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Flandre : bientôt un test linguistique à réussir

Après l’obligation d’efforts, bientôt l’exigence d’un résultat. La Flandre songe à corser le parcours d’intégration linguistique imposé à ses nouveaux arrivants. Echouer au test de néerlandais ne serait plus sans conséquences.

Toujours plus loin. S’intégrer en Flandre est de moins en moins un vain mot.

Les nouveaux arrivants non européens ne sont plus livrés à eux-mêmes, quand ils débarquent en Belgique et s’installent dans le nord du pays. Pas question de se dérober à un parcours d’intégration civique. En néerlandais dans le texte : l' »inburgering », un mélange de cours d’orientation sociale (60 heures) et de néerlandais (de 120 à 140 heures), censé les aider à se couler harmonieusement dans la société flamande.

Gare aux mauvaises têtes : une amende de 50 à 5 000 euros attend le récalcitrant qui s’aviserait de brosser plus de 20 % des cours.

Etre assidu en classe, c’est bien. Terminer son parcours avec fruit, ce serait encore mieux. L’idée fait son chemin dans le nord du pays : après le simple engagement à fournir des efforts, on passerait à l’exigence de décrocher un résultat, couronné par un certificat d’intégration. Rien de tel que la frousse d’un examen pour fouetter l’énergie des moins motivés.

La Flandre monte dans les tours. Et qu’importe si l’accord de gouvernement flamand (N-VA-CD&V-SP.A) n’envisage pas ce cran supplémentaire à l’intégration. « Les esprits évoluent, et je m’en réjouis », a pu constater devant les parlementaires flamands le ministre régional en charge de l’Inburgering. Où qu’il se tourne, Geert Bourgeois (N-VA) se sent pousser des ailes. Tout l’incite à placer la barre encore plus haut. Même le pouvoir fédéral, où la N-VA est dans l’opposition, lui indique la voie à suivre.

« Demander des résultats, c’est rendre service aux gens »

Ainsi à partir du 1er janvier prochain, devenir belge deviendra plus difficile. Il s’agira, entre autres, de prouver son intégration sociale et sa connaissance d’une des trois langues nationales. La chose n’a pas échappé à Bourgeois. « Le niveau fédéral va désormais coupler à la nationalité un critère linguistique de niveau A2, supérieur au niveau que nous demandons dans notre parcours d’inburgering. »

Le ministre N-VA entend bien s’aligner. Le copié-collé est prêt pour insertion dans un projet de décret. « 90 à 95 % des gens qui suivent aujourd’hui un cours décrochent le niveau A1, qui est très élémentaire et nettement insuffisant pour pouvoir fonctionner dans la société de la manière dont nous la comprenons. »

Tout cela est très joli. Sauf que réussir n’est pas donné à tout le monde. Fatma Pehlivan, députée SP.A, a une pensée pour les futurs recalés. Et s’émeut de la suspicion ambiante. « Il n’y a pas de mauvaise volonté, au vu des listes d’attente. Comment va-t-on sanctionner les gens qui veulent apprendre le néerlandais mais qui, sous la pression de circonstances de tous ordres, n’obtiendront pas le résultat que vous attendez ? »

Sur ce point sensible, le député CD&V Ward Kennes préfère détourner le regard. La priorité est ailleurs : « Je ne dis pas que nous devons perdre de vue ces gens. Mais la question est bel et bien de passer à la vitesse supérieure en matière de connaissance linguistique. De choisir ce que la communauté flamande d’accueil attend des nouveaux arrivants. »

Le sort de ceux qui ne satisferont pas au niveau linguistique requis n’occupe pas encore les pensées de Geert Bourgeois. Pour les modalités pratiques, on verra plus tard.

C’est l’intention qui compte : « En leur demandant des résultats et en leur imposant un certain niveau, nous rendons service à ces gens. » Le ministre N-VA voit déjà plus loin : le parcours d’intégration n’est pas tout. « A ce stade, on ne participe pas encore à la société. Pour cela, on exige une citoyenneté active, un engagement, une participation à la vie associative, à la vie du quartier, au comité de parents, etc. »

L’intégration à marche forcée. Avec encore plus de bâton que de carotte.

Pierre Havaux

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