Centrale de Tihange © Belga

Energie : la suédoise songe à remettre le nucléaire en selle

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

L’énergie est devenue une bombe politique, qui divise les partis de la nouvelle majorité fédérale. Une certitude, à leurs yeux : le mix énergétique belge doit être revu, en prolongeant le nucléaire. De là à construire une nouvelle centrale, comme le souhaite la N-VA, il y a un pas que la future coalition hésite à franchir…

L’énergie est devenue l’un des dossiers les plus sensibles de la politique belge. « Une bombe », confesse-t-on dans tous les partis francophones. L’explosion des coûts, qui pèse fortement sur les ménages et les entreprises, et les menaces sur l’approvisionnement démontrent à quel point la perte d’autonomie belge et le manque de vision à long terme ont été préjudiciables. En s’enlisant dans les dossiers photovoltaïque et éolien lors de la législature passée, Ecolo a montré aussi, en mai dernier, que l’on pouvait perdre une élection sur ces matières.

« En Belgique, nous sommes très coincés par la décision de retrait du nucléaire prise en 2003 sous la pression des écologistes, confirme Claude Desama, ancien député européen socialiste, spécialiste des questions énergétiques. Comme on n’a pas voulu dire qu’on désapprouvait ce choix à l’époque, tout le monde est aujourd’hui un peu mal à l’aise. » Avec la suédoise, le temps de la révolution est-il venu ?

La future coalition (N-VA, CD&V, Open VLD et MR) entend apporter des remèdes nouveaux à cet avenir énergétique incertain. Mais cela ne se passe pas sans mal. Au moment de leur rapport intermédiaire au roi Philippe, ce jeudi 4 septembre, les coformateurs Charles Michel (MR) et Kris Peeters (CD&V) n’avaient pas encore obtenu de consensus sur ce sujet brûlant qui divise toujours les quatre partis. « La seule certitude, c’est que nous devons décider d’un nouveau mix énergétique pour l’avenir, car la situation actuelle est intenable », confie-t-on dans les rangs des négociateurs. De là à y voir clair…

Dans leur première note, les coformateurs se disaient prêts à « réexaminer le calendrier de la loi de sortie du nucléaire et à réétudier celui des prolongations des centrales ». Sans autre précision, et pour cause… Parmi les négociateurs, certains soulignent combien il est peu crédible de parler d’une prolongation du nucléaire… « alors que les deux tiers de nos centrales sont à l’arrêt ». « En outre, l’Open VLD bloque, commente un négociateur. Symboliquement, il lui est difficile de remettre en cause la sortie du nucléaire décidée quand Guy Verhofstadt était Premier ministre. Peut-être garde-t-il aussi cela comme monnaie d’échange dans un autre dossier. »

La N-VA, pour sa part, pousse en faveur de la construction d’une nouvelle centrale nucléaire ! « C’est une des options que nous investiguons, souligne Bert Wollants, spécialiste énergétique du parti nationaliste. Ce n’est pas une solution à court terme, mais nous devons pouvoir parler sans tabous de solutions à long terme et décider ces prochaines années. » « La N-VA veut prolonger le nucléaire jusqu’en 2065, ça sous-entend effectivement la construction d’une nouvelle centrale parce qu’on ne pourra pas prolonger les centrales actuelles au-delà de dix ou vingt ans, commente David Clarinval, député MR et spécialiste des questions énergétiques. Plusieurs solutions sont possibles. Il existe, en France, des centrales de la nouvelle génération, qui font encore leurs maladies de jeunesse, mais aussi d’autres, plus classiques, dont la technologie est mieux maîtrisée. Les Anglais ont décidé de construire deux nouvelles centrales, c’est la preuve que cette énergie a encore de l’avenir. »

Le dossier, dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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