Gérald Papy

Elections en Grèce : un sursis dans la crise

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

La victoire de la Nouvelle Démocratie aux législatives grecques offre un répit aux dirigeants européens. Mais ils auraient tort d’ignorer le message des électeurs de plus en plus nombreux de la gauche radicale Syriza.

Les dirigeants de l’Union européenne ont accueilli avec soulagement la victoire du camp pro-européen aux élections législatives de dimanche en Grèce. Une attitude compréhensible même si personne ne doit se faire d’illusion : la formation à Athènes d’un gouvernement enclin à appliquer le plan de rigueur européen n’accorde qu’un sursis à la crise de la dette publique en Europe alors que les hypothèques sont loin d’être levées en Espagne, à Chypre ou en Italie…

On a beaucoup mis en avant le rejet de l’accord budgétaire européen qu’une victoire de la gauche radicale Syriza aurait entériné. Mais c’est aussi – et surtout – une nouvelle crise politique intérieure qu’elle aurait précipitée. Syriza victorieuse, son chef Alexis Tsipras aurait été dans l’impossibilité de former un gouvernement sur un programme anti-européen, une alliance avec les partis d’extrême droite étant forcément exclue. La Grèce pouvait-elle se permettre d’ajouter l’instabilité politique à la crise économique ?

La progression et le succès de Nouvelle Démocratie (129 sièges contre 108 en mai) ouvre en revanche la voie à une coalition avec les socialistes du Pasok (33 élus, soit 8 de moins encore qu’en mai), voire avec la Gauche démocratique (16 élus, contre 19 en mai). Cette dernière formule à trois offrirait une majorité plus confortable au gouvernement d’Antonis Samaras, le patron de Nouvelle Démocratie : 178 sur 300 députés contre 162 avec le seul Pasok. Dans l’une ou l’autre hypothèse, la position du Pasok est cependant particulièrement inconfortable et annonce une négociation serrée et sans concession avec la Nouvelle Démocratie tant le Pasok a peu à gagner à participer au gouvernement. Depuis les élections d’octobre 2009, le Parti socialiste grec a perdu environ 80 pc de ses parlementaires (160 en 2009, 33 en 2012), une hémorragie qui explique la progression de la gauche radicale. Or, Syrisa (71 élus contre 52 en mai 2012 et 13 en 2009) va sans nul doute tabler sur son opposition à un gouvernement obligé d’assumer des mesures impopulaires pour capitaliser un peu plus encore auprès des électeurs d’ici au prochain scrutin.

C’est une des raisons pour lesquelles le message des partisans de Syriza doit aussi être écouté à Bruxelles. Les dirigeants qui comptent dans l’Union européenne seraient bien avisés au minimum d’adoucir les exigences formulées à la Grèce en termes de calendrier de remboursement et d’adopter une attitude plus compréhensive et moins arrogante à l’égard des souffrances de citoyens grecs, qui malgré les vicissitudes, ont majoritairement fait le pari de la poursuite du partenariat avec les Européens.

Gérald Papy

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