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Di Rupo à Sans chichis: pour Philippot, aucune règle n’a été enfreinte

Le Vif

Jean-Paul Philippot, l’administrateur délégué de la RTBF, a été entendu mardi par le Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA) à la suite de la diffusion de l’émission « Sans Chichis » à laquelle a participé le Premier ministre Elio Di Rupo le 9 janvier dernier. Il a estimé qu’aucune règle n’avait été enfreinte mais reconnaît qu’il y a eu une maladresse éditoriale et que l’émission en question aurait dû être diffusée avant le 1er janvier.

Le 14 janvier, le 1er vice-président du CSA Pierre Houtmans (MR) avait décidé de notifier des griefs à la RTBF sur base de l’article 162 du décret sur les services de médias audiovisuels et fait usage de la procédure d’urgence, qui n’avait dans le passé été activée qu’à une seule reprise, en mai 2009, pour la radio Al Manar.

Cette procédure permet au Conseil, lorsqu’il existe un risque de préjudice grave et difficilement réparable, de convoquer une personne s’il a connaissance d’un fait susceptible de constituer un manquement aux décrets organisant l’audiovisuel en Communauté française ou au contrat de gestion de la RTBF par exemple. Raison pour laquelle Jean-Paul Philippot, accompagné de Me Jacques Englebert pour représenter la RTBF, a été entendu mardi.

Cette audition a eu lieu à l’initiative du premier vice-président du CSA et non de son président Dominique Vosters (PS). « Les impératifs de l’apparence d’impartialité » l’ont amené « à se déporter dans cette affaire », avait précisé le Conseil. Le 10 janvier, au lendemain de l’émission, M. Vosters avait expliqué que, selon lui, aucune règle n’avait été violée puisque la période électorale n’avait pas encore commencé.

Devant le CSA, l’avocat de la RTBF s’est prononcé sur la forme et sur la procédure. Il a remis un mémoire juridique dans lequel il conteste la procédure d’urgence, estimant que l’interprétation du Conseil était erronée et rejetant les éléments constitutifs de cette procédure. Il justifie cette position par l’attitude du CSA qui a tardé à agir, connaissant l’existence de l’émission depuis le 18 décembre dernier. Me Englebert constate également des notes discordantes dans l’attitude et le discours du CSA, citant les deux avis opposés entre son président et son 1er vice-président, explique-t-on de bonne source à la RTBF.

S’exprimant sur le fond du dossier, Jean-Paul Philippot a lui estimé qu’aucune règle n’avait été enfreinte, notamment au regard de l’article 3 du règlement de la chaîne publique qui prévoit de respecter tous les courants philosophiques et idéologiques. Il a rappelé que « Sans Chichis » ne durait que 75 minutes, en comparaison avec les 25.000 heures de programmes du service public.

M. Philippot reconnaît en revanche qu’une « maladresse éditoriale » a été commise et que l’émission aurait dû être diffusée avant le 1er janvier. Une réflexion va être menée en interne sur la modélisation de la politique éditoriale en dehors des émissions d’information, notamment quant à la présence de personnalités politiques, assure-t-il.

La procédure du CSA prévoit maintenant que le 1er vice-président Pierre Houtmans délibère sur le dossier et qu’il soumette sa décision au Collège d’Autorisation et de Contrôle du Conseil (CAC), l’organe de régulation du CSA. On ignore sous quel délai le CAC prononcera une éventuelle sanction.

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