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Faut-il avoir peur de la Flandre ?

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Budget, fiscalité, flexibilité du travail, chômage… Une large majorité, au nord du pays, exige un électrochoc ultralibéral et la fin des transferts financiers vers la Wallonie. En menaçant les francophones : « Pas de bâtons dans les roues. Sinon, ce sera le confédéralisme… »

C’est une lame de fond venue de Flandre qui est annoncée lors du triple scrutin de ce 25 mai. A droite, toute ! Les électeurs du nord du pays se préparent à envoyer un signal sans équivoque aux francophones : il faut réformer en profondeur le pays, assainir le budget, baisser les impôts, doper la compétitivité, interdire le chômage de longue durée, rendre le travail plus flexible… Bart De Wever l’a (encore) répété, en mettant les formes, ce mercredi, lors de son message vidéo aux francophones. Cette révolution socio-économique aux accents ultralibéraux est portée avec plus ou moins d’intensité par la N-VA, le CD&V et l’Open VLD, pour ne pas parler d’un Vlaams Belang bloqué par le cordon sanitaire.

Si une rupture n’est pas possible au fédéral en raison d’un blocage francophone, singulièrement du PS, cette Flandre déterminée et sans états d’âme réclamera une nouvelle réforme de l’Etat, exigera une étape supplémentaire dans le démantèlement larvé du pays. Cap, alors, sur le confédéralisme avec son cortège de nouvelles menaces : régionalisation de la fiscalité, scission de la sécurité sociale… 2014 est l’heure de vérité. Et c’est de nature à faire peur à des francophones qui ne comprennent pas toujours cette population flamande décomplexée.

Le Voka, qui représente le patronat flamand, est devenu l’un des symboles forts d’une Flandre conquérante. « La prospérité, dit Michel Delbaere, son président, ce n’est pas une idéologie, mais une ambition humaine. » Il faut des réformes ! Sinon, la question communautaire reviendra. Pourtant, dit-il, « ce n’est pas le communautaire qui nous intéresse, c’est la prospérité. J’assume cette valeur de la Flandre actuelle. Nous voulons retrouver les 2% de croissance nécessaires pour sauver notre modèle social. Sinon, nous n’arriverons jamais à payer nos factures de soins de santé et de vieillissement. D’ici à 2060, cela représentera 60% du PNB, c’est impayable, le moteur s’arrêterait, faute d’oxygène. Ce constat ne vient pas de Bart De Wever mais d’Herman Van Rompuy. Depuis que je suis devenu président, il y a deux ans, j’ai toujours dit que cette élection devait mener à un consensus, au nord comme au sud, sur les réformes structurelles nécessaires. C’est un discours que nous tenons au niveau belge, car la majorité des prérogatives sont encore fédérales pour l’instant. La question-clé est la suivante : va-t-on se répartir la misère de façon plus juste ou va-t-on profiter des opportunités qui se présentent ? Passons à la conquête plutôt qu’à la défense ! »


Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine

L’interview de Michel Delbaere : « Ne nous mettez pas des bâtons dans les roues. » Le « bon Flamand » est en marche Toute la Flandre est-elle devenue égoïste, revancharde, hostile aux francophone, favorable aux thèses de la N-VA ? « La modernité flamande est ethnocentrique. » Les exigences de la N-VA La clé pour la N-VA reste l’électorat du Belang Les dix virages qui ont mené à cette Flandre « décomplexée ».

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