Vladimir Poutine © Reuters

« En ces temps incertains, la Russie semble presque un havre de stabilité »

Près de trois ans après l’annexion de la Crimée, Vladimir Poutine est étonnamment populaire en Europe.

Si vous vous demandez pourquoi Vladimir Poutine remporte tant de suffrages depuis quelques mois, vous êtes en bonne compagnie. La très sérieuse revue d’affaires britannique The Economist et le site d’informations américain influent Politico se sont déjà penchés sur la question. Cet intérêt se justifie par le caractère étonnant de cette évolution. Après l’annexion contestée de la Crimée et le début de la guerre en Ukraine de l’Est en 2014, le président russe a été insulté dans le monde entier et traité de paria politique. Les États-Unis et l’Europe ont imposé une série de sanctions économiques pour faire plier le Kremlin.

Poutine n’a pourtant pas beaucoup de mérite à ce revirement. Il y a évidemment l’intervention sanglante et probablement décisive de la Russie en Syrie. Il n’est pas étonnant non plus qu’un autocrate comme Poutine soit devenu l’exemple pour une série de partis populistes en Europe. Il est frappant que ce soit justement un président républicain élu en Amérique, Donald Trump, qui ne cache pas sa sympathie pour l’ancien officier du KGB. Le plaidoyer du candidat présidentiel de droite en France, François Fillon, en faveur de relations plus étroites avec Moscou est tout aussi étonnant. Cependant, à gauche, l’Italien Matteo Renzi et le Grec Alexis Tspiras non plus n’étaient pas ravis de la politique européenne à l’égard de la Russie.

Près de trente ans après la chute du Mur, l’Europe centrale et l’Europe de l’Est cherchent à se rapprocher de Moscou. La promesse de prix du gaz peu élevés y est certainement liée. En même temps, ces pays qui sont membres à la fois de l’OTAN et de l’Union européenne se sentent religieusement et culturellement proches du social conservatisme prêché au Kremlin. La pression qu’ils ressentent à reprendre plus de migrants issus de pays islamiques, les éloigne de l’Europe occidentale, alors que la Russie aime faire appel à de nombreuses racines slaves.

La migration, la menace terroriste et l’incertitude économique après le Brexit font que l’Union européenne n’est plus le pays de promesses. En outre, le doute que Trump sème sur l’OTAN jette une ombre sur l’avenir de l’alliance occidentale. En ces temps d’incertitude, la Russie semble presque un havre de stabilité. Si l’OTAN et l’Union européenne basculent, c’est de nouveau chacun pour soi.

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