© Belga

Et maintenant, une filière Tchétchéne en Belgique

Onze personnes interpellées mardi matin sont suspectes d’avoir recruté des candidats jihadistes en Belgique. D’avoir exfiltré de l’argent à destination de la Tchétchénie. Et d’avoir projeté un attentat en Belgique.

L’annonce, mardi en fin de matinée, de l’interpellation de onze personnes (et non dix comme cela fut dit initialement) au cours d’autant de perquisitions menées après la découverte d’un projet jihadiste (surle site Internet Ansar al Mujahideen) a suscité un certain émoi chez les observateurs.

D’abord parce qu’un projet d’attentat à commettre sur sol belge compte au nombre des soupçons (où et quand, ce n’est pas sur). Ce qui est rarissime : on ne se souvient guère, à cet égard, que du projet d’attaque contre le personnel américain de la base aérienne de Kleine Brogel fomenté par Nizar Trabelsi (arrêté en 2001 et condamné en appel en 2004 à 10 ans de réclusion criminelle).

Ensuite parce que, parmi les suspects, figurent un Russe d’origine tchétchène et un Tchétchène. En effet, la communauté tchétchène établie en Belgique (traditionnellement à Arlon et à Verviers) n’a, jusqu’il y a peu, posé aucun problème de cette nature. Mais il est vrai que les interpellations se sont surtout produites dans la région anversoise, la cité scaldienne ayant déjà, il est vrai, plusieurs fois servi de refuge au terrorisme, à son corps défendant. Etonnant, quand même : Lors Doukaïev, le boxeur liégeois arrêté le 10 septembre dernier à Copenhague alors qu’il tentait d’y commettre un attentat, est lui aussi d’origine tchétchène. Peut-être faudra-t-il prendre une nouvelle filière en compte ?

Plus classique : les autres suspects sont soit Belgo-Marocains, soit Hollando-Marocains, tous avec une double nationalité.

L’ampleur de l’opération sort elle aussi de l’ordinaire. Menée sous la houlette du parquet fédéral belge, elle a réuni des membres de plusieurs corps de police ainsi que des agents de la Sûreté de l’Etat. Et elle concernait trois pays : le nôtre (7 arrestations), bien sûr, mais également l’Allemagne (1 arrestation) et les Pays-Bas (3 arrestations), dont les propres services de sécurité ont bien sûr collaboré).

Bref, le juge d’instruction Filip Van Linthout, spécialisé dans le terrorisme, a du pain sur la planche : d’ici à mercredi matin, il doit décider s’il décerne des mandats d’arrêt et combien. Il sériera peut-être le sort des suspects selon leur activité réelle au sein du groupe. Levif.be peut en effet annoncer que les « Tchétchènes » s’occupaient plus singulièrement du recrutement de jihadistes et de l’exfiltration vers la Tchétchénie, ainsi que du transfert d’argent vers celle-ci – du moins vers un groupe nommé « Emirat du Caucase ». Et que les « Marocains » géraient plutôt l’activité sur Internet.

Ce groupe, dont on ignore s’il porte un nom et lequel, ne semble pas être lié à une organisation particulière. Le parquet fédéral ne confirme par exemple pas qu’il faudrait y voir l’ombre d’al Qaida.

En revanche, il semble qu’un ou deux des suspects soient par ailleurs membres de l’organisation informelle anversoise « Sharia4Belgium » qui, à l’instar de son modèle britannique, réclame l’islamisation complète de la Belgique. Elle s’était par exemple mise en lumière au mois de mai dernier en tentant d’organiser une manifestation pro-burqa. Et, en septembre, elle appelait les musulmans de Belgique à brûler des drapeaux américains.

A noter, enfin, que le niveau d’alerte terroriste n’a pas été relevé en Belgique. Et que malgré le caractère très récent de menaces terroristes mises au jour en Allemagne, avec sécurisation du Reichstag à la clef, l’opération de ce mardi est sans rapport avec elles.

Roland Planchar

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire