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Et si l’on instaurait le droit de vote à 16 ans ?

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le MR Georges-Louis Bouchez lance le débat avec l’objectif de revitaliser la démocratie. Mais la question divise jusqu’au sein même des organisations de jeunesse.

Les sanctions administratives communales s’appliqueront désormais aux jeunes à partir de 14 ans. Ainsi en a décidé le monde politique fédéral fin mai en votant une extension de la loi existante. Des amendes pourront être imposées pour les jets de détritus sur la voie publique, le tapage nocturne ou autres comportements inciviques.

« Je partage ce constat selon lequel les jeunes sont responsables de plus en plus tôt de leurs actes, affirme Georges-Louis Bouchez, échevin MR des Finances à Mons. Mais si l’on considère que les jeunes d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’il y a vingt ans, alors allons au bout de la logique en leur accordant le droit de vote à partir de 16 ans. »

Le débat fait rage au Canada depuis le début de l’année et naît dans plu- sieurs pays d’Europe, dont la France. Un gadget ? « Non, s’insurge le jeune loup montois. Qui mieux qu’un jeune a une vision sur la politique sportive, vu qu’ils sont majoritaires dans les clubs ? Qui mieux qu’un jeune a une vision sur sa scolarité ou sur la vie culturelle ? On me rétorque qu’ils ne sont pas assez formés. Mais on utilisait déjà cet argument quand on est passé de 21 à 18 ans et il n’y a pas eu de catastrophe thermonucléaire. » Il suffirait, juge-t-il, « d’un encadrement scolaire efficace, sans parti pris et je fais confiance aux profs pour ça ». Georges-Louis Bouchez renvoie notamment à la récente proposition de son collègue de parti, Richard Miller, visant à créer un cours d’éducation à la citoyenneté.

Le vote non obligatoire

Accorder le droit de vote à 16 ans serait, selon lui, une manière de revitaliser la démocratie et de rendre la politique plus en phase avec son temps. « Cela va d’abord susciter un débat bien utile sur l’importance de ce droit à l’heure où la politique est trop souvent décriée. Ensuite, donner la parole à ceux qui sont inquiets pour leur avenir pourra changer la façon dont on aborde les problèmes, mettre en avant d’autres priorités. C’est d’autant plus important qu’avec le vieillissement de la population, nous risquons d’avoir une société de plus en plus conservatrice. Si on veut redonner de l’espoir, il faut rendre aux jeunes la conviction qu’ils peuvent réellement changer leur société. »

Cette réforme devrait être conjuguée à une autre, plus fondamentale, conclut Georges-Louis Bouchez : le vote ne devrait plus être obligatoire. « Parce que le fait de ne pas aller voter est déjà une expression. La première responsabilité d’un politique, c’est de donner envie aux gens de l’écouter, de le suivre et de lui faire confiance. Or en Belgique, on n’est pas dans ce schéma-là. Les gens sont obligés de venir dans l’isoloir et ils votent de façon assez classique. Un élection où il y aurait 50 % d’abstention, quel signal ce serait pour le politique ! Quelle responsabilité cela lui donnerait ! »

La réforme ne pourrait pas entrer en vigueur pour les élections de 2014 car elle nécessite une révision de la Constitution. « Mais ce débat doit se préparer en vue des élections suivantes », conclut-il.

L’idée divise pourtant jusqu’au sein des organisations de jeunesse. « C’est une question délicate au sujet de laquelle nous avons déjà eu beaucoup de débats, explique Géraldine Motte, secrétaire générale du Conseil de la jeunesse d’expression française. Nous n’avons pas pu trouver une position unanime. Nous prônons une plus grande participation des jeunes à la vie publique dès 16 ans, mais parallèlement, nous souhaitons un encadrement, une éducation à la citoyenneté. L’un ne peut pas aller sans l’autre. »

Olivier Mouton

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