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Équilibre linguistique à l’armée: un colonel évoque un déséquilibre « flagrant »

Un officier francophone de haut rang, le colonel Richard Marchal, du service d’audit interne de la Défense, a dressé mercredi un constat sans fard du déséquilibre « flagrant » qui existe selon lui au sein de la haute hiérarchie de l’armée, parlant de « confiscation » de certains postes-clés par les néerlandophones, voire de favoritisme.

D’autres officiers entendus par le groupe de travail de la Chambre chargé d’examiner l’équilibre linguistique à l’armée se sont toutefois montrés plus nuancés, présentant une image davantage équilibrée de la situation dans leurs unités.

Le comité directeur de la Défense est composé de quinze généraux néerlandophones et de trois francophones (dont le « patron » de l’armée, le général Charles-Henri Delcour), a-t-il affirmé devant le groupe de travail de la Chambre chargé de l’examen de l’équilibre linguistique à l’armée et créé à la suite des déclarations de l’ex-commandant de la base aérienne de Florennes, le colonel Luc Gennart, qui avait dénoncé en octobre dernier une « flamandisation » des forces armées.

Selon le colonel Marchal, les postes-clés dans les structures décisionnelles sont toutefois aux mains des généraux néerlandophones. Les francophones sont pour leur part relégués dans des fonctions « protocolaires » ou dans des organismes internationaux, a-t-il souligné.

Des officiers néerlandophones occupent aussi des « golden jobs » (« fonctions en or ») dans des organismes internationaux, alors que tous les principaux postes de la représentation militaire belge auprès de l’OTAN (« Belotan », dans le jargon) sont confiés à des néerlandophones.

Il a mis le compte de ce phénomène sur le déséquilibre existant au sein des comités d’avancement, où les officiers néerlandophones sont souvent les plus nombreux et font jouer une forme de « proximité », voire de favoritisme, linguistique par « effet de cooptation » parfois culturel et inconscient.

Une thèse qu’a en partie conforté un chercheur Joseph Henrotin, chargé de recherche au Centre d’Analyse et de Prévision des Risques internationaux à Paris, qui a évoqué de phénomène « endogame », tout en démentant l’existence d’un « master plan » en faveur d’une flamandisation de l’armée.

Une vision plus nuancée

D’autres officiers supérieurs auditionnés mercredi ont toutefois présenté une vision plus nuancée. Le colonel Roger Housen, qui dirige la « Task Force Transformation » au sein de l’état-major – et donc un des bras droits du général Delcour -, a ainsi assuré que le plan de restructuration adopté l’an dernier par le gouvernement sur proposition du ministre de la Défense, Pieter De Crem (CD&V), était parfaitement « équilibré », touchant la Wallonie et la Flandre de façon similaire.

Ce « plan de finalisation de la transformation » ne « francise ni ne flamandise » l’armée, a-t-il lancé. Les proportions restent identiques, a-t-il assuré.

Après l’issue de la fin de la restructuration, il restera 18.670 fonctions en Flandre (48,85%), contre 33,37 en Wallonie et 17,74%à Bruxelles.

Le colonel Housen a détaillé les dissolutions d’unités et retraits du service de systèmes d’armes, montrant que dans certains omaines la Flandre est plus touchée que la Wallonie. Seule la Région bruxelloise s’en sort avec un léger gain d’effectifs, a-t-il ajouté.

Levif.be avec Belga

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