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Des progressistes prennent langue à l’initiative de Joëlle Milquet

Des représentants du parti socialiste, d’Ecolo, du cdH et de la société civile ont discouru samedi du progressisme et de l’opportunité de s’engager sur des combats communs loin de l’agenda politico-médiatique quotidien.

Organisé à l’initiative de l’ancienne présidente du cdH Joëlle Milquet, l’événement a mis au jour quelques enjeux transversaux prioritaires à faire émerger, tels que la lutte contre les inégalités, l’émancipation ou la réaffirmation du rôle de l’Etat.

Le débat était organisé en hommage à Philippe Maystadt, figure majeure de la démocratie-chrétienne, qui s’est éteint au début du mois de décembre. Il était d’ailleurs prévu que le ministre d’Etat rédige quelques mots d’introduction au colloque initialement prévu au mois de décembre et finalement reporté pour des raisons de contingence. Joëlle Milquet a d’ailleurs cité quelques mots prononcés par Philippe Maystadt selon lesquels il se serait volontiers mis au service de la restauration de la social-démocratie, objet du combat politique de Paul Magnette.

Même s’il s’est entendu dire que le progressisme ne devait pas, à l’instar des conservateurs, verser dans la tentation de la quête d’un homme-providentiel, l’ex-ministre-président du gouvernement wallon s’est aussi vu louer ses talents d’orateur. Revenant sur les origines et l’évolution du progressisme, celui qui fut également président du parti socialiste a retenu la lutte contre les inégalités comme un enjeu majeur de revitalisation, avec comme marqueur essentiel, la nécessité d’avancer avec la société civile.

La députée bruxelloise de DéFI Joëlle Maison s’est inscrite dans ses pas, y ajoutant une nécessaire remise en question et une capacité permanente de douter. Le mouvement doit évoluer vers l’universalisme; chaque citoyen doit pouvoir atteindre le degré d’émancipation que l’on souhaite pour lui ou qu’on a atteint soi-même, au nom de la cohésion sociale, a-t-elle dit. En termes d’enjeux démocratiques, Joëlle Maison a dit être actuellement moins enthousiasmée par sa fonction de parlementaire, hormis les avancées en groupes de travail inter-partis, que par sa fonction d’échevine (à Uccle), bien plus concrète.

Son collègue écologiste Christos Doulkeridis a dit partager cette culture du doute, la plus à même de vérifier en permanence les valeurs qui sous-tendent au progressisme, y compris à l’égard de la responsabilité écologique.

« Orphelin », malgré son âge après la disparition de Philippe Maystadt, « un ami de 50 ans », l’ancien ministre des Finances Jean-Jacques Viseur a appelé à une remédiation passant par la restauration d’un « rôle majeur » pour l’Etat. Paul Magnette a appuyé cet appel, tout en mettant en garde contre ceux qui, y compris dans son propre courant de pensée, rêvent en « fétichistes de l’Etat », potentiellement oppresseurs de l’émancipation.

La secrétaire générale de la CSC Marie-Hélène Ska et le président du Mouvement ouvrier chrétien (MOC) Christian Kunsch ont également placé l’émancipation au coeur des combats progressistes. A l’exception de Christos Doulkeridis qui a ironisé sur la difficulté de se déclarer « de gauche » chez Ecolo, le président du MOC a été le seul dans le panel à évoquer une telle alternative sémantique, hormis le politologue de l’ULB Pascal Delwit. Invitant à la cohérence, ce dernier a exprimé sa méfiance à l’égard de l’opposition progressiste-conservateur, Thatcher ayant démontré la capacité réformatrice d’une droite qui ne peut être taxée d’immobilisme. La présidente de Vie Féminine a dit, elle, avoir des difficultés à se retrouver dans des dialectiques progressisme-conservatisme ou gauche-droite.

Enfin, le secrétaire général du CNCD Arnaud Zacharie a vu le salut des progressistes dans une reconciliation du progrès social, tenant compte des défis environnementaux, avec une société ouverte tournée vers la coopération et l’international. Il a souligné l’urgence d’un dépassement des clivages, une opinion mise en doute par Pascal Delwit au motif qu’ils sont inhérents à la société.

Interrogée en marge de la discussion, Joëlle Milquet a, au contraire, appuyé cette nécessité de dépasser les clivages. « Il faut faire de la lutte contre les inégalités, du droit des femmes, de la dignité humaine, de la question des migrants des enjeux de réflexion urgente, loin des agendas politico-médiatiques chauds, et à l’encontre des politiques libérales conservatrices », a-t-elle dit. Mise à l’écart de ses fonctions exécutives dans l’attente de la conclusion de son affaire judiciaire, Mme Milquet dit n’avoir aucune ambition politique liée à une stratégie électorale. « Chacun reste aujourd’hui dans son parti. Ce qu’il faut, c’est créer des rencontres sur des sujets-clés. Un exemple: le parc Maximilien, les visites domiciliaires, le délit de solidarité, tout cela mérite des alliances informelles », estime-t-elle.

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