Gérald Papy

François, Nicolas et les autres

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

SIX MOIS AVANT L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE, LES socialistes français se sont mis en ordre de bataille à la faveur de « primaires citoyennes » qui ont désigné François Hollande comme candidat incontesté.

Ainsi se dessinent les contours d’une campagne qui, sauf surprise de l’ampleur de celle d’avril 2002, devrait voir Nicolas Sarkozy et François Hollande émerger d’une confrontation qui, au premier tour, placera en ordre utile Eva Joly pour les écologistes, François Bayrou pour les centristes, Marine Le Pen à l’extrême droite et Jean-Luc Mélenchon à l’extrême gauche.

Aujourd’hui, les socialistes sont ragaillardis par une expérience démocratique réussie, qui a su éviter les écueils du pugilat systématique et de la victoire étriquée. Au point que certains, à droite, imaginent de s’en inspirer… Cette performance est d’autant plus précieuse pour le PS qu’elle fait oublier la calamiteuse séquence de « l’affaire DSK » dans laquelle certains dirigeants ont privilégié la défense du clan sur le respect de la dignité des femmes.

En regard de l’impopularité actuelle du chef de l’Etat futur candidat, et à l’aune de leurs victoires successives aux élections municipales (2008), régionales (2010) et sénatoriales (2011), les socialistes entament la campagne pour 2012 en position de force. Pour autant, les dés sont loin d’être jetés. D’abord, les socialistes devront surmonter les « séquelles » des primaires : les divisions étalées entre la social-démocratie centriste d’un Manuel Valls et la gauche « démondialisatrice » d’un Arnaud Montebourg ; l’affaiblissement du parti avec une première secrétaire désavouée et les dissensions qui ne manqueront pas d’apparaître entre « aubrystes » et « hollandais ». Gauche molle, absence d’expérience du pouvoir, incapacité à décider, etc. : en critiquant, parfois durement, le candidat désigné, le camp Aubry a aussi donné des armes à la droite.

Cette charge intestine n’est rien, en effet, à côté de ce qui attend, dans la bataille de l’Elysée, cet homme beaucoup moins lisse qu’il n’apparaît, comme le révèle le « portrait intime » que Le Vif/L’Express lui consacre cette semaine (voir en page 62). Celui dont les primaires ont mis en exergue la placidité, qui ambitionne d’être un « président normal » et auquel la stature internationale fait cruellement défaut, résistera-t-il à la « machine de guerre » du parti présidentiel UMP quand celle-ci se mettra au service d’un Nicolas Sarkozy, au bilan certes controversé mais qui a rompu avec la présidence bling-bling du début et a gagné en envergure à l’épreuve des crises internationales (Géorgie, subprimes, Libye, dette souveraine) ?

Le poids de l’expérience face au besoin de changement ? En considérant, sans risque exagéré de se tromper, que la conjoncture économique et sociale va dominer les débats de la présidentielle, c’est à cette alternative que les Français seront confrontés en mai 2012 à travers Nicolas Sarkozy et François Hollande. La bataille commence. Puisse le verdict final des Français se forger non sur l’écume des attaques personnelles, mais sur le fond des dossiers qui engageront l’avenir de la France et de l’Europe.

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