"Le feuilletoniste des petites annonces de Libé, c'était moi!" © BENOIT GOOSSENS

Draguer juste avec les mots

Le Bernard Hennebert avocat des usagers culturels avait une autre facette : écrivain compulsif de petites annonces gay, qu’il a réunies dans un livre gai, Une vie à séduire.

Bernard Hennebert est un anachronisme vivant dans le paysage culturel francophone. Critique musical à la fin des années 1970, inébranlablement de gauche, poil à gratter de la RTBF, qu’il a forcée, entre autres faits d’arme, à accoucher d’une émission pour enfants (Les Niouzz), harceleur entêté de la Communauté française (la gratuité des premiers dimanche du mois, c’est lui), militant du pouvoir des fleurs et de la libération tous azimuts, il traque avec constance les arnaques au temps libre, à la culture et aux loisirs, en faisant profiter ses 4 500 amis Facebook et les 15 000 abonnés de sa newsletter Consoloisirs. « La méthode est transposable à d’autres domaines, espère-t-il. Il ne faudrait pas que les citoyens oublient de se servir de leur pouvoir. Je suis persuadé qu’avec 10 % d’entre eux, on peut changer le monde. J’ai choisi de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, mais pas de façon béate. »

Son nouveau livre est très différent des précédents. Dans Une vie à séduire, Bernard Hennebert expose sa vie privée d’amoureux des hommes et des mots. Pour draguer les premiers, il a toujours envoyé les seconds en éclaireurs. Alertes, coquins, attentifs à la poésie de tous les jours. D’abord sur papier journal, ensuite par Internet. Ces courts messages forment l’essentiel de son livre, rangés par ordre alphabétique. Des pages en quelque sorte d’anthologie, qui renvoient à une époque disparue, où la lenteur de la poste, comparé à l’Internet d’aujourd’hui, permettait une élaboration plus romantique du désir et de la rencontre.

« Le feuilletoniste des petites annonces de Libération dans la rubrique « Chéri(e), je t’aime » du supplément Sandwich du samedi, c’était moi, proclame Hennebert avec un grand sourire ! J’y racontais ce que j’avais vécu grâce à l’annonce précédente et je signais (« A suivre… »), suivi de mon adresse : BP 14-Ixelles 4-1050 Ixelles. » Ces petites annonces étaient gratuites, le journal ne publiait que celles qui lui plaisaient. A l’époque, le plaisir d’écrire se mêlait à la nécessité de se frayer son chemin, minoritaire, dans la jungle de l’amour et du sexe. « Je prenais un râteau neuf fois sur dix. » Les petites annonces permettaient de réduire ce risque, mais la pratique était frappée de tabou.

Une vie à séduire relate donc la carrière d’un Don Juan infiniment respectueux des autres (il a retrouvé ses correspondants de trente ans et leur a demandé l’autorisation de les publier de façon anonyme), infidèle à son mari qu’il adore (« Nous nous le disons ») et partageant avec lui tous ses projets – dont ce livre. « Qui n’est pas un livre gay, précise l’auteur. Il ne traite pas de sexe, mais de séduction. »

L’intégralité de l’article et les extraits du livre dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

Draguer juste avec les mots
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Une vie à séduire, par Bernard Hennebert, éditions Aden, 272 p

Exposition des 40 photos de Didier Seynave illustrant les textes de Bernard Hennebert à la Quincaillerie des Temps Présents, à Ixelles, le 2 octobre.

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