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Enseignement : ces « chers » tests internationaux où l’écart Flamands/francophones « se réduit »

Le Vif

Leurs performances médiocres, et très inégales selon les écoles, situent systématiquement les élèves francophones loin derrière les jeunes Flamands, lors des enquêtes internationales. Et voilà que la ministre de l’Enseignement, Marie-Martine Schyns (CDH), invoque le « coût financier conséquent » de ces tests pour justifier le fait que la Fédération Wallonie-Bruxelles ne participe pas à toutes les épreuves. Tandis que la coordinatrice de PISA en Communauté française assure que les écarts se réduisent entre le nord et le sud du pays.

Le député francophone Alain Destexhe (MR) avait dénoncé récemment l’absence, en 2015, des jeunes francophones à la dernière enquête TIMSS, qui évalue la connaissance des mathématiques et des matières scientifiques.

TIMSS réunit, depuis 1995, 57 pays et 7 entités territoriales, dont la Communauté flamande. Les écoles de la Communauté française n’y ont participé qu’une seule fois, en 1995, précisément. Elles se joignent, par contre, régulièrement à PISA (lecture, mathématiques et sciences chez les élèves de 15 ans, OCDE), à l’enquête ESLC (langues, Commission européenne) et PIRLS (lecture, IEA : Association internationale pour l’évaluation du rendement scolaire). Nos élèves y sont systématiquement devancés par les jeunes Flamands.

La ministre de l’Enseignement, Marie-Martine Schyns (CDH), invoque, dans sa réponse au député, le « coût conséquent » que requiert la participation de la FWB à ces nombreuses enquêtes internationales. Elle concourrait à d’autres enquêtes, « si elle en avait les moyens », dit-elle.

Pour PISA 2015, axée sur la lecture, la décision fut prise, au niveau international, d’implanter toutes les évaluations sur ordinateur. Dont coût pour chaque participant : 59.000 euros, sur un budget total de 160.000 euros affectés à l’enquête par la Communauté française. « Ceci a eu des répercussions, commente la ministre, sur l’ampleur de l’essai de terrain qui a précédé l’étude. »

La participation à PISA implique, pour chaque pays, les frais liés à la réalisation de l’étude et une contribution aux frais internationaux de développement et de gestion des données.

« Manque de soutien parental »

Le Pr Dominique Lafontaine, de l’Université de Liège, coordinatrice de l’enquête Pisa de l’OCDE pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, motive et relativise, de son côté, les performances « moyennes à faibles » de nos élèves dans ces diverses enquêtes. L’écart entre nos deux Communautés, noté lors de l’enquête TIMSS de 1995 était dû, dit-elle, principalement à une utilisation régulière de manuels de sciences en Flandre et très peu en francophonie. Selon une enquête récente menée auprès des enseignants du primaire, le recours à ces manuels serait d’ailleurs toujours peu fréquent au sud du pays.

Lors des enquêtes PISA, les jeunes Flamands occupent une position supérieure à la moyenne des pays de l’OCDE. Mais les écarts se resserrent, entre francophones et néerlandophones, « suite à une lente et constante érosion, tant en sciences qu’en lecture et en mathématiques, des performances au nord du pays ». Selon le Pr Lafontaine, toujours, l’écart se serait réduit de moitié en lecture, depuis 2000, de 40% en maths, depuis 2003, et de 30% en sciences, depuis 2006.

Des différences apparaissent également entre les deux communautés dans les réponses apportées par les directions d’écoles et les élèves aux questions situant les divers contextes socio-économiques. « Les réponses témoignent plus souvent de leurs perceptions que de réalités tangibles », nuance la ministre, qui fournit quelques chiffres.

Ainsi, le manque de soutien parental est-il un problème pour 83% des directeurs d’écoles francophones, contre 33% en Flandre. La pauvreté de l’environnement familial pose problème pour 55% des directeurs du sud du pays, contre 9,5% en Flandre. Mme Schyns relève encore, en FWB, une population de jeunes globalement moins bien lotie sur le plan économique et social, avec une proportion assez importante de jeunes issus de l’immigration.

Michelle Lamensch

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