© Image Globe/Virginie Lefour

Dexia: une cinquantaine de recommandations approuvées

La commission spéciale de la Chambre sur le démantèlement de Dexia a approuvé vendredi soir, à l’issue de plus de 11 heures de discussions à huis clos, son rapport final sur le naufrage du groupe franco-belge.

« Le travail est accompli! « , s’est félicitée à l’issue d’une ultime séance de travail marathon la présidente de la commission, Marie-Christine Marghem.

Par 12 voix pour et 2 abstentions (le socialiste flamand Dirk Van der Maelen et le VB Bruno Valkeniers), les commissaires ont largement approuvé le rapport de près de 400 pages qui retrace l’historique du crash du groupe bancaire, et pointe les responsabilités.

En revanche, les recommandations politiques, au nombre d’une cinquantaine, ont, elles, été approuvées selon un clivage majorité-opposition, avec 8 voix pour et 5 contre (Ecolo-Groen et le VB). M. Van der Maelen, très critique durant les travaux de la commission, s’est finalement rallié à la majorité sur les recommandations politiques.

Le rapport, qui sera discuté en plénière mercredi avant un vote définitif attendu jeudi, préconise une série d’adaptations législatives pour éviter la répétition du naufrage de Dexia qui a coûté plusieurs milliards à l’Etat belge, et entraîné dans sa suite la faillite du Holding communal et de la coopération Arco. Il recommande notamment de renforcer le contrôle prudentiel du secteur bancaire, à la fois au niveau européen et belge, ainsi qu’une série de mesures législatives pour améliorer la gouvernance des banques.

Il suggère aussi de permettre au superviseur du secteur financier de pouvoir agir plus rapidement à l’avenir, mais aussi préalablement à toute décision importante, comme les hausses de capital notamment. « Le risque doit être recalibré », insiste le député Joseph Georges (cdH), membre de la commission, pour qui ce rapport est « un appel à une révolution culturelle » dans le secteur bancaire.

Quant aux responsabilités du crash, le rapport pointe principalement la période 2006-2008, lorsque le Belge Axel Miller et le Français Pierre Richard ont piloté le « développement débridé du groupe qui a conduit à un véritable Titanic financier », ajoute Joseph Georges. Même s’il pointe une série de problèmes, notamment dans le chef des actionnaires belges plus soucieux de leurs dividendes que de la politique menée par le groupe, le rapport ne remet pas fondamentalement en cause la politique menée à partir de 2008.

Il ne déplore pas par exemple l’absence de création d’une structure de défaisance dès 2008, comme certains l’avaient suggéré. « Cela aurait coûté 20 milliards d’euros. Il n’y avait pas l’argent! « , insiste Mme Marghem.

Sur les bancs de l’opposition, Georges Gilkinet s’est dit très déçu du résultat final, estimant que la majorité y est allée « au bazooka dans le renoncement » en matière de recommandations politiques. « On a assisté à une logique de majorité monolithique. Ils n’ont même pas fait semblant… », a-t-il déploré. Selon lui, la commission aurait pourtant pu aller beaucoup plus loin en matière de séparation des métiers bancaires, de la renégociation des garanties d’Etat accordées par l’Etat belge, ou encore en matière de réforme des structures du monde financier. « C’est malheureusement peu visionnaire, vraiment minimaliste », a-t-il conclu.

Le vote intervenu vendredi soir en commission ponctue près de cinq mois de travail des commissaires, période au cours de laquelle ils ont interrogé plusieurs hauts dirigeants -passés et actuels- de l’ancien groupe franco-belge, mais aussi des experts, et quelques responsables politiques, dont l’ancien ministre des Finances; Didier Reynders.

Convié à trois reprises par les commissaires à venir témoigner, l’ancien Premier ministre Yves Leterme, devenu secrétaire-général adjoint de l’OCDE fin décembre, avait lui préféré se dérober à l’invitation.

LeVif.be, avec Belga.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire