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Gaston Onkelinx : « Laurette manque à Liège »

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Pour Gaston Onkelinx, ancien bourgmestre de Seraing, coolsien parmi les coolsiens, le salut du PS liégeois passera par un rapprochement avec la FGTB.

Il se décrit comme un petit Flamand devenu maïeur de l’une des plus grandes villes de Wallonie. C’est aussi le témoin d’un monde disparu, quand la sidérurgie liégeoise employait plus de 40 000 travailleurs. Ouvrier chez Cockerill pendant vingt-cinq ans, délégué syndical, député de 1974 à 1987, bourgmestre de Seraing de 1988 à 1994, deux fois président d’intercommunale, Gaston Onkelinx a été l’un des hommes qui comptent au PS liégeois. A 81 ans, le père de la vice-Première ministre Laurette Onkelinx et du député wallon Alain Onkelinx est visiblement préoccupé par l’état actuel de sa fédération. Même si, proximité des élections oblige, il s’exprime avec réserve.

Le Vif/L’Express : André Cools et Guy Mathot sont morts à 63 ans, Michel Daerden à 62 ans. Ces décès prématurés ont-ils pesé dans l’affaiblissement du PS liégeois ?

Gaston Onkelinx : André, il ne s’imposait pas, il avait la force naturelle. C’était un homme merveilleux, qui nous manque. Je ne veux pas dire : il y avait André, et maintenant, il n’y a plus rien. Je ne dis pas ça ! Ceux qui dirigent la fédération aujourd’hui sont des gens de valeur. Jean-Claude Marcourt, on ne peut pas dire que le garçon ne travaille pas, il fait son possible avec Mittal. A Liège-ville, Willy Demeyer a battu à chaque élection la vedette Didier Reynders. Il y en a d’autres qui font leur maximum. Mais il nous manque une force, un véritable leader. André manque. Mathot manque. Michel Daerden, ses 70 000 voix vont nous manquer. Sur le plan politique, c’est mauvais pour nous. Et il manque Laurette.

Votre fille devient vice-Première en 1999. Deux ans après, elle quitte Seraing pour Bruxelles. Est-il exact qu’à l’époque, vous avez désapprouvé son choix ?

C’est difficile de parler de ma fille… Mais je crois qu’il n’y a qu’une personne qui aurait pu être une autre André, c’est Laurette. C’était quand même un bon atout pour Liège, incontestablement. Moi, je lui avais dit de ne pas aller à Bruxelles. Humainement, et aussi politiquement, j’aurais préféré qu’elle reste à Liège. Elle a choisi de partir pour des raisons familiales, mais il faut dire aussi qu’elle n’était pas bien vue par certains, elle prenait beaucoup de place. Je n’irai pas plus loin. Aujourd’hui, elle nous manque. Laurette manque à Liège.

Après l’assassinat de Cools, vous avez été l’un des animateurs du groupe Jaurès, aux côtés du fils d’André Cools, Marcel, de l’ancien ministre Gilbert Mottard, et de l’ex-secrétaire fédéral du PS liégeois, Maurice Demolin. Quel était le sens de ce groupe ?

La gauche ! On voulait créer un courant de gauche à l’intérieur du parti, en rassemblant les coolsiens. On défendait les vraies thèses socialistes. Jaurès, quoi. On organisait des réunions, on invitait des orateurs au château de Sclessin, ou dans la salle du Rialto, à Ougrée. Laurette n’était pas membre, mais elle venait chaque fois qu’on lui demandait.

Vous vous êtes toujours présenté comme un serviteur fidèle de votre parti. Pourquoi, alors, avoir créé une tendance qui a contribué à entretenir la division au sein du PS liégeois ?

Mais Dehousse aussi avait son groupe, le Perron… Et j’ai toujours exigé que l’affiliation au groupe Jaurès soit réservée aux seuls membres du Parti socialiste, justement pour empêcher les risques de scission. Mais quand Marcel a quitté le PS, c’est devenu difficile de maintenir un groupe coolsien sans le fils Cools. N’empêche, aujourd’hui encore, je continue à regretter la disparition du groupe Jaurès.

Quel conseil donneriez-vous aux leaders actuels du PS liégeois ?

Faire le maximum pour recréer l’Action commune ! Réunifier le parti, les mutuelles et le syndicat. Et à partir de là, on construit le reste. Mais est-ce que le syndicat oserait s’engager dans cette stratégie-là ? La FGTB a des difficultés internes avec le PTB… Cela ne sert à rien que les chefs se parlent si les troupes ne suivent pas. Que Marc Goblet et Willy Demeyer, que Thierry Bodson et Jean-Claude Marcourt se parlent, c’est très bien, mais ce n’est pas l’Action commune, ça. L’Action commune, c’est dans la rue, dans les salles, dans les assemblées ! Aujourd’hui, on nous attaque sur la sidérurgie, alors que moi, je suis un sidérurgiste, et un syndicaliste. La fermeture de Cockerill, qu’est-ce que le parti y peut ? Mais c’est sur nous qu’on tape… Pourtant, Jean-Claude Marcourt fait le maximum pour sauver l’économie sérésienne.

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, le dossier « Histoire secrète du PS liégeois », réalisé avec le soutien du Fonds pour le journalisme en Fédération Wallonie-Bruxelles. Avec : – Comment, en trente ans, ce qui était la plus puissante fédération du parti a décliné – Michel Dighneef : « Le Ps liégeois a besoin d’un homme fort »

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