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Elio Di Rupo, comédien stratège ?

Elio Di Rupo a remis sa démission au roi qui tient sa décision en suspens. Le pays serait-il, une nouvelle fois, au bord du gouffre ou le formateur serait-il, tout simplement, en train d’user de ses talents de comédien pour mettre la pression sur les négociateurs libéraux?

Depuis hier soir, c’est l’indignation du côté des socialistes et des sociaux-démocrates qui fustigent les libéraux, pourtant toujours ouverts au dialogue. Le MR parle, en effet, d’une « gigantesque incompréhension » face à la démission du formateur. Pour le parti de Charles Michel, il est clair qu’il s’agit d’un scénario écrit à l’avance. Le président du MR, en veut pour preuve la présence de l’escorte de motards déjà présente, hier à 14 h 30, à la la Chambre pour accompagner Elio Di Rupo jusqu’à Ciergnon où se trouve le roi. De son côté, Alexander De Croo, président de l’Open Vld, s’est dit « étonné » de la réaction du formateur, qu’il a qualifiée de « perte de temps », alors que les six partis autour de la table étaient toujours prêts à négocier.

Le formateur tenterait-il, une nouvelle fois, de mettre la pression sur les négociateurs en jouant la carte du roi? Cette stratégie a déjà fait ses preuves ces derniers mois, permettant d’engranger des accords importants. En juillet dernier, Elio Di Rupo avait utilisé la dramatisation pour former une coalition prête à discuter sur la base de sa note. Le formateur avait alors obtenu du CD&V qu’il négocie sans la N-VA, qui avait rendu toute avancée impossible. Mi-septembre, le président du PS faisait revenir d’urgence le roi de ses vacances, à Nice. En une nuit, il était alors parvenu à dégager un accord sur l’épineux problème de BHV. Se débarrassant au passage d’un acteur gênant : le FDF.

Ce qui se passe aujourd’hui est donc, peut-être, le troisième et dernier acte d’une pièce dont les Belges sont spectateurs depuis plus d’un an et demi. Cette fois, le formateur espère probablement obtenir un accord budgétaire dans les plus brefs délais et mettre la pression sur les libéraux pour qu’ils réduisent leurs exigences en matière de réformes économiques. Cela risque cependant de ne pas être au goût de la Flandre qui a voté très largement pour des partis de droite.

Le Vif.be, MG

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