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Fons Pereos-Astrida : beaucoup de ressemblances et quelques nuances

Ettore Rizza
Ettore Rizza Journaliste au Vif/L'Express

On ne saurait comprendre les objectifs de la reine Fabiola sans comparer sa fameuse fondation avec celle créée par le roi Baudouin il y a 20 ans. Aussi les avons-nous comparées.

Réaction en chaîne fulgurante. En créant une fondation privée pour soutenir ses éventuels neveux dans le besoin, comme l’a révélé Sud Presse la semaine dernière, la reine Fabiola a entraîné en quelques jours : 1° une forte réduction de sa dotation publique, prévue dès cette année (dixit le Premier ministre Elio Di Rupo) ; 2° un débat sur la réforme du mécanisme des fondations (le PS) ; 3° un autre débat sur le montant des droits de succession (le MR). Ne parlons même pas des commentaires en Flandre.

Mais le monde politique, et médiatique, ne s’est-il pas emballé trop vite ? N’a-t-on pas surinterprété l’initiative d’une vieille dame de 84 ans, privée d’enfants, extrêmement pieuse, et qui de surcroît voue un culte à son défunt mari ? « L’un des buts, qui semble avoir échappé, est que la reine souhaite poursuivre la mission du roi Baudouin », souligne Jean Van Rossum, son avocat.

De fait : le Fons Pereos de la reine ressemble à un copié-collé d’Astrida, cette fondation que le roi avait créée par testament en mars 1992, plus d’un an avant son décès. La première appuie la seconde et les deux partagent une bonne part d’administrateurs communs. On ne saurait comprendre l’une sans référence à l’autre. Voici la fiche signalétique des deux fondations. Analyse et décodage dans Le Vif/L’Express, en librairies dès ce jeudi.

Fons Pereos (Fabiola)Fondation Astrida (Baudouin)Fondation privée aux termes de la loi du 2 mai 2002. Statuts publiés au Moniteur belge le 20 septembre 2012.Reconnue d’utilité publique par arrêté royal du 29 octobre 1993. Statuts publiés au Moniteur belge le 21 avril 1994.

Buts :

1° Aider et soutenir les personnes ci-dessous « pour une période limitée », si ces personnes sont confrontées à « de sérieuses difficultés physiques, matérielles, psychologiques et/ou morales ». « L’aide sera fixée en tenant compte du soutien matériel que les proches des personnes concernées pourront leur apporter, eu égard à leurs ressources, leur patrimoine et leur disponibilité, et de l’intervention des systèmes de sécurité sociale auxquels elles pourront prétendre. »

2° Conserver et promouvoir, au sens le plus large, les oeuvres, la mémoire, les messages, les idéaux, les objectifs et initiatives de la Fondatrice et de son mari, dans les domaines culturels, spirituels, religieux et catholiques, philanthropiques, familiaux, sociaux, historiques, dynastiques, scientifiques, médicaux, etc., en ayant pour critère les centres d’intérêt et les convictions religieuses, philosophiques et morales de la Fondatrice et de son époux.

3° Aider la Fondation d’utilité publique Astrida, uniquement si celle-ci est à court de ressources. Cette aide servira principalement à entretenir le domaine d’Opgrimbie, dont la reine Fabiola est l’usufruitière, et « à maintenir l’esprit religieux de ces lieux ».

4° Encourager des institutions, oeuvres, initiatives religieuses catholiques, telles que l’organisation de retraites pour des fiancés ou des couples, des exercices de Saint Ignace, des cours de religion pour préparation au baptême, à la première communion ou à la confirmation.

Buts :

1° Aider sur le plan religieux, scientifique, artistique et pédagogique les neveux et nièces du roi Baudouin, de la reine Fabiola, ainsi que leurs descendants « de générations en générations ». « Cette aide pourra également coopérer à leur établissement dans la vie à l’exclusion toutefois de la poursuite d’un gain matériel quelconque. Il pourra également être fait appel à cette Fondation en cas de maladie, d’infirmité, ou de tous besoins ayant un caractère philanthropique. »

2° Apporter, « dans les limites de son budget annuel », une aide similaire à toute personne physique ou morale et plus particulièrement à celles qui sont réputées aujourd’hui appartenir au tiers et au quart-monde, « le conseil d’administration étant seul juge en cette matière ».

