Marcia De Wachter © Hatim Kaghat

« En Belgique, on fait des choses qu’on ne voit nulle part ailleurs dans le monde »

Pour la première fois, Marcia De Wachter s’exprime sur le « cirque » autour du renouvellement de sa nomination au poste de directrice de la Banque Nationale. Elle donne également son avis sur les forces et les faiblesses de notre économie. « D’après nos politiques, nous les Belges, nous sommes les seuls malins. J’ose en douter. » Entretien avec nos confrères de Knack.

« Vous voyez? Ils l’ont fait », dit Marcia De Wachter en riant. « Finalement, ils m’ont écoutée. » Il y a exactement dix ans, la directrice de la Banque Nationale a accordé une interview retentissante à Knack. Elle avait réalisé une analyse des forces et des faiblesses de l’économie belge et avait conclu que celle-ci était en « piteux état », une conclusion peu appréciée. Ni par la Banque Nationale, ni par le gouvernement de l’époque, la coalition violette de Guy Verhofstadt (Open VLD), ni par les partenaires sociaux. Elle avait également dénoncé l’inaction, en citant son professeur de statistique : « Nous sommes comme des vaches dans une prairie. Le train passe et elles le regardent. Mais elles ratent le train. »

Au printemps 2017, De Wachter a formulé une série de mesures pour que l’économie belge rejoigne le peloton de tête européen. Sa recommandation principale : « Baissez les cotisations patronales, une façon de créer un maximum de jobs à un budget très bas. » De Wachter avait proposé de baisser ces cotisations de 33 à 25%, comme au Danemark, en Suède et en Finlande. « On aurait dit un sacrilège », dit-elle aujourd’hui, « mais j’ai continué à insister. « Le gouvernement Michel a fait de la baisse de la cotisation patronale à 25% l’essentiel de son tax shift. « Enfin », soupire-t-elle. « C’est la preuve qu’il ne faut jamais abandonner. »

Avant d’aborder le thème de l’économie belge, un autre thème s’impose. En début d’année, le renouvellement de la nomination de Marcia De Wachter à la Banque Nationale a fait l’objet de discussions. On a évoqué une réduction de comité de direction, et en plus, De Wachter est liée au CD&V, un parti surreprésenté dans ce comité depuis les dernières élections. Après un bras de fer, elle a pu rester, en principe jusqu’à sa retraite.

Comment avez-vous vécu le débat autour du renouvellement de votre nomination?

Marcia De Wachter: Je suis restée zen. C’était un bras de fer politique, mais au plus profond de moi, j’étais convaincue : « Mon mandat sera prolongé. » Je n’ai encore assisté à aucune nomination au comité de direction où il n’y avait pas de cirque.

Est-ce propre aux nominations politiques?

On laisse tomber des personnes munies des connaissances et de l’expérience nécessaires rien qu’à cause de leur couleur politique. C’est surtout le cas quand les rapports de pouvoir changent. Mais les choses pourraient se passer un peu plus élégamment. Parfois, on apprend deux, trois jours avant la fin du mandat s’il est prolongé. Et parfois c’est encore pire : l’ancien patron de la Commission bancaire, Jean-Louis Duplat, a lu dans la presse qu’il devait quitter son poste. Je connais des dizaines de cas de personnes larguées sans qu’on pose de questions : de quoi est capable cette personne, qu’est-ce qu’il a réalisé, quel est son rôle pour notre pays, pour son institution… Tout cela ne compte pas.

Je suis contente pouvoir encore travailler quelques années. Je me sens trop énergique pour arrêter. En tant que vice-présidente du Conseil supérieur de l’emploi, je décrète que tout le monde doit travailler plus longtemps : je dois tout de même donner le bon exemple, non ?

1. Budget et dette

Retour à l’économie belge et à ses défis. À commencer par les finances publiques. Le gouvernement Michel souhaitait un équilibre budgétaire pour 2018, mais il en a fait 2019. « Un équilibre en soi n’est pas une bonne politique », déclare Marcia De Wachter. « L’Europe oblige tous les états membres à soumettre des budgets sans déficits, surtout sous pression de l’Allemagne et des Pays-Bas. Cependant, je n’ai pas de réserve contre un déficit causé par des investissements publics qui bénéficient à la proche génération, tels que notre infrastructure numérique et de transports. »

Pour vous, peu importe si l’équilibre budgétaire est atteint en 2018 ou en 2019?

