Philippe Maystadt

Europe : la méthode Van Rompuy ou Verhofstadt ?

Philippe Maystadt Ex-président de la BEI

Pour relancer la construction européenne, faut-il proposer une vision ambitieuse, à la hauteur des défis à relever et seule susceptible de susciter l’enthousiasme ? Ou faut-il se contenter de propositions plus modestes, sans doute plus réalistes, cela afin d’éviter une réaction de rejet ? Le pragmatisme prudent d’Herman Van Rompuy et de nombreux responsables gouvernementaux les pousse à privilégier la seconde approche. Guy Verhofstadt et d’autres parlementaires européens ont manifestement choisi la première. La différence entre les deux approches porte moins sur l’objectif – une Europe plus prospère, plus juste et plus démocratique – que sur la méthode pour y parvenir, en particulier sur l’opportunité de lancer, au lendemain des élections européennes, la procédure d’élaboration et de ratification d’un nouveau traité. Verhofstadt demande la convocation d’une Convention pour préparer ce nouveau traité ; Van Rompuy se montre plus que réticent.

Un nouveau traité, c’est le passage obligé pour se doter de nouveaux moyens destinés à mener des politiques communes dans les domaines où l’ensemble peut être plus efficace que chacun séparément. La zone euro a aussi besoin de nouveaux instruments pour amortir l’impact des chocs économiques et soutenir les populations les plus fragiles. Comme le souligne un groupe de professeurs, dit de Glienicker, très influent en Allemagne : « La zone euro a besoin d’un nouveau traité fondateur qui soit véritablement le sien […]. Le débat autour d’un Traité sur l’euro porterait enfin sur ce qui est voulu et nécessaire dans la politique européenne, et non pas seulement sur des objections constitutionnelles réelles ou supposées. » Les arguments en faveur d’un nouveau traité sont très solides.

Toutefois, des pro-Européens convaincus, comme Philippe de Schoutheete, estiment que, dans la situation actuelle, la ratification d’un nouveau traité quelque peu substantiel est hors de portée. Selon eux, les négociations longues et compliquées qui précèdent inévitablement la signature d’un nouveau traité ainsi que les procédures parlementaires et surtout référendaires nécessaires pour sa ratification, sont à éviter à tout prix. Les opinions publiques n’y sont pas prêtes. L’inquiétude générée par la récession et la montée du chômage, l’hostilité à l’égard de « Bruxelles », le ressentiment du Nord à l’égard du Sud et vice versa, tout cela crée un climat qui rend pratiquement impossible un tel exercice. Ne serait-il pas préférable d’attendre quelques années que la croissance soit revenue dans tous les pays partenaires, que le chômage ait clairement reculé, que l’union bancaire soit devenue une réalité et que des initiatives de la nouvelle Commission en matière de mobilité professionnelle et de contrôle de l’immigration aient commencé à porter leurs fruits ?

Le groupe d’experts français Eiffel, qui plaide lui aussi pour un nouveau traité, ne semble pas insensible à cette argumentation puisqu’il écrit que « vu l’ampleur des réticences », l’entreprise doit être préparée soigneusement et que « dans l’intervalle, la priorité serait d’améliorer la situation économique et sociale qui exacerbe les tensions dans les pays membres et entre eux ». C’est sans doute l’approche la plus sage : préparer dès maintenant un nouveau traité, indispensable pour réaliser l’ambition de la construction européenne – assurer la paix et le bien-être – mais n’entamer les négociations officielles que lorsque les conditions du succès seront davantage réunies.

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par Philippe Maystadt Président de la Fondation « Ceci n’est pas une crise » Une banque mobile La tendance d’aujourd’hui ne devrait pas s’inverser demain. Tous les projets concernent la banque en ligne et les applications mobiles. Certaines applications présentées devant le pré-jury proposent une analyse de leur situation financière suivie d’une aide à la gestion de leur potentiel de dépenses. Une équipe propose même un réseau social de partage d’information sur ses dépenses de manière personnalisée avec ses amis et sa famille. Ce système permet en outre de régler les petites dépenses entre amis en fin de mois. Demain à partir de 16 heures, les projets seront présentés au jury final composé de personnalités du monde des affaires, des médias sociaux et de la banque. Les gagnants partiront une semaine dans le Silicon Valley.

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