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Fin d’année chahutée pour le gouvernement Michel

On l’avait annoncé kamikaze; le gouvernement Michel a poursuivi inlassablement sa route, multipliant les réformes malgré des turbulences intestines et les critiques de l’opposition.

Mais alors que s’ouvrent deux années électorales en cette seconde moitié de législature, les tensions vont croissant entre partenaires de majorité. Or, paradoxalement, le gouvernement peut s’enorgueillir de récolter les fruits de ses réformes à l’heure où la Banque nationale annonce la création de 250.000 emplois durant la législature, revoit à la hausse le taux de croissance et à la baisse le déficit.

Ces tensions sont apparues dès la rentrée alors que le gouvernement tentait de peaufiner le grand accord d’été. Ce dernier lot de réformes, de nature essentiellement fiscale, traduisait un compromis forgé par le premier ministre Charles Michel attentif à son rôle d’arbitre entre les trois composantes flamandes de son équipe, soucieuses d’engranger des « trophées » électoraux. Retouché à plusieurs reprises au gré des humeurs des ‘partenaires’ N-VA, Open Vld, CD&V, le tryptique impôt des sociétés-exonération fiscale-taxation des comptes titres est arrivé tardivement au parlement, suscitant l’ire d’une opposition chauffée à bloc à quelques encablures de la trève des confiseurs.

Au sein de la majorité, il y avait de l’électricité dans l’air depuis que la N-VA avait flingué début décembre le pacte énergétique aussitôt rebaptisé « projet de vision » que le fédéral invitait à approfondir, avec les Régions et les acteurs socio-économqiues, en dépit de sa validation par les gouvernements bruxellois et wallon. Pour la N-VA, plus question de sortir du nucléaire en 2025, tant que ne sont pas assurés l’approvisionnement et la limitation du coût.

Dans la foulée, le gouvernement a vu son accord de l’été buter sur l’intransigeance de l’opposition qui, au terme de débats vaudevilesques, a concédé que la seule réforme de l’impôt des sociétés puisse entrer en vigueur début 2018. Une fois de plus, la N-VA est sortie gagnante de cet épisode.

Le dossier de l’asile a ravivé les braises. Des témoignages de torture sont parvenus du Soudan, venant de ressortissants expulsés par la Belgique avec la collaboration d’une mission d’identification soudanaise invitée par Theo Francken. Mis sur la sellette, y compris par le CD&V, le secrétaire d’Etat N-VA a promis une enquête. Avec la N-VA, il s’est frotté au premier ministre Charles Michel qui avait annoncé une suspension des expulsions vers le Soudan. Le vote d’une motion a permis de rabibocher la majorité. Et après avoir qualifié d' »absurdes » des déclarations de M. Michel, le très médiatique secrétaire d’Etat a dû présenter des excuses. Vendredi toutefois, il était accusé d’avoir menti et sali l’image du premier ministre. La séance de la Chambre a implosé après les demandes de l’opposition d’avoir des explications.

Si 2017 a connu une fin difficile, le début de 2018 pourrait aussi se révéler dangereux. Le débat nucléaire est censé se clore d’ici la fin janvier. D’ici là, au parlement, les derniers éléments de l’accord de l’été doivent être adoptés. A moins que le parlement francophone bruxellois vienne retarder le vote. Deux projets attendent toujours: la taxation des comptes-titres, compensation accordée au CD&V pour l’absence de taxation des plus-values, et l’exonération de charges à concurrence de 500 euros pour le travail occasionnel, chère à l’Open Vld mais unanimement décriée par les partenaires sociaux.

Tout retard de ces deux projets pourrait mettre à nouveau la coalition sous pression. L’accord de l’été forme un tout, a réaffirmé le Premier ministre vendredi à l’issue du dernier conseil des ministres. « Nous avons approuvé un accord politique et nous devons suivre cet accord politique », a-t-il dit.

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