Non. Ces années sont un fétiche. Lors d’une croissance économique lente, comme aujourd’hui, il peut être intelligent d’atteindre l’équilibre plus lentement, car si les investissements publics peuvent booster notre potentiel économique, ils sont les bienvenus.

Entre-temps, notre dette publique s’élève à pas moins de 106% du produit intérieur brut.

C’est pourquoi nous avons de la chance que les taux d’intérêt soient aussi faibles. Mais tôt ou tard, ils augmenteront encore. Nous devons éviter à tout prix un nouvel effet boule de neige des intérêts : que notre dette augmente, simplement parce que les charges d’intérêt augmentent plus rapidement que la croissance. Aujourd’hui, tout ce que nous pouvons faire pour baisser notre taux d’endettement, est une bonne chose.

À cet égard, pouvons-nous également vendre les participations publiques?

À cet égard, le ministre des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA) est bien parti : il a vendu des actions de l’état belge dans la banque française BNP Paribas. Cela a permis de baisser le taux d’endettement de 0,5% du PIB. Ce serait également une bonne chose si l’état vendait au moins une partie de Belfius au secteur privé. Et l’état doit-il rester actionnaire de Proximus ? De BPost ? Du contrôle de la navigation aérienne? Dans d’autres pays, ces entreprises sont souvent privatisées. Il faut l’envisager.

2. Investissements publics

C’est frappant: la Belgique affiche des dépenses publiques élevées et des investissements publics faibles. Dans d’autres pays, c’est exactement l’inverse. De Wachter soupire, ouvre une farde, et glisse son doigt sur les tableaux. « Pour savoir où on en est, nous devrions nous comparer systématiquement à nos pays voisins et aux trois états membres scandinaves de l’UE », dit-elle.

En matière d’investissements publics, nous ne sommes pas loin. « L’année dernière, la Belgique a consacré 2,4% de son PIB aux investissements publics. En France, c’était 3,4%, aux Pays-Bas 3,4%, au Danemark 3,6%, en Finlande 4%, en Suède 4,2%. Comme c’est le cas depuis des décennies, la différence grandit année après année. Ne pas construire une route ou ne pas entretenir les ponts et les tunnels : pour nos politiques c’est plus facile que de couper dans d’autres dépenses : en ambitionnant un appareil d’état plus réduit. Cependant, cela se venge : regardez l’état lamentable de notre infrastructure. Et cela pour un pays qui se profile comme la plaque tournante logistique de l’Europe.

Elle prend une autre farde intitulée : « Efficacité des dépenses publiques. « La Belgique dépense 3% de son PIB en mobilité, ce qui fait de nous un des pays les plus chers d’Europe. En même temps, les études internationales affirment que nous sommes un des pays les moins efficaces en matière de mobilité. Et cela traîne depuis des années. »

Que recommandez-vous en matière de mobilité?

Un plan pour abolir le régime fiscal favorable à moyen terme. Comment le gouvernement Michel peut-il instaurer la taxe kilométrique et en même temps subventionner les cartes essence et les voitures de société ? Ce n’est pas une politique cohérente. Suite à ce régime, il y a chez nous plus de voitures lourdes qu’ailleurs. Du coup, nous consommons plus d’énergie, nous polluons plus, et nous avons plus de problèmes de circulation et de santé. Les partenaires sociaux ne calculent jamais le coût pour la communauté, mais il est énorme.

Et qu’en est-il de nos transports publics ?

C’est une catastrophe. Aujourd’hui, il faudrait des liaisons ferroviaires rapides, ponctuelles et confortables entre toutes les villes régionales et Bruxelles. Pourquoi n’existent-elles pas ? Pourquoi n’est-il possible que maintenant d’utiliser le même ticket pour le bus, le tram et le train ? Et si vous comparez les tarifs de notre société de chemins de fer à ceux de nos pays voisins, il n’est guère étonnant qu’ils fassent autant de pertes. Alors, on ne peut conclure qu’une seule chose : il faut augmenter le prix des billets de train.

