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Fleurus : un danger radioactif

La société américaine de médecine nucléaire Best Medical a abandonné, après sa faillite en mai dernier, des déchets radioactifs dans ses locaux de Fleurus. La sûreté de l’établissement où sont stockés les déchets est catastrophique, rapportent mardi Le Soir et De Standaard.

Au total, seize touries (bouteilles) de strontium 90 et 180 sacs de déchets contenant du strontium ont été découverts lors d’une visite des autorités de contrôle, le 17 juillet dernier. Visite au cours de laquelle, deux contrôleurs ont été légèrement irradiés. Le rapport des organismes de tutelle – l’Office national des déchets radioactifs (Ondraf) et Bel V, une filiale de l’agence de contrôle nucléaire pour la sûreté des installations – pointe plusieurs problèmes: des déchets stockés dans des cellules non prévues à cet effet, des déplacements de matériel radioactif sans informer la hiérarchie ou le responsable de la sécurité, une « communication problématique » au sein de Best Medical. Pire, des déchets liquides présents dans l’entreprise « ne sont pas tels quels transportables vers Belgoprocess » (l’unité de traitement). L’Institut des radioéléments (IRE), propriétaire des locaux loués par Best Medical et où se trouvent les déchets radioactifs, a prévenu les curateurs de l’entreprise et leur a demandé de se mettre en conformité avec les exigences de sûreté.

Une « situation inacceptable » juge la ministre de l’Intérieur

La ministre de l’Intérieur, Joëlle Milquet (cdH), a dénoncé mardi la « situation inacceptable » au sein des locaux de Best Medical Belgium, à Fleurus, où des déchets radioactifs ont été abandonnés par la société qui a fait faillite en mai dernier. Dans un communiqué, Mme Milquet précise avoir été informée de cette situation le 24 juillet dernier par le cabinet du secrétaire d’Etat en charge de l’Energie, Melchior Wathelet.

Sur base de ces informations, la ministre de l’Intérieur, responsable pour les questions de sécurité nucléaire, a « immédiatement convoqué une réunion avec tous les acteurs concernés par ce dossier ». Celle-ci a rassemblé l’Agence fédérale de Contrôle nucléaire (AFCN), sa filiale technique Bel V, l’Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies (ONDRAF), l’Institut des radioéléments (IRE), un représentant de Best Medical Belgium, et le cabinet de M. Wathelet.

« Cette réunion, qui s’est tenue le 27 juillet, avait comme premier objectif de résoudre le plus rapidement possible cette situation intolérable, que Joëlle Milquet a tenu aussitôt à dénoncer avec la plus grande fermeté, notamment auprès de l’AFCN », poursuit le communiqué. Après cette réunion, l’ONDRAF fut chargé, le 1er août, de « prendre toutes les mesures nécessaires », à savoir l’évacuation des déchets et le démantèlement. Celui-ci a depuis lors effectué « des actions sur les lots les plus préoccupants, contribuant à améliorer la situation au travers d’une mise en conteneurs », indique la ministre de l’Intérieur. Celle-ci a appelé dans la foulée appelé l’AFCN à « renforcer son contrôle et assurer un suivi minutieux des différentes initiatives à prendre, en étroite collaboration avec sa filiale technique Bel V ». Une nouvelle inspection jointe, AFCN et Bel V, a ainsi eu lieu la semaine passée pour s’assurer du suivi. « La sécurité des travailleurs et des riverains est (ma) première priorité », conclut la ministre qui dit suivre ce dossier « quotidiennement avec la plus grande vigilance ».

CNE: « alarmisme déplorable, face à une situation bien connue »

La présence de déchets (radioactifs) sur le site de Best Médical à Fleurus n’est pas neuve, mais elle confirme la lourde responsabilité des anciens responsables de la société en faillite, réagit Gérald Schepmans, permanent CNE du secteur. Pour le responsable syndical, le courrier envoyé par l’IRE aux curateurs a notamment pour vocation de placer les responsables politiques devant leurs obligations, face au coût important que représente le traitement des déchets entreposés sur ce site depuis plusieurs années. « On peut évaluer ce coût à une quarantaine de millions d’euros », estime-t-il. « Au moment du transfert d’activités, treize millions ont été versés par Nordion à Best Médical, mais la gestion de Best étant ce qu’elle est, on ignore ce qu’est devenue cette somme », s’interroge Gérald Schepmans.
Le responsable estime que la Région doit assumer le traitement de ces déchets, quitte à entreprendre ensuite une action à l’encontre des anciens responsables de Best Médical. On ne faisait état, auprès du parquet de Charleroi, d’aucun nouveau dossier relatif à ces déchets. Le responsable CNE évoque, à propos de cette situation, un « alarmisme déplorable, face à une situation qui était bien connue de tous ». Il précise que les déchets nucléaires se trouvent dans des locaux sécurisés et plombés. Pendant la période qui a précédé la faillite de Best Médical, les organisations syndicales avaient interpellé à plusieurs reprises les responsables face à cette situation, rappelle la CNE.

Les opérations d’assainissement des lieux dureront 5 à 7 ans

Les opérations de traitement des déchets radioactifs et d’assainissement des locaux de la société Best Medical Belgium (BMB) débuteront mi-septembre, a indiqué l’ONDRAF (Organisme National des Déchets Radioactifs et des matières Fissiles enrichies) mardi à l’agence Belga. Les déchets combustibles qui posaient problème ont déjà été emballés dans des containers sécurisés. « Les déchets combustibles emballés dans les containers resteront sur le site quelques semaines avant d’être envoyés pour incinération. Emballés de la sorte, ils ne comportent aucun risque pour les riverains », a précisé le directeur de l’ONDRAF, Jean-Paul Minon. Du reste, les opérations de tri des déchets et de sécurisation des locaux de BMB débuteront mi-septembre et pourraient prendre 5 à 7 ans. « Le respect des procédures administratives ne nous permet pas de commencer plus vite. Toutefois, ce délai reste tout à fait dans la norme et ne constitue pas de risque supplémentaire ». Les déchets doivent être soigneusement triés, puis emballés selon les normes avant d’être envoyés à la filiale industrielle de l’ONDRAF, Belgoprocess, qui se charge de les incinérer.

Le coût de l’opération d’assainissement et du démantèlement des installations de Fleurus sera pris en charge à la fois par la Région wallonne et par le fonds d’insolvabilité de l’ONDRAF, dont le directeur précise qu’il a déjà la somme nécessaire pour garantir l’évacuation des déchets. Après sa faillite en mai 2012, la société Best Medical Belgium avait abandonné ses déchets radioactifs dans un état catastrophique, dans ses locaux de Fleurus.

Avec Belga

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