Emir Kir © Belga

Emir Kir : popularité au top

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Constamment dans le viseur, le maïeur de Saint-Josse-ten-Noode sait qu’il ne peut pas commettre la moindre erreur. Pour sa commune, il affiche son ambition et emballe la machine à projets. Bilan après deux ans de règne.

Voici deux ans, en décembre 2012, Emir Kir prenait les rênes de Saint-Josse-ten-Noode, petite commune bruxelloise d’un kilomètre carré. Fin 2014, Emir Kir brandissait fièrement le budget 2015, se félicitant d’avoir atteint l’équilibre trois ans avant sur l’échéance prévue. « C’est exceptionnel et le budget est en boni de 102 550 euros », affirme-t-il, sans augmenter les impôts, sa promesse électorale. Comment a-t-il réussi ? En relevant les taxes sur les surfaces de bureaux et d’hôtels (NDLR : Saint-Josse est le deuxième parc hôtelier de la Région) et en vendant des biens immobiliers, tout en réduisant les frais de fonctionnement et en contenant les dépenses de personnel. Surtout, le maïeur a comprimé la dotation au CPAS. « Nous ne dépensons pas moins, nous dépensons mieux, et la diminution au CPAS s’explique par la nouvelle politique fédérale en matière d’immigration. Les demandes sont donc moins nombreuses. »

Comment dirige-t-on la commune avec la plus pauvre de Belgique ? Est-il vraiment le maïeur d’une seule communauté ? Issue d’une majorité PS-CDH – le PS en majorité absolue, mais en coalition avec le CDH -, son équipe n’a de fait même pas besoin de quorum pour trancher ses dossiers. Et jusqu’ici, elle n’a encore affiché aucune dissension, aucun désaccord. Le pouvoir est centralisé entre les mains de quelques-uns, qui tous en réfèrent à Emir Kir. Rien, vraiment rien, de ce qui se passe à Saint-Josse ne lui échappe, d’autant qu’il s’est attribué de très larges compétences. « Cela ne durera qu’un temps, car je compte redistribuer », disait-il en novembre 2013. Un an plus tard, on ne voit rien venir. « Je n’exclus rien », répète-t-il encore. Du jamais vu, en tout cas, d’après des bourgmestres bruxellois. « Il me fait penser à un chef d’orchestre qui voudrait jouer lui-même tous les instruments », plaisante l’un d’entre eux.

« On peut dire que je régente tout, réplique-t-il. Mais quand il faut trancher, je tranche. Dans mon équipe, il n’y a pas d’échevins fantômes et je travaille dans la transparence. Saint-Josse marche comme un seul homme. » Les axes de son mandat, publiés dans une déclaration de 22 pages, font office de bible. Kir emballe la machine à projets. Au premier rang des priorités figure la rénovation urbaine. Pour ce seul dossier, le bourgmestre promet un lifting durable du quartier de la place Madou à la place Dailly, la rénovation de l’îlot Cudell, avec un restaurant, une salle de sport, des logements et une crèche, l’édification d’une nouvelle esplanade, place Saint-Lazare, faisant la part belle aux piétons et surtout la naissance d’un nouveau quartier Nord. Qui abritera un nouveau commissariat, des logements, une crèche, une maison des enfants, une salle d’exposition permanente…

Emir Kir entend aussi réorganiser la prostitution en s’inspirant du modèle anversois : une zone fermée, plus discrète et peut-être à vocation touristique. Et puis l’édile désire construire à terme neuf crèches, orner les réverbères de fleurs, produire du mobilier urbain « made in Saint-Josse » et qui, « abimé, sera remplacé dans l’heure », offrir jusqu’à 200 euros d’aide aux enfants via des chèques-sport, supprimer le précompte immobilier pour les jeunes qui achètent un logement.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

– son autre défi : reconquérir la confiance de la Fédération bruxelloise du PS

– ses modèles

– son pragmatisme

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