Après, nos transports en commun ne sont pas la seule chose qui peut être plus efficace. La même chose vaut pour nos soins de santé. La qualité est excellente, et l’accessibilité aussi : il ne faut pas, comme aux États-Unis, agiter sa carte de crédit pour être hospitalisé, mais les soins absorbent 10% de notre PIB. Et regardez nos pays voisins et les trois pays scandinaves de l’UE : leurs soins de santé sont au moins du même niveau, mais nous y consacrons 1 à 1,5% de plus du PIB. Nous dépensons environ 6 milliards d’euros de trop par an. C’est intenable, et le pire c’est que nous savons pourquoi.

Marcia De Wachter
Marcia De Wachter© Hatim Kaghat

Pourquoi ?

C’est dû à notre concentration élevée d’hôpitaux, par exemple. Souvent, ils ne sont situés qu’à quelques kilomètres les uns des autres, mais ils veulent tous faire la même chose, ils possèdent tous la même infrastructure qui doit tourner. Ils réalisent beaucoup d’enquêtes et de prestations qui ne sont pas nécessaires – mais qui coûtent beaucoup d’argent.

À présent, le gouvernement oeuvre à plus de coopération entre les hôpitaux et à plus de spécialisation.

Ce n’est qu’une partie de la solution. Dans tous les domaines, le gouvernement devrait vérifier comment d’autres pays réussissent à offrir de meilleurs soins de santé à un prix plus bas. Saviez-vous par exemple que dans les pharmacies néerlandaises, on vous donne le nombre précis de comprimés prescrits et non toute la boîte ? Ce n’est qu’un détail, mais c’est ainsi qu’on s’en prend au gaspillage à la source.

La surconsommation fait partie intégrante de notre système. Il faut la supprimer. Cependant, le lobby des hôpitaux, des spécialistes, de l’industrie pharmaceutique et des laboratoires freine les réformes nécessaires.

3. Les impôts et le tax shift

Le gouvernement Michel souhaite diminuer la pression fiscale, mais il a surtout déplacé les impôts. Il a instauré un tax shift où les cotisations patronales plus faibles devaient être compensées par des impôts plus élevés sur la consommation, la pollution et la fortune. « On a rapidement compris que le gouvernement aurait au moins 4 milliards d’euros de trop », déclare Marcia De Wachter. « Évidemment, moi aussi, j’étais adepte d’un tax shift budgétaire neutre, mais il fallait une baisse des charges du travail. Et à l’époque, cette croissance d’emplois avait lieu à l’état ou grâce à des titres-services subsidiés, alors qu’à présent il y a des jobs supplémentaires dans les secteurs sensibles à la conjoncture, c’est-à-dire les entreprises privées. Ces jobs rapportent surtout de l’argent et à la sécurité sociale. En outre, le chômage a baissé dans toutes les catégories de la population dans les trois régions. »

Les livrets d’épargne sont toujours stimulés fiscalement. Faut-il les changer ?

Il faut en tout cas étudier la question. Que deviennent les 250 milliards d’euros sur nos livrets d’épargne ? Une grande partie de cet argent est retiré par des banques belges qui sont également filiales d’une banque étrangère. Les épargnes belges servent à financer des investissements à l’étranger. C’est pourquoi nous devons envisager de stimuler fiscalement des formes d’épargnes utilisées davantage pour des projets belges. Il existe énormément d’investissements publics qui permettent aux épargnants d’obtenir un rendement plus élevé que leur livret d’épargne. Pensez à de nouveaux bâtiments d’école, des routes ou des tunnels ou au développement d’une infrastructure numérique.

L’appel à une profonde réforme de notre système fiscal retentit de plus en plus fort.

Notre fiscalité est de plus en plus complexe. Tout le monde aspire à un système fiscal plus transparent et plus simple.

À quoi celui-ci devrait-il ressembler?

Je suis favorable à un système de dual income tax. On impose les revenus du travail à un tarif raisonnable et progressif : plus on gagne de l’argent, plus on paie d’impôts. Et on impose tous les revenus tirés de la fortune – les plus-values sur les actions, les dividendes, les obligations, les prix de loterie, les assurances-vie, les fonds de pension privés – les plus-values sur actions, dividendes, obligations, etc. à un tarif fixe. En Suisse, on paie 35% d’impôts sur tous ces revenus de patrimoine. Ce n’est pas peu, mais cela me semble juste.

