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Di Rupo: « Mons 2015 ? Tout est sous contrôle. »

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

A Mons et alentours, de nombreux observateurs craignent que la capitale européenne de la culture 2015 ressemble à un vaste chantier l’année prochaine. D’où le thème de la « métamorphose » désormais chanté sur tous les tons par les organisateurs de Mons 2015. En effet, outre la gare attendue en 2018, les grands projets architecturaux mettant en valeur le patrimoine de la ville ne seront pas prêts avant avril prochain. Si tout va bien. Nous avons profité de la présentation du programme 2015 de ce 7 octobre au Lotto Mons Expo, pour demander à Elio Di Rupo ce qu’il pensait de ces nombreux retards de chantier. Imperturbable, le bourgmestre montois se dit très serein…

Le Vif/L’Express: Les Montois vont faire la fête dans une ville en chantier en 2015. Outre la gare et le nouvel office du tourisme, aucun projet phare valorisant le patrimoine – Beffroi, Minières de silex de Spiennes, musée du Doudou, musée de l’Histoire militaire… – ne sera prêt avant avril, dit-on désormais officiellement. N’est-ce pas gênant pour une année culturelle qui commence en janvier ?

Elio Di Rupo: Pas du tout. Etre capitale européenne de la Culture n’est pas un aboutissement, mais le début d’une nouvelle période qui, j’espère, durera plusieurs décennies. Et puis, Mons 2015 ne s’arrêtera pas le 31 décembre 2015. Les musées continueront à vivre bien après. Cela dit, certains projets ont pris du retard, c’est vrai. Mais il a fallu décrocher des subventions, lancer des marchés publics, composer avec les entrepreneurs qui ont parfois pris du retard. Toutes ces procédures sont longues.

Nous avons contacté plusieurs personnes impliquées dans ces chantiers. La plupart affirment qu’ils ne seront même pas terminés en avril. Vrai ?

Ecoutez, les informations que nous avons à la Ville est que les projets que vous citez seront bien prêts pour avril. Ceux qui travaillent sur les chantiers peuvent avoir une autre impression. Mais avril est le délai que nous avons pour le moment.

Ces retards importants sont-ils dus à une mauvaise gestion des dossiers?

Non, je crois que tous les projets ont démarré à temps. Mais les procédures sont longues et l’argent ne tombe pas du ciel. Il a fallu débloquer des budgets au niveau des différents pouvoirs subsidiant.

Pourtant, pour la scénographie des Minières, nous avons appris qu’il y a eu une erreur de procédure: l’avis de marché a été lancé pour la Belgique au lieu de l’être pour l’Europe, alors que le projet est financé par les fonds Feder de l’UE…

Je ne suis pas au courant. Je ne sais pas s’il y a eu là une erreur administrative. Il me semble, en effet, que tous les projets lancés le sont à l’échelle européenne.

Depuis septembre, vous êtes davantage présents à Mons. Vous reprenez les choses en mains?

Oui. Jusqu’ici, je me suis consacré pleinement à ma fonction de Premier ministre. Mais il y avait un bourgmestre faisant fonction (Ndlr: Nicolas martin) et surtout Anne-Sophie Charles (Ndlr: ex-cheffe de cabinet de Di Rupo à la Ville) et Yves Vasseur aux mannettes de la Fondation Mons 2015.

On me dit que vous avez plusieurs fois élevé la voix depuis septembre en voyant l’état d’avancement des travaux et préparatifs. Vous confirmez?

Oh, non, je n’ai pas élevé la voix. J’ai simplement voulu faire le tour de l’ensemble des projets pour me rendre compte de la situation. C’est bien normal. Je vais avoir davantage de temps maintenant puisque je redeviens bourgmestre effectif.

Etes-vous confiant pour la réussite de Mons 2015 ?

Je suis surtout heureux. Car, il y a dix ans, lorsque nous avions participé à Lille 2004, j’avais dit à Yves Vasseur : « pourquoi pas nous ? » Ce fut un travail très compliqué d’obtenir que notre candidature soit retenue. Et voilà que le rêve devient réalité. Maintenant que nous sommes à quelques semaines du démarrage, je sens qu’il y a une envie générale, au-delà de Mons et du Hainaut, d’adhérer à cet événement prometteur qui attire des talents, des créateurs et des investisseurs.

En mai dernier, l’échevin des Finances Georges-Louis Bouchez (MR) s’inquiétait dans Le Vif de voir les budgets des projets architecturaux exploser d’un peu partout. Pour une ville qui a déjà le couteau sur la gorge, n’est-ce pas préoccupant ?

Jusqu’à présent la participation budgétaire de la Ville est sous contrôle. D’ailleurs, nous avons préféré retarder certains projets de quelques semaines plutôt que de voir les budgets augmenter à cause de la précipitation. Nous sommes très attentifs à cela, je vous l’assure.

Pour les projets européens Feder, n’est-ce pas embêtant s’il y a dépassement des enveloppes?

Pour le moment, je ne connais pas de projets qui ait crevé les plafonds fixés. Tout cela est sous contrôle de l’administration montoise.

Ce n’est pas ce qu’avait l’air de dire Georges-Louis Bouchez…

De toutes façons, ces fonds européens ne sont pas gérés par l’échevin des Finances, mais directement au niveau du cabinet du bourgmestre par un conseiller spécialement affecté à ces dossiers.

Entre la Ville et la Fondation, les relations sont-elles bonnes ?

Il n’y a pas de difficultés. La Fondation est pluraliste. Tous les partis francophones démocratiques y sont représentés. Nos relations sont optimales.

Les statuts de la Fondation prévoient un changement de son conseil d’administration après toute élection régionale/communautaire enfonction des résultats. C’est ce qui en train de se passer pour l’instant. Changer les administrateurs à trois mois de 2015, n’est-ce pas aventureux?

La composition du conseil doit tenir compte de la représentativité démocratique des partis. Il y aura peu de changements. Et puis, cela peut être un enrichissement d’avoir de nouvelles têtes. Pour le reste, les services gestionnaires sous la direction d’Anne-Sophie Charles font du très bon boulot.

« En 2015, Mons sera la capitale du monde », a dit Yves Vasseur. Les premiers intéressés seront vos voisins français directs. Or, entre Maubeuge et Mons, aucune transport ferroviaire ne semble prévu…

On se bat pour cela! C’est vrai que la frontière ferroviaire est un problème entre Mons et Maubeuge et aussi Mons et Valencienne. Mais je ne désespère pas. Nous attendons un signal positif côté français pour que les trois villes soient reliées en 2015.

Et les autoroutes qui permettent d’accéder à Mons? Les travaux seront-ils terminés?

Ce n’est pas de ma responsabilité. Je ne sais pas quand ce sera terminé. Je suppose que ça ne va plus durer pendant des mois.

Finalement, n’avez-vous pas vu trop grand pour Mons capitale culturelle en 2015 ?

On ne voit jamais assez grand. Il faut avoir de l’ambition pour sa ville. Et il ne s’agit pas d’une ambition personnelle. C’est une aventure humaine collective, avec des équipes très compétentes tant à la Ville qu’à la Fondation.

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