Thierry Fiorilli

François, Valérie et Ségolène

Thierry Fiorilli Journaliste

Deux femmes, deux baisers, deux photos. Les deux vies de François Hollande sur un même podium, dimanche dernier, à la Bastille, après la victoire.


Le baiser/Le bisou
Ainsi va la vie, okay mais madre de dios quand même ! Ségolène lui a fait quatre enfants, elle a joué ministre, elle s’est échiné à défier Sarko, elle s’est battue un peu seule contre un peu tout le monde pendant que François restait tranquille dans l’ombre, elle s’est pris gifle sur baffe depuis cinq ans et la voilà, le jour de la fête, comme la vieille cousine qui sent pas la rose à qui on colle un bisou vite vite entre la joue et l’oreille, pour être le plus loin des lèvres sans que ça fasse trop dégoût montré.

Et Valérie, là, dont personne ne soupçonnait l’existence il n’a, quoi, peu, au fond, qui a déboulé quand le tapis rouge était quasiment déroulé, elle a droit au baiser sur la bouche ! Pas juste. Sauf que, honnêtement, souvenez-vous, le Hollande d’hier est plus moelleux, plus jovial, plus authentique que le vainqueur d’aujourd’hui (et on ne parle pas du Président de demain…). Et d’ailleurs, observez : baiser crispé avec Val (limite « mais, mais chérie, calme-toi, voyons, on nous regarde ! »), dont le visage apparaît presque douloureux, et bisou appuyé avec Ségo, radieuse… C’était mieux avant. Plus tendre.

La main
Celle de l’ancienne candidate serre, fort, l’avant-bras de son ex, qui le lui rend bien. Il y a mille confidences dans ce geste, toute une vie commune heureuse, un amour infini, des bravos et du baume, des de toute façon c’est pour toujours tu sais bien.

Celle de la future Première dame de France fait comme font les danseuses de flamenco, au moment où l’histoire d’amour, avec « mi corazon » et « fuego » dedans, tourne vraiment mal, juste avant la tragédie. Mais si on distingue bien la disposition des doigts, elle fait les cornes, la successeuse de Carla (c’est façon de parler). Elle conjure le mauvais sort, Trierweiler ! Cecilia avait eu plus de classe et de retenue, avec Nicolas, en 2007 : elle avait montré qu’elle boudait, elle n’avait pas embrassé, elle n’en avait pas fait des kilos et puis salut la compagnie. Pour de bon. C’était mieux avant. Plus franc.

Les applaudissements
Ceux du type avec sa cravate pas top, à droite sur la photo du baiser, semblent un peu mécaniques. Obligés. Comme aux fêtes de l’école, à la fin du spectacle des gosses des autres. Ou alors, il s’arrête d’applaudir, interdit, en se disant « mais elle va pas lui sauter dessus ici ?! Mais, mais, mais… siiii ! La furie ! » et en se demandant s’il doit intervenir. Et comment. Le seul qui sourit, le grand qui a une bonne tête, là, derrière, un qu’on dirait venu de hors la ville, loin. Il a un beau sourire, franc. Mais il ne regarde pas le couple qui s’embrasse.

Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole de Hollande, à droite sur la photo du bisou, bat des mains, elle. Comme les enfants. Et son sourire ! Là, elle est heureuse, pour François, pour Ségolène, pour le PS, pour les Français, pour la France, pour tout ce que vous voulez. Et Arnaud Montebourg, derrière, sourit aussi, en cherchant les yeux de Hollande. Comme on aime se rendre compte quand on vit un moment fort, beau, pour l’oublier moins vite. Parce qu’on sait que, bientôt, ce ne sera sans doute plus comme avant. C’est toujours comme ça. Le changement, ce n’est jamais maintenant.

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