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Françoise Schepmans, la tombeuse de Philippe Moureaux

Le 3 décembre 2012, Françoise Schepmans concrétisait l’improbable : évincer « l’indétrônable » Philippe Moureaux. Un vent nouveau souffle sur la commune.

Licenciée en droit, Françoise Schepmans s’engage très tôt en politique. Au cercle des étudiants libéraux, elle croise notamment Jacques Simonet qui l’appellera plus tard « sa caution de gauche ». Idéologiquement, Françoise Schepmans s’inscrit dans la lignée du « libéralisme social » incarné par Louis Michel, en qui elle a trouvé son premier mentor, dès les années 1980. « Elle est plus réformatrice que libérale », confie une ancienne camarade de parti. Politiquement, Françoise Schepmans n’est pas une débutante à Molenbeek : en 1988, le MR forme une nouvelle coalition avec le PS et elle devient échevine des Affaires juridiques jusqu’en 2000. En 2006, elle revient comme première échevine, en charge de la Culture et de l’Education.

Au lendemain de son élection maïorale, Françoise Schepmans renonce à ses mandats de chef de groupe MR au parlement de la Commission communautaire française et de députée au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Elle restera par contre députée bruxelloise. Son souhait : se concentrer « uniquement » sur Molenbeek. Les projets ne manquent pas : la commune a été choisie pour devenir Métropole Culture en 2014. L’occasion, pour la nouvelle bourgmestre, de revaloriser son image, de développer l’axe du canal et de décloisonner les quartiers.

« L’une des priorités du collège portera sur la prévention et la lutte contre les incivilités, confie Françoise Schepmans. En matière de sécurité, nous voulons qu’il y ait plus de collaboration entre les services de prévention, les agents de quartier et la police de proximité. » La bourgmestre prend aussi en charge la Culture, les Cultes et les Affaires juridiques. « La citoyenneté m’importe énormément. J’aimerais que chaque Molenbeekois trouve sa place au sein de la société, indépendamment de ses origines et de sa situation sociale. Le boom démographique que connaît Molenbeek passe aussi par un meilleur accès à l’éducation. Nous poursuivrons la rénovation d’écoles. »

Existe-t-il une méthode Schepmans ? Ceux qui l’ont côtoyée au parlement bruxellois louent sa force de respect, ses capacités d’écoute, sa volonté de compréhension et de transparence. L’alliance entre le MR, Ecolo et le CDH augure par ailleurs une nouvelle manière de gérer la ville. « J’aimerais m’inspirer du mode de gestion instauré à Schaerbeek par Bernard Clerfayt (FDF), avec le MR, Ecolo et le CDH », glisse la bourgmestre.

RAFAL NACZYK

Ce qu’ils en disent…

PHILIPPE MOUREAUX, sénateur PS et bourgmestre sortant « Au plan humain, elle est très habile vis-à-vis des gens. Mais au travail, elle a toujours fait preuve d’une grande paresse. S’il n’y a pas de changement significatif chez elle, je ne présage rien de bon pour Molenbeek. Mais je ne souhaite pas jouer les vieux lions défaitistes. Je ne lui en veux pas. Ce n’est pas elle qui m’a trahi. Et il est un peu trop tôt pour la juger. Actuellement, la commune n’est plus ma préoccupation. Je me concentre sur d’autres activités. »

JOËLLE MILQUET, ministre CDH de l’Intérieur

« C’est la seule femme bourgmestre à Bruxelles. Et à ce titre, elle a toute ma solidarité. Elle est arrivée dans un milieu très socialiste, à la force des poignets. Mais pour moi, c’est une femme honnête, qui a la volonté de l’intérêt général. Elle s’est toujours tenue à l’écart des jeux politiciens. Et peut apporter du sang neuf à Molenbeek. Sa commune fait face à de larges défis. Je l’admire, parce qu’elle défend des positions de cohésion sociale inclusives à l’égard des communautés étrangères. Des positions qui ne sont pas forcément bien perçues au sein de son parti. Nous nous retrouvons aussi sur des questions liées à la diversité et aux matières socioéconomiques. Et elle peut compter sur mon appui pour toutes les questions liées à la sécurité. »

OLIVIA P’TITO, chef de file de l’opposition PS à Molenbeek

« Au-delà des effets d’annonce pour une meilleure gouvernance et davantage de transparence, nous ne connaissons pas vraiment son programme. Elle se targue de défendre l’intégration, mais dans son budget, il n’y a aucun soutien marqué aux associations qui oeuvrent pour l’apprentissage du français ou pour l’alphabétisation. Jusqu’à présent, Schepmans se distingue surtout par sa propension à accorder un maximum de compétences aux autres. Plutôt qu’à les assumer personnellement. Ses compétences réelles seront donc analysées à l’épreuve des faits. »

PATRICK RIDREMONT, comédien et réalisateur

« Je suis amoureux de ma commune, mais totalement apolitique. Comme beaucoup d’habitants, j’ai senti une vraie guéguerre au moment des élections. J’espère que Françoise Schepmans ne va pas balayer d’un revers de main tout ce qui a été réalisé au plan culturel par Philippe Moureaux. Parce que ce n’était pas si nul. Cela dit, Molenbeek reste une commune à part. Et c’est une gageure de la diriger. Le risque, c’est de vouloir faire de l’intégration à tout prix. Il ne suffit pas de faire tourner des derviches dans une église et de pouvoir jouer un cantique dans une mosquée. Molenbeek mérite plus que de bonnes intentions. »

R.N.

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