© IMAGEGLOBE

Edmée De Groeve : encore bien d’autres casseroles…

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

Lourdement condamnée par le tribunal de Charleroi pour avoir profité de son double mandat à la tête de la SNCB et de BSCA en se faisant rembourser deux fois les mêmes notes de frais, Edmée De Groeve traîne encore d’autres casseroles. Elle n’en a pas fini avec la justice.

La juge Lecollier n’y a pas été de main morte : 15 mois de prison avec sursis et une amende de 27 500 euros. Edmée De Groeve n’a pas été épargnée, à l’issue du procès où elle comparaissait pour escroquerie et détournements de fonds. On lui reprochait d’avoir abusé de la carte de crédit de l’aéroport de Charleroi, de s’être fait rembourser les mêmes frais de représentation par la SNCB et par BSCA, sans parler de l’aménagement de son bureau (100 000 euros), des frais de carburant pour les voitures de ses proches ou des places sur le vol inaugural vers Tenerife pour ses amis. La condamnation est sévère. Edmée De Groeve peut évidemment faire appel de ce jugement de première instance. De toute façon, elle n’en a pas fini avec la justice.

D’autres dossiers l’attendent. A commencer par le dossier Belgacom. Il s’agit de la vente, en 2006, d’un immeuble Belgacom, situé à Mons, à une société immobilière privée baptisée Xelis Siva, dirigée par Edmée De Groeve et sa fille Elke. Le bâtiment aurait été vendu à un prix inférieur aux prix du marché, ce qui aurait permis à Didier Bellens le patron de Belgacom – également inculpé – d’en retirer un avantage personnel. Par ailleurs, l’ancienne présidente de l’aéroport de Charleroi est inquiétée dans un autre dossier : fin 2011, les actionnaires de BSCA ont porté plainte contre elle car ils lui reprochent d’avoir signé un contrat de consultance avec la société BrainWin en violation de la loi sur les marchés publics.

Pendant des années, Edmée De Groeve a été l’administratrice en chef du PS. Elio Di Rupo, alors président du parti, avait fait nommer l’ancienne patronne de l’entreprise industrielle Sigma Coatings à la tête de plusieurs entreprises publiques. En 2004, elle se voyait ainsi confier les rênes de la SNCB, alors qu’elle était une parfaite inconnue. Le chef du PS la plaça, deux ans plus tard, à la tête de l’aéroport de Charleroi. Elle y succédait à Robert Wagner, qui se voyait alors éclaboussé par plusieurs affaires judiciaires à Charleroi… En 2008, elle cumulera une fonction supplémentaire en acceptant un poste à la SNCB Holding. Puis, elle sera nommée à la présidence de la Loterie Nationale, en 2009, toujours pas le PS.

C’est dire si entre Di Rupo et cette socialiste convaincue, qui faisait alors partie du bureau du PS, il y a une estime réciproque. Appréciée pour ses qualités de gestionnaire et son caractère « bulldozer », Edmée De Groeve était connue pour sa proximité avec le chef des socialistes. Au début de ses ennuis judiciaires, elle a été, un temps, récupérée comme consultante par Franco Dragone pour aider sa société à améliorer… sa gouvernance. Un an après son arrivée, des perquisitions dans les locaux du groupe Dragone, à La Louvière, avaient permis aux enquêteurs de la cellule Poolfin de Jumet de saisir l’ordinateur d’Edmée De Groeve. Ils en avaient tiré bien des informations qui font toujours l’objet d’enquêtes.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire