par Le Vif/L’Express, auprès de représentants de communautés concernées par l’essai de Philippe Geluck, montrent que l’ouvrage, s’il ne fera pas rire tout le monde, atteint déjà l’un de ses objectifs : créer la polémique. « Il n’y a aucun appel à la haine ou au racisme dans ce que j’écris, rétorque Geluck. Pour mener la réflexion à bien, comme en physique, il faut pousser la machine à ses limites. Je charge volontairement la mule pour voir jusqu’où je peux aller. J’avoue, c’est la première fois que je vais aussi loin. J’espère qu’on prendra la peine de lire tout dans son intégralité. On verra. Mais soyons clair : oui, ce livre est une croisade contre les sales cons. Les intégristes, les bornés, les exploiteurs d’autrui, les machos… »

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine :

– Les extraits de l’essai Peut-on rire de tout ?
– Les planches de La Bible selon le Chat
– L’interview de Philippe Geluck
– Les réactions

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