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Felix van Groeningen :  » Si je remporte l’Oscar, je remercierai aussi la Belgique « 

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Dimanche, le réalisateur sera peut-être le premier Belge à recevoir l’Oscar du meilleur film étranger à Hollywood pour son drame The Broken Circle Breakdown. « Ce serait formidable pour la Belgique », s’enthousiasme celui qui a été révélé par La merditude des choses.

Le Vif-L’Express : Vous terminez votre tournée de promotion pour les Oscars à Los Angeles. Comment cela s’est-il passé?

Felix van Groeningen : Très bien. C’est très agréable d’être ici, le film marche formidablement bien. Chaque jour, on en profite, simplement, we enjoy the ride. Depuis des mois et des mois, on multiplie les projections auprès des gens de l’industrie. On a vraiment le sentiment que le film vit.

Cela fait grandir en vous l’espoir de décrocher l’Oscar du meilleur film étranger ?

Nous sommes déjà super contents d’être nominés, c’est déjà gagné, c’est génial. Mais plus on approche de ce moment, plus cela devient excitant et plus on y croit évidemment. Quand on voit combien les gens adorent le film, on se dit que c’est vraiment possible. Mais il faut être réaliste, aussi, parce que La Grande Bellezza (Ndlr : de Paolo Sorrentino) décroche les prix partout et est porté par les critiques.
Si on pouvait remporter cet Oscar, ce serait fantastique pour la Belgique. Les Danois disent dans la presse qu’ils seraient heureux de gagner pour la quatrième fois. Les Italiens, que nous avons rencontrés, espèrent renouer avec le succès, dix ans après leur dernier Oscar. Pour nous, Belges, ce serait la première fois !

C’est important pour vous que ce prix soir adressé à la Belgique, dans la lignée d’autres succès nationaux comme ceux de Stromae, des Diables rouges ou du prix Nobel de physique ?

Ça participe à ça, oui. J’aime bien la Belgique et c’est elle qui est nominée. Partout, il y a des gens qui sont super contents pour nous et pour le cinéma belge. J’aime la Flandre aussi, là n’est pas la question. The Broken circle breakdown est d’ailleurs un vrai film flamand, il n’y a pas d’acteurs ni d’argent francophone dedans.

La Flandre se replie sur elle-même avec le succès du nationalisme. Votre actrice principale Veerle Baetens en a fait l’amère expérience en se faisant critiquer par les nationalistes après avoir mis en garde contre l’éclatement de la Belgique lors de la réception de son prix d’interprétation aux European Awards. Cela vous inquiète ?

Oui, un peu. C’est bizarre de se faire engueuler quand on affirme qu’il serait dommage que la Belgique disparaisse. C’est purement l’effet de la politique. C’est incroyable de voir comment la N-VA a réussi a changé les mentalités.

Un lavage de cerveau ?

C’est un peu ça la politique, non ? Tout ce que je peux dire, c’est que ces gens de la N-VA sont très forts. Mais je trouve dommage que tant de gens votent pour ce parti sans pour autant être séparatistes. J’espère que ce sera un thème un peu plus clair pour les élections du mois de mai. Les autres partis doivent exprimer pendant la campagne que voter pour la N-VA, c’est voter pour l’éclatement du pays et l’indépendance de la Flandre. Si vous ne voulez pas de ça, ne votez pas pour la N-VA. C’est mon point de vue.

De nombreux artistes flamands ont mené une campagne contre le nationalisme. Avez-vous l’intention de le faire ?

Je ne suis pas assez fort pour ça, je ne suis pas assez éloquent. Mais en même temps, les Oscars constitueront un moment propice. Si jamais nous gagnons, je remercierai aussi la Belgique.

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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