Christine Laurent

Di Rupo Ier, saison 1

Christine Laurent Rédactrice en chef du Vif/L'Express

SON NîUD PAP ROUGE FLAMBOYANT, IL L’A (PROVISOIREment) rangé dans un tiroir. Au profit d’un n£ud gris, couleur passe-muraille ! Elio Di Rupo ne s’affiche plus comme le chef des « rouches ».

Par la magie d’un accord politique, le voilà métamorphosé en Premier ministre de tous les Belges. Tous ? A l’exception de son meilleur ennemi, Bart De Wever bien sûr. L’ex-président du PS ne se mêle plus désormais des peccadilles qui agitent le Sud. Lui, il regarde ailleurs, du côté du Nord, là où il a découvert « une Flandre généreuse, active, extrêmement friendly, extraordinaire », comme il l’a déclaré au Soir le week-end dernier.

Qui gère quoi, dès lors, en Wallonie ? Et qui commande au PS ? Certes, il y a eu cette saillie antieuropéenne surprenante du ministre Paul Magnette qui a quand même fait sortir de sa zénitude Di Rupo-Premier. Mais, depuis près d’une semaine, ça vire à la cacophonie en francophonie, et on ne l’entend plus. Les régionalistes liégeois, qui avaient été tenus en laisse par le Montois, relèvent la tête. Quel tintouin ! Au c£ur de la polémique, ce « brol » mal ficelé, la Fédération Wallonie-Bruxelles, un concept qui, on s’en souvient, avait beaucoup énervé les Flamands quand les négociations institutionnelles s’enlisaient dangereusement. C’est le ministre Jean-Claude Marcourt qui a allumé la mèche. Et tous les socialistes, tant wallons que bruxellois, de s’empoigner dans les médias.

Résumons : dans dix ans, la Wallonie ne bénéficiera plus des 7 milliards qui lui sont versés annuellement par la Flandre. Panique. Car il s’agira bien de compenser. Où trouver l’argent ? Nul doute qu’elle doit engager des mesures audacieuses pour relancer l’économie, créer de l’emploi, bref, se bâtir un avenir. Dans ce contexte, il y a peu à espérer de la très boiteuse Fédération Wallonie-Bruxelles, qu’un think tank de « valeureux Liégeois », quasi exclusivement socialistes, veut dégommer. De quoi irriter les camarades tenus à l’écart… comme le ministre-président de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rudy Demotte, qui ne décolère pas. Marcourt-Demotte, deux ego qui s’entrechoquent. Une affaire de leadership qui prend les Bruxellois en otage. Un débat stérile tant on sait bien qu’à terme une solidarité entre les deux Régions s’imposera. Sous quelle forme ? L’avenir le dira. Aujourd’hui, l’urgence pour la Wallonie, c’est plutôt de relever les défis ô combien stratégiques liés aux transferts de compétences prévus par la sixième réforme de l’Etat.

Reste qu’avec toutes ces chamailleries le PS affiche une identité institutionnelle bien flottante. Gênant pour un parti dominant. Vire-t-il isolationniste ? Se radicalise-t-il ? Les régionalistes l’ont-ils emporté sur les communautaristes ? Une tempête dans un verre d’eau, toute cette saga ?

Di Rupo Ier, saison 1, épisode 1 : les personnages familiers ont repris leurs rôles, les intrigues sont ficelées, place aux règlements de comptes et aux coups de théâtre. Le public suivra-t-il ? Pas sûr, tant les citoyens ont la tête ailleurs. Après plus de 500 jours de crise politique, ils sont davantage préoccupés, en effet, par les fins de mois difficiles et les nouvelles mesures budgétaires qui vont leur tomber sur le dos dès février prochain. Pour l’audimat, c’est râpé.

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