Le ministre des Finances australien Mathias Cormann, la ministre des Affaires étrangères australienne Julie Bishop, Didier Reynders et l'ambassadeur de Belgique en Australie Jean-Luc Bodson © BELGA

Didier Reynders se penche sur le modèle multiculturel australien, fondé sur la citoyenneté

Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, a cherché à mieux comprendre le fonctionnement de la démarche multiculturelle en Australie, dont la citoyenneté est le pilier, lors de la seconde journée de sa mission dans l’île-continent.

Le programme était axé jeudi sur l’immigration et plus particulièrement sur l’intégration des réfugiés dans le pays. M. Reynders a rencontré le ministre chargé du multiculturalisme dans l’Etat de Nouvelle Galles du Sud, John Ajaka, et visité un centre d’accueil des réfugiés à Sydney.

« L’Etat australien est vraiment fondé sur une base multiculturelle avec énormément de minorités différentes, une différence forte avec les pays européens », a pu observer le ministre. « Faire vivre ensemble toutes ces communautés est chapeauté par la citoyenneté: on peut vivre sa religion, sa culture sa différence de manière tout à fait libre, à la condition de respecter la loi australienne », a-t-il expliqué à Belga.

Le ministre a complété la rencontre par une visite d’un centre de l’ONG Settlement Services International, qui accompagne les réfugiés dès leur arrivée sur l’île-continent, une fois acceptés par Canberra. Les programmes d’encadrement de 12 mois à 5 ans portent sur l’accès au logement et à la formation jusqu’à l’obtention de la citoyenneté.

« On pourrait comparer cela au programme d’ ‘inburgering’, axé sur l’apprentissage de la langue, qui existe depuis pas mal de temps en Flandre, et les programmes d’insertion obligatoires qu’on essaie de mettre en place avec plus de retard en Régions wallonne et bruxelloise », estime le ministre.

« Ici c’est automatique de dire qu’on doit apprendre la langue, essayer de s’intégrer sur le marché du travail, mais aussi accepter de participer à des programmes sur l’explication des valeurs qui fondent la citoyenneté australienne », a-t-il ajouté. « En bout de course, un engagement est pris d’accepter ces valeurs. C’est un débat qui est en cours aussi chez nous, (…) ici cela va de soi », a conclu le ministre.

L’échange d’informations, préoccupation partagée par la Belgique et l’Australie

Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders a abordé la thématique de l’échange d’informations en matière de renseignements avec le Premier ministre australien Malcolm Turnbull à Sydney mercredi. Tous deux se sont entretenus de manière informelle lors d’une réception dans le cadre de la visite ministérielle belge en Australie du 28 au 30 décembre.

« Ce qui m’a le plus frappé c’est l’intérêt très fort du Premier ministre australien pour l’échange d’informations en matière de services de renseignements », a rapporté à Belga le ministre des Affaires étrangères belge au lendemain de la rencontre. « Je crois que, malgré tout, les incidents graves qui ont été déjoués à Melbourne (à Noël, ndlr), jouent un rôle. On sent bien que le stade d’évènements que l’on considérait comme isolés et individuels est dépassé. »

La police australienne a annoncé la veille de Noël avoir déjoué un « complot terroriste » visant l’attaque simultanée de plusieurs lieux emblématiques de Melbourne le jour de la célébration religieuse. Fin 2012, deux personnes avaient perdu la vie lors d’une prise d’otage dans le café Lindt à Sydney, orchestré par un déséquilibré d’origine iranienne, au passé violent.

Confrontée à une organisation prête à passer à des actes plus violents, l’Australie aurait la volonté « d’aller plus loin désormais dans la démarche internationale dans l’échange d’informations », selon le ministre Reynders. Il rapporte le souhaite de M. Turnbull que les Européens se dotent d’un service de renseignements commun, une demande formulée depuis 2014 par la Belgique après l’attentat au Musée Juif, pointe le chef de la diplomatie belge.

L’échange d’informations est un thème sur lequel les Australiens « vont aussi plaider sur la scène internationale », pressent M. Reynders. La discussion a également porté sur la possibilité d’ouvrir des négociations entre l’Union européenne et l’Australie en vue d’un accord de libre-échange. Le sujet a fait l’objet d’une table ronde mercredi durant laquelle M. Reynders a reçu l’expertise d’entreprises belges installées dans le pays.

M. Reynders a noté dans le chef du Premier ministre conservateur le « même intérêt de discuter de la volonté d’avoir des accords de libre-échange ». M. Turnbull est tout à fait « engagé sur le sujet », selon le libéral belge. Le « message a été fortement reçu » qu’il faut développer beaucoup plus la discussions autour des petites et moyennes entreprises, indique-t-il encore.

« Sous des formes diverses, on partage des même objectifs, en matière d’environnement ou sur le plan social », ajoute M. Reynders. L’Australie est donc un pays « avec lequel on a des points communs très forts, ce que j’avais beaucoup dit déjà lors des débats sur l’accord de libre-échange avec le Canada » (CETA).

« L’Australie est un de ces pays avec lesquels si on n’arrive pas à se mettre d’accord, on se demande avec qui alors peut-on encore s’entendre dans le monde. »

(Belga)

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