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Fêtes de Wallonie : mais que veut donc le CDH ?

Des discours politiques de circonstance à Namur, à l’occasion des Fêtes de Wallonie qui célèbrent le 30e anniversaire des institutions wallonnes. Avec une interrogation toute de même : que cherche le CDH, qui, contrairement à ses partenaires de majorité PS et Ecolo, n’avait pas droit à la parole mais a envoyé en avant (ou s’est laissé déborder par) ses deux bourgmestres de Namur et Charleroi qui ont clairement évoqué la séparation de la Belgique.

Personne ne va évidemment croire que les deux bourgmestres CDH de deux des plus importantes villes de Wallonie se sont vraiment exprimés à titre personnel, à l’occasion de ces Fêtes de Wallonie 2010, qui commémorent le 30e anniversaire des institutions wallonnes.

Première salve vendredi: Jean-Jacques Viseur, le bourgmestre de Charleroi, s’inspire de Jules Destrée (lettre au Roi : « Sire, il n’y a plus de Belges ») et affirme que la Wallonie doit jouer la carte d’un nationalisme wallon « ouvert et sans complexe ». « L’expression de notre attachement à une Belgique qui ressemble de plus en plus à une coquille vide n’y fera rien, ajoute-t-il, la Flandre vogue vers une forme d’indépendance qu’elle atteindra tôt ou tard. »

Deuxième salve samedi matin : Jacques Etienne, le bourgmestre de Namur, qui n’est pas particulièrement copain avec Viseur (pour cause de choix du siège de la future école d’administration) en remet une couche et évoque une scission de la Belgique qui est peut-être « inscrite dans les astres » et note « la grande disposition de nos concitoyens à regarder en face l’hypothèse d’une séparation. » Et il poursuit : « Admettre la possibilité d’un divorce peut sauver un mariage. »

Il y a encore des Belges Le CDH a réagi, pour officiellement prendre ses distances et préciser, s’agissant de Viseur en tout cas, qu’il s’agissait là de propos personnels. Le site internet du parti humaniste reprend néanmoins le propos de Jean-Jacques Viseur et laisse l’opportunité aux adhérents de réagir. Deux premières réactions pour donner raison aux bourgmestres, et la 3e pour permettre d’exposer un avis contraire, ou plutôt différent : rien n’empêche les francophones de rester… Belges, avec ou sans les Flamands.

Quant à la position de Jacques Etienne, le parti ne pourra prétendre qu’il a été pris par surprise. Le bourgmestre de Namur avait déjà tenu les mêmes propos en décembre 2009, parlant, déjà, de divorce. « Je pense qu’à un moment la question devra être posée de se séparer tant qu’il y a de l’argent dans la caisse du ménage », avait-il déclaré. Et, déjà, le parti avait tenu à prendre ses distances.

Avec le PS La question se pose dès lors de savoir si le CDH est devenu incapable de contrôler ses membres et ne peut s’opposer à des prises de parole qui peuvent aller dans tous les sens. Ou alors de savoir s’il a élaboré une tactique compliquée pour dire des choses sans les dire, et calquer son attitude sur celle du PS, dont plusieurs responsables ont ouvertement déclaré qu’il fallait se préparer à l’éclatement du pays. En somme : absence de concertation en interne, ou concertation bien huilée avec le partenaire. Si à un moment on le lui reproche quoi que ce soit, le CDH pourra aisément faire marche arrière.

Il faut dire que les humanistes, s’ils n’avaient eu leurs deux mayeurs, n’auraient pas eu droit à la parole à l’occasion de ces Fêtes de Wallonie. C’est en effet Emily Hoyos, la présidente Ecolo du Parlement wallon, qui héritait de tous les honneurs officiels. Devant un parterre comprenant toutes les autorités wallonnes, mais aussi devant Kris Peeters (CD&V), le ministre-président flamand, et le premier ministre Yves Leterme (idem), elle a appelé à travailler à « la réussite du plan A, avec A comme avenir », dans lequel, autonomes da ns une Belgique nouvelle, toutes les entités fédérées peuvent collaborer. Aucune d’entre elles ne demande la charité, mais « ce qu’elles veulent, c’est le respect, sans lequel il n’y a pas de désir de solidarité. »

Et c’est le ministre-président socialiste Rudy Demotte qui a eu le dernier mot, en affirmant que « les Régions ont le sens des responsabilités », qu’il n’est donc pas nécessaire de parler de « responsabilisation », et que c’est les mépriser « de considérer qu’elles auraient à gérer de l’argent de poche ».

MICHEL DELWICHE

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