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Formation :  » A un moment, le CD&V dira oui à un accord rejeté par la N-VA « 

Johan Sauwens est député flamand CD&V et bourgmestre de Bilzen. Il a été ministre au gouvernement flamand de 1988 à 1995, puis de 1999 à 2001.

Le Vif/L’Express : Comment comprendre l’actuelle radicalisation du CD&V ?

Johan Sauwens : En 2007, en cartel avec la N-VA, nous avons remporté une grande victoire électorale. En 2009, Yves Leterme a lancé le fédéralisme de coopération, une offensive de charme envers les francophones. Nous avons adouci notre profil communautaire. Et que s’est-il passé ? La N-VA nous a pris beaucoup d’électeurs. Nous voulons les récupérer. Notre nouveau président, Wouter Beke, veut replacer le CD&V dans une logique confédérale. Cette stratégie est illustrée par le fait que ni Steven Vanackere ni Inge Vervotte (1) ne représentent actuellement le parti à la table des négociations, mais bien Kris Peeters, le ministre-président flamand.

On a l’impression que le CD&V calque sa stratégie sur celle de la N-VA. Comme si le cartel était recréé.

C’est le CD&V, et pas la N-VA, qui a mis sur la table la nécessité de revoir la loi de financement. Je pense par ailleurs que le moment va arriver où un compromis sera jugé acceptable par nous, mais pas par la N-VA, ou par une partie de la N-VA. Quand ? Je ne sais pas, mais ce moment va arriver. Nous sommes prêts à prendre nos responsabilités. Nous ne laisserons pas l’aile la plus dure de la N-VA dicter notre conduite. Mais ce qui se trouve maintenant sur la table est absolument insuffisant.

Vous avez milité à la Volksunie pendant plus de trente ans. Pourquoi avoir ensuite rejoint le CD&V, et pas la N-VA ?

– La N-VA est beaucoup plus à droite que ne l’était la VU. Je suis partisan du modèle social de la démocratie-chrétienne. Un partage des richesses est nécessaire. Mais, sur le communautaire, je me sens proche de la N-VA. Nous sommes en train de perdre notre position concurrentielle en Europe. Nous peinons à attirer des entreprises. Le couple belge doit être réorganisé. Des entités de 3 à 6 millions d’habitants, c’est la bonne taille pour permettre à des Etats modernes de gérer les problèmes. Mais la Belgique peut continuer à exister. Nous avons une histoire commune, et un certain style de vie qui nous unit. Pour le reste, la Flandre et la Wallonie sont des mondes différents. On ne stoppera pas le courant en faveur de plus d’autonomie.

(1) Tous deux sont des ministres fédéraux démissionnaires et appartiennent à l’aile gauche, antinationaliste, du CD&V.

ENTRETIEN : F.B.

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