/ © iStock

Exclusion scolaire : « Souvent une accumulation d’incivilités vraiment graves »

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Sur l’année scolaire 2013-2014, 2.347 dossiers d’exclusion ont été introduits dans les écoles belges, selon les chiffres du dernier rapport de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cela signifie que plus d’un élève sur 200 est concerné par des signalements d’exclusion ou de refus de réinscription.

Dans ce rapport, on peut lire que les élèves exclus de l’enseignement secondaire ordinaire proviennent en majorité du premier degré et de la troisième année professionnelle. Plus l’élève est âgé au moment de l’exclusion, plus il présente un taux élevé de retard. « Un élève ne sera pas exclu pour un seul fait isolé, mais pour une accumulation d’incivilités considérées comme vraiment graves dans un contexte défini » , explique Laura Bietheres, attachée au service des Inscriptions et de l’Assistance aux Établissements scolaires contactée par nos soins. Une procédure d’exclusion est assez complexe, et consiste en plusieurs étapes impliquant l’élève incriminé, ses responsables et la direction de l’établissement. « Une décision ne se prend donc pas à la légère « , insiste Laura Bietheres.

Dans l’enseignement ordinaire, les incivilités sont définies par « perturbation systématique des cours », « attitude négative face au travail » ou encore « incitation à l’indiscipline », elles sont la cause de près de six exclusions sur dix et représentent respectivement 51,2%, 49,9 et 54,8 % des exclusions. Quant aux autres faits plus graves comme la violence à l’égard d’un autre élève ou d’un membre du personnel par exemple, ils représentent respectivement 28,8% et 8,9% des exclusions. La pression psychologique insupportable, par insultes, injures, calomnies ou diffamation, envers un membre du personnel est de l’ordre de 18,1% et le harcèlement envers un élève de 15,1% ressort-il du rapport. « On remarque que la violence physique est prépondérante dans le fondamental. La violence morale étant, elle beaucoup plus difficile à déterminer », avance l’attachée. « Des garde-fous sont mis en place pour gérer les élèves plus difficiles dans les différents réseaux. Les centres PMS, des psychologues ainsi que des équipes mobiles assurent un suivi et dans certains cas, une médiation scolaire est envisagée lors d’un clash entre une classe et un professeur en particulier« , commente également Laura Bietheres.

Plan de prévention contre le radicalisme à l’école

Dans les établissements scolaires, des équipes mobiles sont actuellement formées pour réagir face aux faits ou propos racistes, aussi dans la liste des motifs d’exclusions, afin de traiter les problèmes qui pourraient en découler. Et notamment traiter avec des médiateurs externes des faits comme le passage à tabac début de semaine d’un jeune homme de 20 ans à la sortie d’un Athénée d’Anderlecht, car il aurait refusé de signer une pétition demandant de destituer un professeur d’histoire jugé trop partisan de Charlie Hebdo. Dans ce contexte tendu, Joelle Milquet, ministre de l’Education de la Fédération Wallonie-Bruxelles, a lancé à la mi-janvier son « Plan de prévention contre le radicalisme à l’école ».

Énumérons encore de ce rapport, les motifs d’exclusions suivants: la consommation et détention d’alcool (1,4%), les faits ou propos racistes (2,5%) ou encore la vente/le trafic de substances stupéfiantes (2,6%). Les violences sexuelles verbales ne représentant « que » 1,7%, les attouchement (s) non désiré (s)1,7%, tandis que les acte(s) sexuel(s) non désiré(s) se chiffrent à 0,5%. La majorité des faits d’exclusion (57%) ont lieu pendant les cours. Un sur trois a lieu pendant les périodes d’intercours ou de récréation.

Au niveau géographique, c’est dans le Hainaut et à Bruxelles, où la concentration d’écoles à discrimination positive est la plus forte, que les exclusions et les refus d’inscription sont les plus élevés avec pour l’année scolaire passée 684 exclusions à Bruxelles, soit 0.44% par rapport au nombre d’élèves (595 refus d’inscription, soit 0,38% ) et 674 dans le Hainaut (0,33%). La Flandre orientale, de son côté, n’en comptabilise que 3 et aucun refus d’inscription. Bonne élève.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire