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Fuite à Doel 1: des travaux de réparation plus compliqués que prévu

L’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) a classé la situation consécutive à une fuite d’eau dans la partie nucléaire du réacteur de Doel 1 au plus bas niveau sur l’échelle internationale de dangerosité des événements impliquant des sources de rayonnement ionisants, annonce-t-elle mercredi. Il s’agit d’une « irrégularité sans incidence en termes de sûreté nucléaire ». La fuite devra tout de même être réparée et d’autres travaux d’entretien effectués avant que le réacteur ne puisse être redémarré.

Engie Electrabel, exploitant de la centrale, avait constaté la semaine dernière une fuite de faible importance dans le circuit primaire du réacteur, de l’ordre de quelques litres par minute, explique l’AFCN, qui avait directement été informée de la situation.

Il avait ensuite décidé de mettre manuellement le réacteur de Doel 1, d’une capacité de 433 MW, à l’arrêt pour pouvoir localiser la fuite et procéder aux réparations nécessaires. L’Agence a depuis lors reçu les explications d’Engie Electrabel et a procédé à sa propre évaluation de la gravité du problème.

« L’exploitant a respecté les exigences techniques et les temps impartis pour les actions qu’il a dû entreprendre. Les fonctions de sûreté n’ont pas été impactées et ont été garanties à chaque instant. L’incident n’a pas eu le moindre impact sur la sûreté des membres du personnel, de la population ou de l’environnement », affirme à présent l’AFCN. L’incident a été classé au niveau 0 de l’échelle internationale INES (International Nuclear Event Scale), c’est-à-dire une « irrégularité sans incidence en termes de sûreté nucléaire ». Cet outil compte 7 niveaux allant du niveau 1 (anomalie) au 7 (accident majeur).

L’AFCN indique par ailleurs que la fuite devra être colmatée avant que le réacteur ne puisse être redémarré. Au vu des circonstances, une maintenance approfondie du réacteur a en outre débuté, alors qu’elle était initialement prévue à partir du 29 mai. La fin de cette révision est maintenue au 1er octobre.

Sur son site internet, l’Agence a donné davantage de détails sur la chronologie des faits concernant la découverte de la fuite. Il apparait ainsi qu’Engie Electrabel a constaté le 23 mai, vers 06h00, une fuite de faible importance dans le circuit primaire du réacteur (de l’ordre de quelques litres par minute).

Vers 11h40, conformément aux exigences, l’exploitant a ensuite informé l’AFCN de l’existence de la fuite et de sa décision de mettre manuellement le réacteur de Doel 1 à l’arrêt pour pouvoir localiser la fuite. « Les systèmes chargés de compenser la perte d’eau ont parfaitement fonctionné. Dès lors, le risque de voir le circuit primaire se vider ou de perdre le réfrigérant du réacteur était exclu. L’autorité de sûreté (AFCN et Bel V) suit depuis lors la situation de près », assure le gendarme nucléaire. Pendant que le réacteur était à l’arrêt ‘à chaud’ (sous forte pression et avec des températures élevées), Engie Electrabel a tenté de localiser la fuite. L’entreprise n’y est cependant pas parvenue et a dû procéder à la mise à l’arrêt à froid du réacteur pour intensifier ses recherches.

« Un incident grave » selon des experts

Cette démarche avait déjà permis de réduire considérablement le débit de la fuite. Il n’était alors plus question d’une fuite, mais bien de quelques gouttes qui s’échappaient du circuit, précise l’AFCN. Jeudi dernier, l’exploitant a finalement réussi à localiser la fuite en ayant recours à l’endoscopie. Il s’agissait d’une fissure au niveau d’une soudure sur une conduite de réserve reliée au circuit primaire, qui sert à alimenter le réacteur en fluide de refroidissement dans certaines situations d’urgence, détaille encore l’Agence. La pression a ensuite continué de diminuer et, lundi dernier, la fuite avait presque disparu.

A en croire l’AFCN, la soudure est située dans un endroit difficilement accessible où l’intensité du rayonnement est élevée, ce qui complique les opérations de réparation et allonge leur durée. Selon VRT NWS, différents experts en nucléaire font toutefois état d’un incident grave. « L’endroit de la fuite est très anormal et, en tant que tel, je le considère comme grave. Vous ne devriez pas avoir cela », estime Willy De Roovere, ancien directeur de l’AFCN.

Il soutient que d’autres centrales devraient également être inspectées si la cause exacte de la fuite est claire. Engie Electrabel, de son côté, a confirmé le caractère exceptionnel de l’incident mais souligne qu’il n’y a jamais eu de danger, notamment parce que l’eau est collectée, ne sort pas de la centrale et qu’elle est peu radioactive.

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