Gérald Papy

Elections italiennes : derrière le folklore, un avertissement à l’Europe

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Le retour de Silvio Berlusconi et le succès de l’histrion Beppe Grillo mettent l’Europe devant ses responsabilités. Face à une Italie ingouvernable, il s’impose que l’Union européenne soit gouvernée.

Le verdict est implacable. Mais le peuple est souverain. Les élections législatives italiennes démontrent avec acuité que le discours de rigueur, porté en l’occurrence par le Premier ministre sortant, le centriste Mario Monti, et par le leader du Parti démocrate de gauche Pier Luigi Bersani, s’avère de plus en plus difficile à faire accepter par une grande partie de l’électorat. D’aucuns souligneront que le contexte historique et culturel de la Péninsule est à ce point singulier que l’ « anomalie italienne » ne peut servir de laboratoire européen. Certes la faculté d’un Silvio Berlusconi à rebondir malgré ses frasques et ses ennuis judiciaires dépasse l’entendement. Certes le succès fulgurant d’un histrion comme Beppe Grillo, le Coluche italien, au discours anti-pouvoir et anti-Europe n’a pas de réel équivalent sur le Vieux Continent. Mais il ne faut pas se cacher derrière le particularisme italien pour feindre d’ignorer que le populisme prospère dans tous les Etats européens et que les slogans à l’emporte-pièce sont plus écoutés aujourd’hui que les explications rationnelles sur la meilleure façon de s’en sortir.

Car tel est le défi que les électeurs italiens lancent à l’Union européenne. Les réactions des marchés financiers à l’échec de Mario Monti et à la demi-réussite de Pier Luigi Bersani ont dès ce mardi matin situé l’enjeu du scrutin. Une instabilité politique durable de la 3e puissance européenne replongerait l’Union dans les abîmes de la crise économico-financière dont elle commençait à peine à s’extraire. En première analyse, deux options s’offrent à l’Union européenne pour ramener l’électorat européen vers des partis politiques responsables. Poursuivre drastiquement l’oeuvre d’assainissement des finances publiques, au risque d’accroître le mécontentement populaire, mais, à tout le moins, en en précisant le calendrier et les objectifs de manière pédagogique. Ou, comme des voix commencent à le formuler en France ou en Belgique, réduire le rythme du retour à l’équilibre budgétaire au risque de perdre la confiance des marchés.

Dans l’une ou l’autre hypothèse, il est urgent qu’un cap soit donné au bateau européen qui entre à nouveau en zone de tempête mais sans véritable capitaine. Face à une Italie ingouvernable, s’impose d’autant plus que l’Europe soit gouvernée.

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