Bénéficiaires possibles :

— Les neveux et nièces « directs et biologiques » de Fabiola et de Baudouin.

— Les descendants biologiques de ces derniers, uniquement s’ils sont « issus d’un premier mariage religieux catholique ». A notre connaissance, un seul neveu espagnol de Fabiola s’est remarié.

— Les personnes dévouées qui ont servi Fabiola et Baudouin pendant de longues années, ainsi que leurs veufs et veuves.

— Les administrateurs et futurs administrateurs de la fondation

— Des personnes méritantes, proches de Fabiola et de Baudouin, mais de manière exceptionnelle et uniquement pour un « séjour de convalescence de courte durée », séjour qui s’effectuera de préférence au domaine d’Opgrimbie.

Bénéficiaires possibles : — les neveux et nièces du roi Baudouin, de la reine Fabiola, ainsi que leurs descendants. Soit, selon nos calculs, plus de 116 personnes. A noter que seuls des petits-neveux en ont bénéficié jusqu’ici.

Capital de départ :

Inconnu. Selon un communiqué de la reine, il sera constitué du produit de la vente de « biens meubles et de tableaux » donnés de leur vivant, lors des deux guerres mondiales, par des membres de sa famille paternelle qui résidaient en France.

Capital de départ :

une (petite) partie du patrimoine privé de Baudouin, à savoir le domaine royal d’Opgrimbie (en Campine, dans le Limbourg), celui de Rekem et 10 millions de francs belges (250 000 euros).

Capital actuel :

1 492 893 euros, en 2011, répartis en bien mobiliers et immobiliers (source : Le Soir). Seuls les intérêts peuvent être utilisés par la Fondation, soit environ 8 000 euros par an. De 1995 à 2005, Astrida n’aurait dépensé qu’environ 59 000 euros. La majorité de cette somme (60 %) a servi à financer des voyages édifiants aux petits-neveux du roi et de la reine, afin de les sensibiliser « au sort des personnes défavorisées ». Par exemple, des séjours à Lourdes. Les 40 % restants ont permis de soutenir des initiatives humanitaires en Belgique et dans le Tiers-Monde. Récemment, la reine Fabiola a « fortement augmenté » le capital d’Astrida afin de couvrir de gros travaux à la ville Fridhem du domaine d’Opgrimbie, indique une source au palais.

Siège social :

Château de Stuyvenberg, avenue des Trembles 2 à Laeken (résidence de la reine Fabiola).

Siège social :

Domicile privé du comte Baudouin du Parc, à Woluwe-Saint-Pierre (depuis le 3 novembre 2011).

Administrateurs :

De 7 à 19, âgés de moins de 77 ans (à l’exception de la fondatrice).

— Myriam Collin, une amie de la reine résidant à Malmedy.
— François de Harenne, directeur à la brasserie d’Orval, proche de Fabiola.
— Jean Van Rossum, avocat bruxellois.

Administrateurs :

De 6 à 9, âgés de moins de 70 ans (sauf la reine Fabiola). Doivent compter deux neveux ou nièces de Baudouin et deux neveux ou nièces de Fabiola, ou leurs conjoints ou leurs descendants.

— Mathilde de Belgique, épouse du prince héritier Philippe et nièce par alliance du roi Baudouin (administratrice depuis juillet 2011).
— Le prince Lorenz, époux de la princesse Astrid et neveu par alliance du roi Baudouin (depuis juillet 2011).
— Bruno Nève de Mévergnies, actuel conseiller presse du Palais et ancien secrétaire de la reine Fabiola (depuis juillet 2011).

En cas de dissolution :

Le conseil d’administration répartira les actifs entre la Fondation Astrida et, c’est là qu’est l’os, une mystérieuse fondation créée par la reine en Espagne le 5 octobre 1999…

En cas de dissolution :

les actifs de la fondation seront transférés à la Fondation Roi Baudouin, créée en 1976 pour soutenir « des projets et des citoyens qui s’engagent pour une société meilleure ».

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