© Image Globe

Flandre et N-VA fascistes ? Des députés français accusent

Cette semaine, Le Vif L’Express dévoile un rapport parlementaire français consacré à l’avenir de la Belgique, et le débat qui s’en est suivi à l’Assemblée nationale. Les Flamands ont pris tous les coups : Bart De Wever dépeint en « idéologue froid » ; la N-VA, parti à composante « fasciste » ; la Flandre coupable d’ « exactions » sur les francophones. Sénateur N-VA, Karl Vanlouwe prend très mal la chose et crie à l’intoxication francophone.

La France se fait du souci pour la santé fragile de son petit voisin du nord. A tel point qu’en pleine crise politico-communautaire, l’Assemblée nationale a plongé les mains dans le cambouis belge, en envoyant deux députés sonder l’ampleur de la déchirure entre Flamands et Wallons.

Rapport de mission : la situation de la Belgique est grave, quasi désespérée. Mais les députés de l’Hexagone ont été plus loin. En séance de l’Assemblée nationale, les oreilles des Flamands ont sifflé : égoïstes, ingrats, intolérants, limite fascistes… La N-VA en a aussi pris pour son grade. Un de ses sénateurs, Karl Vanlouwe, riposte.

La N-VA et son chef de file, Bart De Wever, ne sont pas sortis grandis du débat consacré à la Belgique par l’Assemblée nationale française…

Les reproches adressés à la N-VA et à la Flandre, dont j’ai pu prendre connaissance, ne sont pas du tout corrects. Ils sont tendancieux et témoignent d’une méconnaissance de la réalité flamande. Il ne s’agit que de l’opinion d’un ou de deux députés français. Mais cela m’étonne tout de même.

La N-VA, vue de Paris, est dépeinte comme un parti à composante fasciste…

Ce sont des termes inacceptables. Je n’ai pas l’impression que l’effort nécessaire a été fait pour lire notre programme. Nous sommes un parti respectable.

Du travail d’amateur, ce rapport parlementaire censé baliser l’avenir politique de la Belgique ?

Je constate que la situation belge a été trop perçue par les députés français avec des lunettes francophones. Manifestement, les contacts avec les forces vives en Flandre ont été insuffisants, pour découvrir correctement la réalité flamande.

Ainsi, les journalistes qui ont été entendus lors de la mission n’étaient que francophones. Même chose avec les politologues : pourquoi ne pas avoir rencontré quelqu’un comme le professeur de la KUL, Bart Maddens ?

Bart De Wever a bien eu droit à la visite des deux émissaires français, en votre présence d’ailleurs: comment s’est déroulé l’entretien ? De façon très intéressante. Mais il est difficile de pouvoir appréhender correctement les choses en une heure d’entretien.

Le temps suffisant pour que les Français retirent l’impression d’avoir en face d’eux « un idéologue froid »…

Leur jugement est conforme au portrait de Bart De Wever que leur a dressé une de leurs interlocutrices, Mia Doornaert, conseillère au cabinet du Premier ministre Leterme (CD&V)…

Les Français n’ont donc rien compris ?

En fait, j’ai l’impression qu’ils se sont braqués sur la crise qui se déroulait au niveau fédéral, sans chercher à analyser les véritables causes du blocage politique.

Ils auraient pu constater que la N-VA est un parti qui gouverne en Flandre, donc capable de compromis. Pourquoi un ministre N-VA n’a-t-il pas été entendu lors de la mission parlementaire française? Kris Peeters, ministre-président flamand CD&V, n’a pas non plus été reçu, à l’inverse de Charles Picqué, son homologue bruxellois. Je ne comprends pas.

Les députés français ne croient manifestement plus en l’avenir de la Belgique : sur ce point au moins, vous partagez leur analyse ? Tout à fait. La Belgique connaîtra encore des crises communautaires et des réformes de l’Etat. L’analyse des députés français est correcte. Ils ont raison de se montrer inquiets.

Entretien: Pierre Havaux

A lire dans le Vif l’express : comment les députés français font leur deuil de la Belgique – deux parlementaires français s’expliquent – Bart De Wever vu de Paris.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire