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Enseignement : volée de bois vert pour Marcourt

Le ministre Marcourt persiste et signe : il faut régionaliser l’enseignement. Cette affirmation lui a valu un tir de barrage de sa collègue Simonet (cdH) et de la chef de groupe MR au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui estime que son collègue devrait, tout simplement, démissionner.

Régionaliser l’enseignement : « Est-ce cela, la réponse à la crise ? » (Simonet)

Régionaliser l’enseignement, comme l’a une nouvelle fois proposé Jean-Claude Marcourt, ministre (PS) wallon de l’Economie et ministre de l’Enseignement supérieur au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ne constitue pas une réponse à la crise, a relevé Marie-Dominique Simonet, ministre (cdH) de l’Enseignement obligatoire : « Quel ministre de l’Economie en Europe se préoccuperait de cela ?, s’est-elle demandé, interrogée par l’agence Belga. Il y a une catastrophe sociale à Liège, des réponses à donner à l’Union européenne, et on ferait de la régionalisation de l’enseignement une priorité ! »

Marie-Dominique Simonet reconnaît certes à son homologue de l’Enseignement supérieur « le droit d’avoir ses positions » et se dit prête à « toutes les discussions ». Mais Jean-Claude Marcourt « va-t-il bientôt venir avec d’autres propositions sur la culture, la jeunesse ou la santé », autant de matières de la Fédération Wallonie-Bruxelles ?, ajoute la ministre.

Elle rappelle que l’organisation actuelle de l’enseignement prend déjà en compte les spécificités régionales puisque, « sur base de critères objectifs », l’enseignement bruxellois reçoit des moyens supplémentaires pour l’encadrement différencié, les classes-passerelles, etc.

Une régionalisation de l’enseignement ne figure de toute façon pas dans l’accord de gouvernement, conclut-elle, appelant à « construire ensemble » – notamment au travers de la mise en oeuvre de l’accord institutionnel – plutôt que déconstruire.

Rudy Demotte, ministre-président de la Région Wallonne et de la Fédération, qui avait pris son bâton de pèlerin la semaine dernière pour affirmer à plusieurs reprises le lien Wallonie-Bruxelles à la suite de la sortie de Jean-Claude Marcourt, n’a pas souhaité réagir mardi à cette nouvelle sortie sur l’enseignement. Certaines voix au PS soulignaient toutefois l’improbabilité d’une telle régionalisation, qui ne figure pas dans les programmes gouvernementaux et n’est pas dans la ligne du parti.

Régionaliser l’enseignement : Marcourt « est-il encore digne d’occuper une fonction au sein d’une institution qu’il dénigre ? » (Bertieaux)

Françoise Bertieaux, chef de groupe MR au Parlement de la la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), s’est interrogé sur la place occupée par le ministre wallon de l’Enseignement supérieur au sein du gouvernement de la Fédération après ses nouvelles déclarations en faveur d’une régionalisation accrue, cette fois de l’enseignement.

« Est-il encore digne d’occuper une fonction au sein d’une institution qu’il nie et dénigre ?, a-t-elle indiqué dans un communiqué. Peut-être devrait-il en tirer les conclusions en toute conscience ? »

Dans l’interview au Soir, « le ministre Marcourt tient deux discours, continue-t-elle. D’une part, sur la régionalisation de l’enseignement et, donc, la négation même de la FWB ; d’autre part, sur sa réflexion sur un projet pour la Wallonie« , ajoute l’élue libérale.

Elle critique la « logique » de Jean-Claude Marcourt qui n’a, selon elle, « aucun sens » quand il indique que les besoins des écoles wallonnes sont différents des écoles bruxelloises. « Tout comme les besoins des écoles molenbeekoises sont différents de ceux de Watermael-Boitsfort », a fait valoir Françoise Bertieaux.

Elle s’étonne enfin que le ministre « tire les conclusions avant même que ce groupe de réflexion (dont il a annoncé la création) n’ait commencé à réfléchir ».

Régionaliser l’enseignement : la Fédération des étudiants francophones s’inquiète

Le discours du ministre wallon « est loin de faire l’unanimité » au sein de la Fédération des étudiants francophones. Dans un communiqué de la FEF teinté d’ironie, les étudiants se disent « inquiets face au plan Warcourt » (sic).

La fédération étudiante souligne notamment que « ces déclarations donnent un sens nouveau à certains de ses projets en tant que ministre de l’Enseignement supérieur », notamment celui de réformer le paysage de l’enseignement supérieur, dans lequel le ministre « envisageait privilégier le fait géographique au fait confessionnel ». Cette piste est « intéressante » mais on peut se demander si le ministre Marcourt n’est pas en train de préparer, dans les faits, la régionalisation de l’enseignement supérieur, fait valoir la FEF.

Vu les circonstances économiques vécues dans la Région bruxelloise, un étudiant francophone bruxellois ne pourrait étudier dans les mêmes conditions qu’un étudiant francophone wallon, fait observer l’organisation. Quant aux élèves et étudiants de la communauté germanophone, pour l’instant incluse dans la région wallonne, qu’en adviendrait-t-il ?, se demande-t-elle encore.

Par ailleurs, ajoute la FEF, « si nous suivons jusqu’au bout l’idée du ministre qui souhaite régionaliser pour des besoins locaux, nous devrions nous attendre à le voir proposer sous peu de communaliser l’enseignement ».

Poursuivant dans l’ironie, l’association dit ne pas oser imaginer les conséquences d’un tel projet en son sein : « La FEF deviendrait, d’une part, l’UWE (Union wallonne des étudiants) et, d’autre part, la FEB (Fédération des étudiants bruxellois). Même si ces titres ne plairont pas à certains patrons, ce sont surtout les étudiants qui seront perdants. »

LeVif.be, avec Belga

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