Marie-Christine Marghem. © Belga

Doel 1 et 2 : accord pour la prolongation des réacteurs

Le gouvernement fédéral et le groupe ENGIE, la maison-mère d’Electrabel, ont conclu lundi soir un accord pour la prolongation des réacteurs de Doel 1 et 2, annonce le cabinet du Premier ministre. Le contenu de cette convention sera présenté mardi à 9h au cours d’une conférence de presse.

Le gouvernement et l’énergéticien se félicitent d’un accord visant à « assurer la sécurité d’approvisionnement énergétique de la Belgique ». Cette convention intervient à moins de deux heures de l’échéance qui était légalement fixée à mardi minuit. Décidée par le conseil des ministres en décembre 2014, la prolongation de Doel 1 et 2 jusque 2025 était conditionnée par la conclusion d’un accord avec Electrabel avant le 30 novembre. Faute d’entente à ce moment-là, le gouvernement aurait dû avancer la fermeture des deux centrales au 31 mars 2016.

Contactés par l’agence Belga, les cabinets du Premier ministre Charles Michel et de la ministre de l’Energie Marie-Christine Marghem, ainsi que le groupe ENGIE, confirmaient la signature de la convention, mais refusaient de donner plus de précisions sur celle-ci. Elle sera présentée mardi matin à l’occasion d’une conférence de presse. Les négociations portaient en principe sur une prolongation des deux réacteurs pour une durée de dix ans. Le montant de la rente nucléaire, une taxe dont ENGIE doit s’acquitter chaque année, constituait la principale pierre d’achoppement des discussions.

Le producteur d’énergie avait fait savoir qu’il n’investirait pas les quelque 600 millions d’euros nécessaires, au minimum, pour la prolongation des deux unités, si cette taxe n’était pas revue à la baisse. Electrabel avait ainsi dû débourser 478 millions d’euros en 2012 et 422 millions d’euro en 2013.

Le montant de la rente nucléaire avait été abaissé pour 2015 et 2016 à respectivement 200 et 150 millions d’euros, notamment en raison de la fermeture de longue durée des réacteurs de Doel 3 et Tihange 2, à la suite de la découverte de « micro-fissures », et de Doel 4, à l’arrêt durant plusieurs mois en 2014 après un sabotage. Il y a une dizaine de jours, la ministre Marghem avait déclaré à la Chambre que le redémarrage de Doel 3 et Tihange 2 constituait un « élément nouveau dans le paysage de la production d’électricité ».

Elle avait ajouté que celui-ci renforçait la position de l’exécutif dans son souci d’assurer la sécurité d’approvisionnement cet hiver, conformément à l’accord de gouvernement. La ministre avait toutefois précisé que le retour dans le circuit de Doel 3 et Tihange 2 ne pouvait pour autant être vu comme la résolution de l’éventuel problème d’approvisionnement. Elle avait souligné la nécessité de réétudier l’ensemble de la production électrique.

Les associations environnementales dénoncent « la gestion aberrante » du gouvernement

Greenpeace, Inter-Environnement Wallonie (IEW), Bond Beter Leefmilieu (BBL) et le WWF regrettent la décision du gouvernement fédéral de prolonger la durée de vie des réacteurs 1 et 2 de la centrale de Doel. « En agissant de la sorte le gouvernement décide de faire une croix sur nos investissements futurs dans les énergies renouvelables et les économies d’énergie », déplorent les associations environnementales dans un communiqué de presse diffusé mardi. Les quatre associations soulignent le mauvais signal que constitue cette annonce le jour même où s’ouvre la plus grande conférence internationale jamais organisée sur le climat à Paris.

Alors que les dirigeants du monde entier sont au chevet de la planète, la ministre de l’Environnement Marie-Christine Marghem « est restée en Belgique pour que puisse se conclure rapidement un deal avec le secteur nucléaire », constatent les quatre organisations. « Notre pays mérite sans aucun doute le ‘Prix Fossile’ que vient de lui décerner, en marge de la COP21, le Climate Action Network », ajoutent-elles. Greenpeace, IEW, BBL et WWF craignent par ailleurs que les énergies renouvelables soient sacrifiées sur l’autel de l’accord avec Electrabel.

« Il est fort probable que cette gestion aberrante conduise à l’arrêt forcé de nombreuses éoliennes du fait d’une production excédentaire », écrivent-elles alors que le redémarrage des réacteurs nucléaires de Doel 3 et Tihange 2 a, par ailleurs, été annoncé il y a une dizaine de jours. « Les organisations environnementales vont utiliser tous les moyens à leur disposition pour contrer cette décision. La prolongation de Doel 1 et 2 ne tient absolument pas la route d’un point de vue juridique », prévient Jan Vande Putte de Greenpeace. Les quatre organisations concluent en rappelant que les centrales nucléaires n’ont « pas constitué un modèle de fiabilité » au cours des dernières années, ce qui souligne le choix « insensé et irresponsable » du gouvernement.

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