Michel Delwiche

Energie : et pourtant, le vent et le soleil sont gratuits

Michel Delwiche Journaliste

Nous sommes obligés de passer aux énergies renouvelables pour toutes les raisons écologiques et/ou économique que l’on sait : arrêter le réchauffement climatique et diminuer notre dépendance énergétique, tout en créant des filières pourvoyeuses d’emplois.

En principe, l’électricité renouvelable devrait être moins chère, puisque le vent et le soleil sont gratuits. Mais il fallait enclencher la machine, et le système des certificats verts (CV) a été imaginé comme un coup de pouce pour permettre la fabrication à grande échelle et la mise en place du matériel. Mais il devait être modulé en fonction de l’évolution des parcs éolien et photovoltaïque et de la baisse des coûts du matériel. Le prix des panneaux a chuté en quelques années, entre autres parce que leur fabrication a été délocalisée, en Chine ou ailleurs, mais l’octroi de CV a été poursuivi, et a créé un effet d’emballement : puisque les installations pouvaient être amorties en trois années à peine, les particuliers se sont rués sur l’aubaine, la planche à CV a tourné comme une folle, et le marché s’est retrouvé noyé sous leur abondance. Les CV font l’objet d’un marché organisé : les fournisseurs d’électricité sont obligés d’en acheter pour satisfaire à l’obligation de livrer un certain pourcentage d’électricité verte (qu’ils répercutent sur la facture), tandis que les producteurs d’électricité verte peuvent les mettre en vente. Loi de l’offre et de la demande, le nombre de CV a fait chuter les prix. Mais Elia, le transporteur, est contraint de les racheter à un prix-plancher (65€), et donc répercute lui aussi sur les factures des consommateurs.

Qui sont de moins en moins nombreux à payer l’addition, puisqu’en sont dispensés en partie ou totalement ceux qui bénéficient d’une installation photovoltaïque. Par contre, le ménage qui n’a pas eu les moyens financiers d’investir au bon moment, qui n’a pas eu les facultés de se plonger dans le parcours du combattant, dont l’habitation n’est pas bien orientée, est ombragée ou située dans un périmètre où les panneaux ne sont pas autorisés par l’urbanisme voit le prix de ses KWh s’envoler. De même les locataires si leur propriétaire, qu’il soit un privé ou une société de logements sociaux, ne réalise pas l’installation.

Le gouvernement wallon s’est enfin saisi du problème… dans un désordre invraisemblable. Jean-Marc Nollet (Ecolo), le ministre de l’Energie, a avancé en solo l’idée d’un prix progressif (plus on consomme, plus on paye), mais s’est heurté à des réactions vives des autres partenaires de l’Olivier. Ce qui est sûr, c’est que le système va devoir être revu de fond en comble, admet le gouvernement. Son président Rudy Demotte (PS) a d’ailleurs précisé que la Région allait veiller à diminuer le taux de rentabilité des installations, et ajuster les aides en fonction des revenus. Mais ce sera trop tard pour tous les CV si généreusement octroyés. A moins d’en réduire la valeur… C’est l’une des pistes envisagées, qui risque de bousculer encore plus le marché.

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