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Duferco La Louvière : une poursuite des activités menaçait la possibilité d’un plan social « à la belge »

Une poursuite des activités sur le site sidérurgique de Duferco La Louvière, lourdement déficitaire, risquait de ne pas permettre au groupe de financer un plan social acceptable pour les travailleurs, a expliqué mercredi au cours d’une conférence de presse le président de Duferco Belgium, Antonio Gozzi.

Après une année 2012 « catastrophique » marquée par des pertes globales de plus de 40 millions d’euros, Duferco La Louvière, usine disposant d’un four électrique et spécialisée dans les produits longs (billettes, etc.), a continué à perdre de l’argent ces derniers mois. « Entre fin octobre et aujourd’hui, l’entreprise a encore perdu 10 millions d’euros de cash. Si on continuait à perdre de l’argent à ce rythme, un plan social à la belge n’aurait sans doute pas été possible », a justifié M. Gozzi. « On perdait moins d’argent à payer les gens à rester à la maison qu’à produire. C’est paradoxal, mais c’est comme ça ».

Pour tenter de redresser la situation, la direction avait établi un plan de survie « draconien » sur trois ans prévoyant une forte réduction des effectifs et une réduction de 20% du coût du travail. « Si on essayait de mettre en place le plan de survie, toutes les ressources financières disponibles étaient consacrées à éponger les dettes et aux investissements. En cas d’échec, on n’aurait pas été capable de garantir un plan social », a encore expliqué le président de Duferco Belgium.

Les travailleurs, réunis en assemblées générales mercredi, se sont donc résolus à acter la fermeture de l’entreprise, à une majorité d’environ 65% parmi les ouvriers, à l’unanimité pour les employés. « Un choix entre la peste et le choléra », a reconnu M. Gozzi.

Sur les quelque 380 travailleurs concernés par la fermeture du site de La Louvière, environ un tiers entre en ligne de compte pour une prépension à partir de 52 ans. Des primes de départ sont également prévues en fonction de l’âge et de l’ancienneté des travailleurs. « Les primes de départ sont plus importantes pour les personnes les plus âgées, entre 40 et 50 ans, car ce sont les personnes les plus lésées et les plus difficiles à reclasser », a précisé M. Gozzi. « Nous faisons un effort très, très important », a-t-il ajouté, sans vouloir dévoiler le montant des primes prévues. Au total, Duferco Belgium consacrera une enveloppe de 65 millions d’euros à ce plan social.

Duferco s’est également engagé à maintenir l’usine de La Louvière en état « pendant quelques années », au cas où un repreneur se présenterait. Comme pour Carsid, le groupe est prêt à céder l’outil pour un euro symbolique. « Aujourd’hui, il n’y a pas de repreneur. Mais la sidérurgie est cyclique. On devrait au moins attendre le prochain cycle positif de l’acier », a souligné le président de Duferco Belgium, tout en avouant « ne pas être optimiste pour 2013 et même 2014 ». Il estime en effet que la crise conjoncturelle de l’acier s’ajoute à une crise structurelle sur le Vieux Continent. « En Europe, il y a pour 200 millions de tonnes de production d’acier installée. Or, depuis 2009, soit cinq ans, la demande européenne n’a pas dépassé 150 millions de tonnes », a-t-il conclu, évoquant la pire crise de sa carrière de sidérurgiste.

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