À l’heure actuelle, tout le monde plaide pour cette dual income tax. Alors, pourquoi ne l’instaure-t-on pas ?

Je ne comprends pas non plus. Elle aurait dû l’être depuis longtemps.

4. Inflation et index

L’inflation en Belgique s’élève à 2,7%. C’est nettement plus que la moyenne de 1,9% dans la zone euro. Cela signifie que la vie chez nous augmente de prix beaucoup plus rapidement. « Chez nous, c’est surtout le prix des services et de l’énergie qui augmente davantage », déclare De Wachter. « Quand on analyse la situation de plus près, on aboutit à une constatation surprenante. »

Et quelle est cette constatation?

C’est suite au manque de concurrence que nos tarifs de télécom augmentent plus rapidement. Les prix dans les restaurants et les cafés ont également augmenté plus rapidement. C’est dû à l’instauration de caisses blanches et au débit obligatoire de brasseurs. Et ce qui frappe surtout, c’est que notre réglementation explique pas moins de 40% de l’inflation des services. Elle est très élevée parce que le prix du ramassage des poubelles, de la purification de l’eau, du contrôle technique, du notaire, des maisons de repos, etc. augmente beaucoup plus que dans nos pays voisins. Ces prix dits réglementés augmentent en fonction d’un index, sans qu’il y ait de lien avec la structure de coûts sous-jacente. Comme ils affectent de nouveau notre compétitivité durement gagnée, on peut se demander si ces hausses de prix sont bien légales.

Cependant, cela dépend des autorités?

Les prix de l’inflation des services sont très élevés parce que les prix fixés par l’état sont systématiquement plus élevés que dans nos pays voisins. Aux Pays-Bas, il faut présenter un dossier fort pour obtenir une augmentation de prix. Chez nous, c’est l’inverse : on donne presque automatiquement le feu vert à toutes les demandes, et on y associe toutes sortes de taxes.

En résumé: nous avons une inflation élevée parce que l’inflation des services et de l’énergie est très élevée, ce qui est dû au fait que nos prix réglementés augmentent très rapidement.

Précisément, et c’est ainsi qu’on obtient un effet pervers. Comme nos salaires sont indexés, ils augmentent plus rapidement suite à l’inflation élevée. C’est ainsi que la fixation du niveau des salaires dérape. Très souvent, le gouvernement doit instaurer un saut d’index ou un gel des salaires pour les corriger. Tous les X ans, il doit prendre des mesures douloureuses pour corriger sa politique laxiste alors qu’il aurait pu maîtriser la hausse de ces prix réglementés.

Le gouvernement pourrait aussi comparer systématiquement le prix des services à ceux de nos pays voisins, pour vérifier si une hausse de prix taxes comprises est bien justifiée sur le plan économique. Et elle pourrait également mieux adapter les accises sur les prix de l’énergie à ces pays.

5. Travail et retraite

Il y a eu au moins 100 000 emplois en plus sous le gouvernement Michel. Marcia De Wachter : « Un quart d’entre eux sont des jobs d’indépendant: un signe que l’initiative d’entreprendre revient. Un tiers des emplois se sont ajoutés dans le secteur social, où ils sont également indispensables vu le vieillissement de la population. Et 40% se sont ajoutés dans les secteurs privés. C’est également réjouissant, même s’il y a toujours 800 000 personnes qui travaillent pour l’état ou dans l’enseignement. Au niveau fédéral, le nombre de fonctionnaires a baissé, mais au niveau régional et local, il a augmenté. Les coûts deviennent intenables, et il faut réduire notre appareil de fonctionnaires. Le gouvernement doit redessiner l’état. Il faut l’axer sur l’efficacité et une numérisation plus poussée. »

Il y a quelques semaines, le quotidien financier De Tijd titrait sur base des chiffres de l’OCDE: « La Belgique deuxième d’Europe en matière de coûts salariaux ».

Ces chiffres de l’OCDE ne tiennent pas compte de tous les subsides possibles pour nos entreprises. Les employeurs préfèrent ne pas les compter quand ils parlent de coûts salariaux. Cependant, le but est de baisser les charges salariales, et donc il faut les compter. Et la perspective change : en Belgique, les coûts du travail privés s’élèvent à 35,5 euros de l’heure contre 35,6 euros en France, 34,3 euros aux Pays-Bas et 34 euros en Allemagne. À cet égard, nous n’avons plus à rougir.

Comment ce changement a-t-il a été réalisé?

Tant le gouvernement Di Rupo que le gouvernement Michel ont pris les coûts salariaux à coeur. Dès 2009, les gouvernements se sont mis à travailler à une modération salariale et sous impulsion de Kris Peeters (CD&V) à un pacte de compétitivité où les salaires ont été gelés pendant deux ans. Le gouvernement Michel l’a prolongé par le saut d’index. Et ce n’est qu’alors que le moment était venu d’instaurer un tax shift et de baisser les cotisations patronales. Cela explique comment on peut vraiment atteindre quelque chose en persévérant dans une politique.

Entre-temps, de plus en plus de gens se retrouvent dans l’assurance maladie ou l’invalidité.

Oui. Et vous savez ce qui est si spectaculaire? Ce sont surtout les femmes qui tombent malades ou deviennent invalides. Entre 1994 et 2004, il s’agissait chaque année de moins de 6% des femmes actives. Manifestement, l’obligation pour les femmes de travailler jusqu’à 65 ans est mal encadrée. Il faut une politique de résilience, de sorte que les femmes n’éprouvent plus le besoin d’échapper à cette obligation.

Le gouvernement Michel a relevé l’âge de la retraite : en deux mouvements, celle-ci atteindra les 67 ans d’ici 2030.

Dans de nombreux pays, il s’est déjà fixé à cet âge-là. Dans nos pays voisins et dans les trois pays scandinaves de l’UE, il y a encore beaucoup de plus de 65 ans au travail. Chez nous, cela devient problématique à partir de 60 ans. Il est indéfendable que les banques envoient des gens de 55 ans chez eux. Premièrement, il s’agit de personnes en bonne santé qui peuvent encore contribuer beaucoup à l’économie. Deuxièmement, il existe de nombreux exemples de réintégration réussie. Troisièmement, le travail est bon pour la santé psychique et physique. Et quatrièmement, cette sortie prématurée pèsera sur la constitution de pension des personnes impliquées.

Et nos pensions ne sont déjà pas élevées.

Ce qui m’inquiète le plus, c’est la grande déception qu’auront beaucoup de gens en voyant le montant peu élevé de leur pension légale. Le montant ne suffira pas à maintenir leur niveau de vie. Souvent, il ne suffira pas non plus à payer un séjour dans un centre de soins.

Au fond, la pension légale ne suffit pas: nous devons mettre la population en garde. L’épargne-pension, c’est bien, mais elle ne rapporte presque rien. À peine une entreprise sur trois propose une assurance-groupe à son personnel, et donc beaucoup de gens n’ont même pas ça. Il faut étendre ce système.

À l’âge légal de la retraite s’ajoute une exception pour tous ceux qui exercent un métier lourd : tout à coup, tout le monde exerce un tel métier.

J’éprouve beaucoup de respect pour les ouvriers, les agents de police, les travailleurs de santé, le personnel d’enseignement et toutes les autres personnes qui exercent un métier lourd. Cependant, là aussi, j’adopterai un précepte : regardons l’âge de la retraite à l’étranger pour ces professions. Il n’est pas possible que travailler dans la construction ou dans la police soit plus lourd chez nous que dans nos pays voisins ?

Le fil rouge de notre plaidoyer, c’est tournons-nous vers nos pays voisins et les membres scandinaves de l’UE. Regardons-nous trop peu au-delà de nos frontières ?

Oui, nous ne devons pas être premiers de la classe, mais nous devons intégrer le peloton de tête. En Belgique, on fait des choses qu’on ne voit nulle part ailleurs dans le monde. Alors, nos politiques pensent qu’ici on s’en sort bien. Que nous les Belges, nous sommes les seuls à être malins. J’ose en douter.

Sommes-nous encore trop souvent comme les vaches en train de regarder le train qui passe ?

Oui, entre-temps, c’est un TGV numérique. Il disparaît de la vue de plus en plus vite.

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